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Lorsque la logique de l’expert ne prend pas en compte les données locales

Témoignage sur les stratégies inadaptées de relogement d’urgence suite au séisme du Guatemala en 1976

Tom ROBERTS

05 / 1993

GUATEMALA 1976 : Le pays venait de subir un séisme de forte intensité. On dénombra environ 27000 morts, 77000 blessés et 1.6 million de sans-abri.

C’est autour de l’habitat que la communauté internationale s’est mobilisée dans les semaines qui ont suivi la catastrophe.

Peu de temps après le désastre, des camions mexicains ont débarqué, chargés de maisons préfabriquées. En quelques jours, un véritable village de deux ou trois cents maisons fut érigé.

...Le lotissement ainsi construit resta vide... désespérément vide.

Parmi les autres expériences qui ont été tentées, bon nombre le furent par des églises ou des groupes religieux (parfois après conversion des bénéficiaires). Dans un village proche (Pahuit), il a été constaté que les constructions réalisées servaient essentiellement comme lieux de stockage pour les biens des habitants.

Si l’expert, dans sa logique, pose la priorité sur l’habitat lui-même, l’indien ou le "ladino"(métis)ne pose pas cette priorité : c’est plutôt son appartenance à la terre qui prime (il préfère rester sur l’emplacement de sa maison en ruines plutôt que de se retrouver dans un camp). Nous découvrons ainsi un décalage de logiques entre intervenants et populations.

Une histoire tout à fait similaire nous a été contée par Abdur Rahman de l’organisation "Bangladesh Voluntary Workcamps Association". Lors des inondations catastrophiques de 1988, des camps de réfugiés étaient vides tandis que les familles restaient perchées sur leurs toits. Quelques semaines après le désastre, les volontaires de l’organisation ont découvert des abris de fortune construits sur les maisons encore submergées par les eaux.

Les exemples du Guatemala et du Bangladesh ne sont pas des cas isolés. L’UNDRO (United Nations Disaster Relief Organisation)cite de nombreux cas similaires rencontrés suite à des catastrophes naturelles. Les raisons de ces échecs sont nombreuses. S’il existe une surestimation des besoins locaux, il apparaît que bien souvent, la priorité porte plutôt sur les "relations entretenues par rapport à l’occupation des terres, la sécurité, la proximité des emplois et l’accès aux services et aux biens."

Concernant la confrontation des logiques : "L’étude du succès de ces abris a démontré que leur usage en tant qu’abris d’urgence ou d’habitation temporaire est extrêmement limité, leur performance est pauvre et leur coût élevé. La raison à cela (...)est que les critères de conception tendent à être orientés vers le contexte du donateur, plutôt que celui du bénéficiaire. (...)Pendant que le donateur désire plutôt une unité standard qui peut facilement être transportée par avion et installée dans les moindres délais, le bénéficiaire voudra une unité qui serait adaptable socialement, culturellement et climatiquement, facile à entretenir et adaptable à d’autres usages liés au contexte."

Key words

natural disaster, housing construction, failure, habitat, development history, cultural interdependence, prospecting


, , Guatemala, Bangladesh

Comments

Bien sur -et heureusement- de tels exemples ne sont pas représentatifs de l’ensemble des opérations d’urgence ou de développement. Mais il est certain que ce genre de situation se présente d’avantage lors d’opérations d’urgence, car le caractère "urgent" pousse les intervenants plus vers l’action et moins vers l’analyse, la "réflexion à froid".

Source

Grey literature

AUI=Action d'Urgence Internationale; UNDRO, ONU, 1982 (ETATS UNIS)

AUI (Action d’Urgence Internationale) - Terrasses Montcalm, 1401 rue Fontcouverte, 34070 Montpelllier, FRANCE - Tél 33 (0) 4 67 27 06 09 - fax 33 (0)4 67 27 03 59 - France - www.aui-ong.org - info (@) aui-ong.org

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