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La situation post-collectiviste en Albanie dans l’agriculture

Dimitri GOUSSIOS

10 / 1994

La forme et l’évolution des transformations en cours dans les pays de l’Est montrent des diversités liées à l’histoire, aux structures de production, et aux choix des réformes et de leur application dans ces différents pays. Il n’est pas envisageable d’étudier globalement le processus de transition vers l’économie de marché, sans examiner ce qui se passe au niveau local. Ces initiatives locales, évoluent en fonction des contraintes propres, en relation avec les dynamiques existant dans les Balkans.

I. Exemple de la région de Korca en Albanie du sud-est

L’étude porte sur les étapes de décollectivisation et sur l’évolution vers l’économie de marché de la communauté du village de Pendavinj, un des 8 villages de l’ex-ferme d’Etat de Pliasa (3100 ha, 500 familles, dont 200 sur le village), dans la région de Korca. Lors de la décollectivisation des terres (100% des terres agricoles), la répartition a porté sur les terres qui n’appartenait pas au domaine public - toutes les terres sauf les terres marécageuses drainées et les terres défrichées qui seront louées par bail aux habitants. La distribution s’est faite aux habitants des villages à condition d’habiter et d’y travailler, à raison de 0.3 à 0.5 ha par tête (y compris nourrissons et vieillards)pour les paysans travaillant à la ferme d’état, et de 0.1 ha pour les habitants ne travaillant pas à la coopérative. Les troupeaux ont été restitués aux paysans pour un prix modeste. Ainsi chaque habitant a reçu en moyenne 1.2 à 1.5 ha, et 1 ou 2 vaches et quelques brebis et chèvres.

Les terres reçues étaient inaliénables, jusqu’à ce qu’en 1994 soient prises les mesures permettant la création d’un marché de la terre. Les stations de machines et de tracteurs ont été transformées en entreprises de travaux agricoles. Parallèlement, les entreprises d’Etat en amont et en aval de l’agriculture ont été privatisées, bien qu’à un rythme plus lent. L’étude d’un cas local permet de faire le point sur l’application des lois agraires, de la formation, les premiers pas des exploitations agricoles et l’encadrement de l’agriculture.

L’effort pour une répartition foncière égalitaire : trois principes ont commandé la répartition des terres.

1/ Répartition des terres par villages, en fonction du nombre d’habitants, de la qualité des terres, et de l’histoire propre des villages pour délimiter leur territoire.

2/ Répartition des terres en 3 catégories en fonction de la qualité des sols, plus une 4ème pour les vergers.

3/ Distribution des terres par tête, en regroupant les terres par famille, voire par famille élargie, pour dépasser autant que possible l’handicap des micro-structures.

Procédures de distribution :

  • le service de la préfecture envoie à la capitale une liste comprenant le groupement de famille par Fis (chef de famille)et une liste comprenant les terres à répartir (surface, qualité)avec une carte,

  • après tirage au sort à Tirana, on a une toute première distribution par Fis selon la catégorie des terres,

  • c’est au village que sont ensuite réparties les terres par famille, à l’intérieur de la surface qu’a reçu le Fis et selon les catégories de sol, par tirage au sort. Lorsque la surface octroyée ne coïncide pas avec les limites de la parcelle, la famille reçoit le reste dû sur la parcelle suivante.

Une première enquête a eu lieu en 1993 pour faire un état des lieux du processus de privatisation en court, et pour enregistrer les exploitations naissantes. En 1994, lors d’une 2ème enquête, on a pu constater :

  • au niveau du village, le rôle de l’émigration dans le développement des exploitations familiales, l’organisation collective formelle ou non qui se créé, l’encadrement de l’agriculture par l’état et les partenaires privés;

  • au niveau de l’exploitation, la mise en place de systèmes de production qui tentent de s’intégrer au marché (problème d’approvisionnement et de distribution de la production)et l’existence de projet des familles agricoles pour s’adapter au nouveau système socio-économique.

Conclusion : l’Albanie est le seul pays qui a procédé à la mise en place de petites structures agricoles familiales par sa réforme agraire. Ce choix est favorisé par le poids très faible que représentent les anciens propriétaires (contrairement à la Bulgarie et à la Roumanie), dans une société qui est de tradition essentiellement paysanne. La formation d’exploitations agricoles paysannes réelles, qui s’est développée dans un premier temps dans un système d’autoconsommation, en fonction de ses besoins et de ceux de ses membres habitant la ville, commence à organiser une petite partie de sa production en fonction du marché urbain. De même, de nouvelles formes de gestion collectives apparaissent dans certains domaines (mécanisation, élevage, gestion de l’eau). Que ce soit par la reprise de contact avec le marché ou par la recherche d’autres revenus par l’émigration vers la ville, les exploitations agricoles familiales développent de nouvelles stratégies d’action, ouvertes sur l’extérieur, tout en renforçant la cohésion villageoise.

Key words

agriculture, land reform, land ownership policy, State intervention, production, countryman farming, land redistribution, liberalism


, Albania

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Expériences et réflexions sur la reconstruction nationale et la paix

Notes

Synthèse d’un texte rédigé par Dimitri Goussios, professeur de sociologie à l’Université de Thessalia (Contact : Pedion Areos, 38334, Volos/ Grèce). Ce texte a dû être coupé en deux : voir seconde partie intitulée : « Le cas bulgare : réforme agraire et privatisation dans le domaine agricole ».

D. Goussios est membre du réseau APM (Agriculture paysanne et modernisation) mis en place par la FPH. Ce réseau avait été sollicité lors de la préparation de la Rencontre internationale sur la reconstruction du Rwanda, dans le cadre d’un recueil d’expériences dans le monde.

Fiche rédigée à partir d’un document envoyé suite à l’appel international à contribution lancé par la FPH pour l’organisation de la rencontre internationale sur la reconstruction du Rwanda (Kigali, 22-28 octobre 1994) co-organisée par la FPH et le CLADHO (Collectif des Ligues et Associations de défense des Droits de l’HOmme).

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