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dialogues, proposals, stories for global citizenship

A Taïwan, la difficile démocratisation des ondes

Louise BOIVIN

03 / 1995

Le 30 juillet dernier, les forces policières de Taïwan effectuaient une descente dans les locaux de 14 radios pirates établies à Taïpei et confisquaient par la même occasion leur équipement, afin d’empêcher la diffusion d’émissions considérées favorables à l’opposition.

Le lendemain, une manifestation regroupant plus de 500 personnes à l’extérieur du Bureau gouvernemental de l’information virait rapidement à la confrontation avec la police anti-émeute. Les manifestants avaient répondu à l’appel lancé par La Voix du Peuple, une radio pirate qui avait pu réinitier ses émissions grâce à de l’équipement de rechange. Selon Chang Chin-Che, opérateur de la radio, la liberté d’expression est au coeur de ce mouvement de protestation.

En effet, les autorités taïwanaises maintiennent toujours une main de fer sur les communications et ce depuis 1947, alors que le parti au pouvoir, le KMT, imposait la loi martielle sur l’île. Depuis, la presse écrite, la radio et la télévision sont demeurées sous le contrôle étroit des autorités.

Depuis 1986, toutefois, des tentatives de démocratisation des communications ont commencé à se manifester. En 1994, on comptait 14 radios clandestines. Inspirées par le besoin de permettre aux citoyens d’exprimer leur opinion sur les questions sociales et politiques cruciales, ces radios ont rapidement instauré des lignes ouvertes. Selon Winter Chiang, reporter pour le Taiwan Report, «les dialogues rendus possibles par les lignes ouvertes ont suscité la participation populaire et permis l’expression d’opinions qui avait été systématiquement réduites au silence par les stations de radio tolérées par l’État. Qui plus est, la radio clandestine est devenue un moyen de mobilisation et un point de conflit qui a eu pour effet d’accroître la conscience des gens sur les liens étroits entre la démocratie et la liberté d’expression».

Pour le gouvernement toutefois, les lignes ouvertes permettent aux auditeurs d’accuser les autorités de corruption sans preuve et de façon anonyme.

En 1993, le gouvernement taiwanais acceptait finalement d’assouplir la réglementation en matière de radiodiffusion, en émettant des permis à quelques radios commerciales. Les exigences en matière d’équipement et de capitaux étaient toutefois beaucoup trop élevées pour que les radios populaires puissent obtenir un permis, une mesure calculée, selon les observateurs.

Le 13 septembre dernier, soit quelques semaines seulement après les actions répressives de la police à l’égard des radios pirates, le directeur de la radio «La Voix de Taiwan» était arrêté. Hsu Jung-chi s’apprêtait alors à prononcer une conférence de presse pour dénoncer une décision de la Cour l’empêchant de quitter le pays en raison d’accusations déposées contre lui pour avoir «incité ses auditeurs à la protestation et à l’utilisation de la violence.» Il est présentement détenu au Centre de détention de Taipei et pourrait se voir forcé de purger une peine d’emprisonnement de deux ans.

Key words

community radio, media, censorship, freedom of speech


, Taiwan

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Gouverner les villes avec leurs habitants

Source

Articles and files

AMARC=ASSOCIATION MONDIALE DES RADIODIFFUSEURS COMMUNAUTAIRES, AMARC in. INTERADIO, 1994/12 (CANADA), Vol.6 No3

AMARC (Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires) - Sécrétariat international : 705 rue Bourget, bureau 100, Montréal, Québec, CANADA, H4C 2M6 - Tél : + 1-514 982-0351 - Fax : + 1-514 849-7129 - Canada - www.amarc.org - secretariat (@) si.amarc.org

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