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dialogues, proposals, stories for global citizenship

A l’ORDIK, quels outils de communication utiliser pour favoriser la protection de l’environnement ?

Anne FONTENEAU

11 / 1994

Mettre en oeuvre des mesures visant à protéger l’environnement suppose qu’une prise de conscience des dangers d’un terroir dégradé s’est opérée. Cela implique donc que des opérations d’information et de sensibilisation aient été organisées au préalable. L’ORDIK (Organisation Rurale pour le Développement Intégré de la Kolimbine)qui regroupe dans la région de Kayes, au Mali, neuf villages s’est lancée dans cette démarche. L’organe de décision de l’association, le comité composé de trente-six personnes soit quatre représentants par localité, travaille par commissions thématiques, également ouvertes à des personnes ressources des villages. Ainsi, la commission Environnement et gestion de terroirs, la plus importante en effectif rassemble d’emblée les chefs de village, véritables détenteurs du pouvoir et donc indispensables à toute activité nécessitant prise de décision et application locale. La commission intervient lorsque les problèmes dépassent la portée du village mais pour une difficulté de moindre envergure, un comité environnement plus restreint et des personnes sont désignées pour surveiller la brousse. Enfin l’ORDIK est également dotée d’une équipe technique comprenant des spécialistes de l’environnement qui animent la réflexion de la commission. Harouna Samassa, responsable de ce dossier déclare : "Il faut d’abord que les membres du comité ORDIK se sentent concernés et qu’ils comprennent la gravité du problème puisqu’il leur appartient de faire des restitutions au niveau des villages." Pour diffuser au mieux l’information, Harouna et ses collègues ont recours à plusieurs outils. En 1993, deux étudiantes françaises en géographie ont réalisé, avec les habitants, la cartographie de deux terroirs. Il s’agissait, à partir des connaissances locales (cours d’eau, bas fonds, zones boisées...)de porter ces éléments sur papier donc de les visualiser pour envisager ensemble comment améliorer leur exploitation. La démarche devrait être reproduite dans les autres villages. Lors des réunions, les techniciens utilisent des schémas qu’ils dessinent eux-mêmes sur un tableau de papier. Ils projettent parfois des films video réalisés dans la zone sur les techniques de lutte anti-érosive : construction de digues et de diguettes en pierres, plantation de végétaux... Enfin, la méthode GRAAP (Groupe de Recherches et d’Appui à l’Autopromotion Paysanne), outil d’animation à base de figurines que l’on dispose, suivant les suggestions et la réflexion des auditeurs sur un tableau de feutrine, va être utilisée prochainement. Ainsi informés, les membres de la commission Environnement répercutent les messages dans leur village respectif où le comité villageois d’environnement prend des mesures concrètes. Celles-ci concernent par exemple l’établissement d’amende contre le déboisement hors des lieux autorisés ou la délimitation du terroir en zones pour la culture et d’autres pour le pâturage des animaux. Chaque comité villageois est maître de ses décisions et il n’y a pas de travail systématique de diffusion des mesures adoptées hors du village concerné mais l’échange informel et la concertation sont pratiqués. Enfin, dans son action en faveur de l’environnement, l’ORDIK s’est préoccupée de communiquer sa réflexion et de s’enrichir de celle des autres en organisant deux réunions. La première a permis aux agents des Eaux et Forêts, service national, de faire connaître aux villageois leurs droits et la législation en matière de coupe de bois, de divagation des animaux, de feux de brousse. La seconde s’est voulue un cadre de concertation et de dialogue réunissant agriculteurs soninke et éleveurs peuhl pour parvenir à une utilisation rationnelle des ressources pastorales, cultures et libre passage des troupeaux étant à l’origine de nombreux conflits.

Key words

rural planning, farming community, communication, community development, diagnosis method, community organization, environmental protection, collective reflection, technician and farmer


, Mali

Comments

La protection de l’environnement est largement prise en compte à l’ORDIK et des outils de communication et d’information sont mis en oeuvre pour assurer une implication de tous. Cependant, ce problème n’est pas aisé à traiter car chacun, pasteur, villageois à la recherche de bois de chauffe, agriculteur voulant défricher, a tendance, pour des raisons économiques, à privilégier l’immédiat plutôt que le long terme. Ainsi, l’ORDIK attend toujours les propositions promises par les pasteurs peulh à l’issue de la première rencontre de réflexion en commun.

Source

Interview

FONTENEAU, Anne; SAMASSA, Harouna

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