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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Nous pouvons jouer un rôle de trait-d’union

Quelques réflexions tirées de l’expérience de l’association Enfants réfugiés du Monde

Claire MOUCHARAFIEH

03 / 1994

L’Association "Enfants Réfugiés du Monde" (ERM)intervient généralement dans des situations marquées par la guerre, par l’exil et le déplacement interne, et donc par la violence, directement ou indirectement vécue par les enfants et leurs familles, que se soit en période de conflit ou d’après-guerre. A partir d’expériences difficiles, ERM a beaucoup réfléchi sur la notion d’éducation à la paix. Pour beaucoup d’enfants, le mot paix ne signifie rien. C’est une notion abstraite qui ne renvoie à aucun vécu. Par exemple un enfant libanais, bien souvent, ne connaît pas le mot "paix". Les dessins des enfants en sont une démonstration éclatante, puisque spontanément la seule chose qu’ils savent dessiner est la guerre.

Avant de mettre en oeuvre un projet, il faut identifier les partenaires, à un moment donné et dans une situation politique précise. Dans des contextes de déchirure, de guerre ou de fin de guerre, il y a la possibilité d’intervenir, en tant que tiers, en tant que partie extérieure au conflit, non impliquée dans la lutte et les rivalités locales. C’est le cas en Ex-Yougoslavie, dans la région de Zagreb, dans des camps de réfugiés où se trouvent des Bosniaques et des Croates. Ici, les ressources en personnels, en qualification, en capacités sont quasi identiques à celles de la France. Ce qui n’existe plus c’est le ressort qui permet de réagir et de passer outre au conflit et aux exactions. En termes de méthode de travail, on intervient pour que les enfants des deux communautés puissent se côtoyer, que les associations de chaque bord puissent se parler. L’objectif est de créer des liens qui n’existent pas ailleurs. Lorsque les ponts sont coupés, une personne étrangère au conflit est souvent mieux placéepour servir d’intermédiaire. C’était également le cas au Liban. L’aspect trait-d’union est extrêmement important, et les ONG du Nord ont ici un rôle particulier à jouer.

ERM essaie aussi de travailler avec l’ensemble des acteurs de terrain. C’est ce qui se passe dans la Bande de Gaza. Si l’on prend l’exemple de ce territoire palestinien occupé, plusieurs possibilités s’offraient : soit choisir de travailler avec le comité de femmesle plus connu, soit travailler avec l’ensemble des comités qui représentaient toutes les factions politiques en présence (Fath, FPLP, FDLP, ex PC et FLP). Le choix collectif qui a été fait, après l’accord des cinq partenaires, nous semblait fondamental dans le cadre d’une problématique de paix interne inter-palestinienne. Une faction politique a été écartée, celle du mouvement islamique du Hamas qui refusait toute relation ou collaboration. Au départ, la volonté de n’exclure personne a soulevé beaucoup de scepticisme de la part de la population locale qui était persuadée que cela ne pouvait pas marcher. Enfin, une démarche est tentée, qui consiste à créer les conditions d’un dialogue palestino-israélien : organisation de rencontres entre habitants des camps palestiniens et Israéliens vivant dans des kibboutz situés en bordure de la bande de Gaza. Ce travail a démarré depuis peu, sous l’impulsion d’ailleurs de Palestiniens. L’expérience n’est pas simple à mener dans la mesure où deux des cinq comités de femmes sont hostiles aux accords israélo-palestiniens d’Oslo et en règle générale au processus de paix. Les rencontres ont été précédées de toute une série de discussions pour savoir si une telle démarche pouvait être tentée. Cette initiative, qui reste de l’ordre de l’utopie, ne pourra donner des fruits que dans un avenir lointain. Il s’agit de façon très modeste de préparer des jalons pour l’avenir.

Dans l’immédiat, la portée de ce type de discussions et de rencontres reste faible, car les échanges sont très inégaux. L’idée de départ était d’organiser des échanges d’enfants entre réfugiés palestiniens et citoyens israéliens. Or dans la pratique, les obstacles sont nombreux et il reste un long chemin à parcourir...

Key words

war, refugee, child, peace education, dialogue, national reconciliation


, Yugoslavia, Palestine, Bande de Gaza

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Construire la paix : éléments de réflexion à partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales

Notes

Contact : ERM. 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil Cedex, FRANCE - Tel. 00 33 (1) 48 59 60 29 - www.enfantsrefugiesdumonde.org - erm@erm.asso.fr

Source

Interview

Mireille Szatan est présidente de l’association Enfants Réfugiés du Monde

CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) - 4 rue Jean Lantier, 75001 Paris, FRANCE - Tel 44 82 80 00 - Fax 01 44 82 81 43 - France - www.ccfd.asso.fr - webmaster (@) ccfd.asso.fr

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