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Négociations sur le climat: Durban, un champ de bataille décisif

Kwesi W. Obeng

11 / 2011

Les préparatifs du dernier somment de la Convention des Nations Unies sur les Changements Climatiques en 2011 ont été tendues et conflictuels alors même que de nombreux pays subissent les effets négatifs des changements climatiques. Durban ne changera peut-être as le monde écrit Kwesi W.Oben.

La conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques, qui vient juste de s’achever à Panama, a de la peine à résoudre les dossiers les plus délicats, paralysant les négociations sur la conclusion d’un un accord global prévu en fin d’année à Durban, en Afrique du Sud pour sauver la planète du réchauffement climatique.

L’avenir du Protocole de Kyoto, l’architecture de tout accord futur, le financement à long-terme et les sources de financement, particulièrement pour le Fonds vert pour le climat, sont les aspects les plus conflictuels encore inachevés.

Durban (Afrique du Sud) sera un champ de bataille essentiel pour sortir de l’impasse au sein de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en 2011. Les négociations ont progressé sur quelques dossiers, notamment l’adaptation, l’agriculture, les technologies, la réduction des émissions causées par la  déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) et les mesures d’atténuation adaptées au niveau national (MAAN, NAMAs).

La conférence de Panama a aussi abouti à un accord sur un texte de négociations et des plans de versement concernant les 30 milliards de dollars US de financement de démarrage. D’après la société civile africaine et les gouvernements des pays en développement, le financement du démarrage promis s’est révélé n’être ni nouveau ni additionnel mais principalement un remodelage de l’aide publique au développement.

En 2010, lors du sommet de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) de Cancùn, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars US chaque année d’ici 2020 et 30 milliards de dollars US d’ici 2012 pour permettre aux pays pauvres de s’adapter aux impacts du changement climatique et progresser vers des économies avec un niveau de carbone bas.

La CCNUCC et le Protocole de Kyoto constituent le cadre juridique mondial fondamental sur le changement climatique. La première période de réduction d’émissions fixée en 1997 arrive à expiration à la fin de 2012. Un nouveau cycle de réduction d’émissions doit être établi à Durban afin d’éviter des écarts entre la première et la deuxième période d’engagement pour rester sous les seuils de basculement du climat.

Le Canada, le Japon et la Russie, signataires du Protocole de Kyoto, sont déterminés à ne pas s’engager pour une deuxième période de réduction d’émissions dans le cadre du Protocole, à moins que toutes les grandes économies – dont la Chine et les Etats-Unis – ne se soumettent au même cadre juridique. Les Etats-Unis ne sont pas signataires du Protocole. Le Protocole de Kyoto, adopté en 1997, a mis en place des objectifs juridiquement contraignants pour que les pays développés réduisent leurs émissions de dioxyde de carbone liées au réchauffement de la terre.

L’Union Européenne (UE) renouvellera son engagement au Protocole mais seulement si ce dernier est attaché à un arrangement explicitant clairement quand et comment les promesses des pays seront incorporées à un accord international juridiquement contraignant.

Mais beaucoup d’autres groupes, dont le Groupe africain et le Groupe des 77 et de la Chine, qui comprennent 132 membres, sont opposés à toute tentative de retrait progressif du Protocole de Kyoto.

Le président du Groupe des 77 et de la Chine et ambassadeur d’Argentine, Jorge Argüello a déclaré que “le Protocole de Kyoto est incontournable au régime sur les changements climatiques, et que rien ne sera accompli s’il n’est pas prolongé à Durban,  ajoutant qu’une deuxième période d’engagement est d’une importance primordiale pour le groupe.

« Même si beaucoup de pays riches aiment à répéter que discuter des scénarios auxquels ils sont opposés n’est pas “réaliste” ou “pratique”, ils doivent reconnaître qu’il est vain d’insister sur une solution hors du Protocole de Kyoto quand 132 parties ont fortement affirmé qu’elles accepteront une seconde période d’engagement si elle présente des résultats significatifs,“ a déclaré Argüello.

Avec la division du front de Parties, la recherche d’alternatives au Protocole s’est intensifiée à Panama. Une proposition de l‘UE comprend deux traités parallèles dont un prolongeant le Protocole pour ceux déjà couverts par cet accord.

La deuxième proposition vise à imposer des objectifs contraignants en matière d’émissions pour les pays qui ne sont actuellement pas soumis à des engagements de réduction d émissions juridiquement contraignants, tels que les États-Unis et les puissances économiques émergentes, particulièrement la Chine, l’Inde et le Brésil.

Des propositions pour un traité temporaire prolongeant le Protocole jusqu’à 2015 afin de sauvegarder les fondements et mécanismes juridiques et permettre l‘aboutissement des négociations sur un accord complet après Durban semble avoir gagné un peu de terrain à Panama.

Les pays riches poussent vers un nouvel accord pour remplacer le Protocole de Kyoto ou en sortir progressivement. Ces pays, particulièrement les États-Unis, le plus large émetteur historique de substances  contribuant au réchauffement planétaire, le Canada, le Japon et la Russie insistent sur un accord juridique qui contraint toutes les “grandes économies” de façon symétrique et dans lequel ‘les engagements des Parties seraient inconditionnels et indépendants de l’octroi de financement. »

Alors que cette position peut sembler raisonnable parce que les mesures d’atténuation des pays en voie de développement ne font pas partie du Protocole de Kyoto, elle sape le principe de “responsabilité commune mais différenciée” inscrit dans le traité de la CCNUCC lui-même reconnaissant la contribution historique disproportionnelle des pays développés au changement climatique. Cette proposition invite ces pays à subir une plus grande part du coût nécessaire pour empêcher la terre de se réchauffer de façon incontrôlée.

Mais dans sa forme actuelle, le nouvel accord proposé – avec son régime d’atténuation faible, basé sur un mécanisme de « promesses vérifiables », (« pledge and review ») et son approche de « faites comme bon vous semble” – transfèrera l’énorme fardeau du changement climatique aux pays en voie de développement qui ont le moins contribué au phénomène et qui souffriront aussi des pires conséquences du changement climatique dans les prochaines décennies.

Les organisations de la société civile africaines et le mouvement mondial pour la justice climatique considèrent les actions des pays développés tant intéressées que dangereuses pour l’humanité.

Le Réseau tiers-monde (Third World Network, TWN) a mentionné lors d’une session lors des discussions au Panama que les Parties du Protocole de Kyoto refusant de se soumettre à une deuxième période d’engagement de réduction d’émissions ne respectaient pas leurs obligations internationales, ni le mandat des négociations de la CCNUCC au sein du Groupe de travail ad hoc des nouveaux engagements des Parties visées à l’annexe I (pays développés) au titre du Protocole de Kyoto (AWG-KP).

« Le Protocole de Kyoto est la seule option que nous avons et Durban est la dernière opportunité d’assurer des engagements de réduction d’émissions contraignants au niveau international, accompagnés de règles internationales conformes, pour ne pas tomber dans la désuétude ou qu’ils ne disparaissent complètement,» a déclaré TWN. TWN est membre du mouvement mondial Climate Justice Now.

Selon TWN, ce nouveau traité, par lequel les pays développés veulent remplacer le Protocole de Kyoto, “inscrira dans le droit international un système de promesses vérifiables faible qui ne sera plus fondé sur des engagements internationaux, ni encadré par la règle du droit international, et ni basé sur la considération de ce que la science reconnaît comme nécessaire.

De façon inquiétante, un tel système entrainera une augmentation de la température allant jusqu’ à 5 degrés Celsius et dans les régions telles que l’Afrique, “cela pourrait signifier un réchauffement de 7 ou 8 degrés Celsius,” a déclaré TWN. En conséquence, la société civile a appelé la communauté internationale au sens large à agir rapidement pour résoudre le problème.

Les pays de l’Annexe I (pays développés), selon TWN, sont plus déterminés à « assurer la pérennité et le développement des mécanismes de marché, même en l’absence d’une deuxième période d’engagement, ce qui leur permettrait d’en tirer les bénéfices sans engagements parallèles.

Ces mécanismes de marché permettront essentiellement aux pays visés à l’annexe I de déplacer le fardeau du changement climatique vers les pays en voie développement. Par exemple, plutôt que de réduire leur niveau d’émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, les pays développés chercheront à contenir le développement des parties les moins avancées du monde, telles que l’Afrique, en y achetant des forêts.

Les données du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC), l’institut environnemental suédois et les comptes rendus de la CCNUCC indiquent que les pays en développement mènent beaucoup plus d’actions que les pays développés pour limiter les changements climatiques.

Mais Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la CCNUCC, était optimiste concernant un accord à Durban quand elle s’adressa au groupe de pression Climate Markets and Investors Association à Londres quelques jours après les discussions de Panama. Figueres déclara que les négociateurs à Durban pourraient prolonger le Protocole de Kyoto sans le Canada, le Japon et la Russie.

Bien que Figueres soit optimiste concernant les négociations de Décembre, les positions bien établies des participants aux négociations présagent que Durban ne sauvera pas la planète.

Key words

geopolitics, climate change, Kyoto protocol, international negotiation

file

Coverage of COP17- Climate Change and popular struggles

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L’article a été traduit par Sandra Pointel.

Il est disponible en anglais Climate change negotiations: Durban, a critical battleground

Notes

This special issue is jointly produced by Pambazuka News and African Agenda, a publication of Third World Network-Africa.

Kwesi W. Obeng est éditeur assistant pour la revue Africa Agenda du TWN

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