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Les réseaux nigerians de l’héroïne

11 / 1994

Le Nigeria, le plus peuplé des pays d’Afrique (près de 100 millions d’habitants), est devenu un des plus grands pays trafiquant de drogue dans le monde dont les organisations criminelles sont comparables à leurs homologues colombiennes, chinoises ou turques. Cette place prise dans le trafic international des drogues a pour origine d’anciennes routes commerciales ouvertes par l’empire britannique entre l’Afrique, l’Asie et le Royaume Uni ; son poids démographique et économique ; le dynamisme de ses marchands et contrebandiers appartenant aux différentes ethnies du pays et les appuis dont bénéficie le trafic de la part de secteurs de l’appareil d’Etat, de l’armée en particulier. Le Nigeria est le premier producteur-exportateur de marijuana en Afrique de l’Ouest et du Centre. C’est également le plus important pays de transit en ce qui concerne les substances psychotropes destinées à cette région. Il est également le plus important exportateur africain de marijuana et de haschish en Europe, d’héroïne aux Etats-Unis et en Europe, de cocaïne en Europe. L’héroïne introduite par des Nigérians aux Etats-Unis représente 25% du marché et jusqu’à 50% dans la région de Baltimore et Washington. Interpol relève une activité croissante des Nigérians au Mexique et au Canada. Environ 35% de l’héroïne introduite en Europe le serait par des Nigérians ou via le Nigeria. On a constaté, à la fin de l992 et au début de l993, que des ressortissants de ce pays étaient les commanditaires de trafics portant sur d’importantes quantités de cocaïne et de haschisch transitant par la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie. Au début de l993, sur 6 000 africains détenus hors de l’Afrique pour trafic de drogue, le tiers était nigérian.

Les premières saisies internationales d’héroïne en provenance du Nigeria datent de la fin de l’année l983. Il s’agissait alors de brown sugar (héroïne n°3), directement importé du sous-continent indien. Les itinéraires se sont ensuite diversifiés, via l’Afriquede l’Est (Ethiopie, Kenya)et l’Afrique centrale (Zaïre). Depuis la fin des années quatre-vingt, l’héroïne du sud-est asiatique (n°4)est également l’objet d’un important trafic comme en témoigne le nombre important de Nigérians détenus à Bangkok et dans toute la région, au Népal en particulier. La diversification des produits s’est accompagnée d’une multiplication des itinéraires, la drogue parvenant au Nigeria via l’Inde toujours, mais aussi par Singapour, Hong Kong, la Corée du Sud, le Japon et en faisant escale en Egypte, en Ethiopie ou en Europe pour un simple transit. Depuis l991, les filières empruntent également les routes des pays de l’Est. De nombreux Nigérians se rendent en Pologne, Roumanie, Hongrie, Yougoslavie et surtout Bulgarie. Les prises opérées sur ces destinations confirment la présence sur place d’intermédiaires qui chargent les passeurs, venus à vide de Lagos, et qui repartent généralement vers l’EUROPE OCCIDENTALE. Les saisies opérées au Nigeria en ce qui concerne l’héroïne ont été les suivantes : 219 kg en 1990 ; 69,509 en 1991 ; 589,914 kg (une saisie de 510,686 kg au mois d’août)en 1992. A l’extérieur du Nigeria, le plus grand nombre de saisies est effectué sur des passeurs qui ont avalé des boulettes plastiques garnies d’héroïne ou qui transportent de un à deux kilos d’héroïne. En l989, quelque 625 kg avaient été saisis sur 549 Nigérians ; en l990, 812 kg sur 651 personnes interpellées ; en 1991, 225 kg sur 265 personnes, cette tendance à la baisse s’est confirmée en l992.

Key words

corruption, drugs, chain of distribution, drug production, cannabis, drug trafficking, cocaine, heroin, delinquency, role of the State, criminal organization


, Nigeria

Comments

Selon Interpol, la baisse des saisies sur des passeurs ne traduit pas une baisse du trafic, mais au contraire l’effet d’une professionnalisation de celui-ci. Le début des années l990 marque le passage au trafic organisé. Les nouveaux courriers voyagent seuls ou en couple pour plus de discrétion et transportent plusieurs kilos à chaque voyage. Mais surtout, les courriers, même professionnels, sont désormais largement concurrencés par le fret aérien ou maritime dont les Africains commencent à avoir la maîtrise. Entre autres techniques, les trafiquants diluent l’alcaloïde dans une solution chimique qui fait l’objet d’une transaction officielle. Ils mettent ensuite à profit l’intense activité des ports de Lagos, Warri, Port Harcour ou Calabar pour exporter vers l’Europe des produits difficilement repérables à l’arrivée. Cette analyse est confirmée par la saisie record, dans le port d’Apapa, le 22 décembre l993, de 248 kg d’héroïne en provenance de Thaïlande.

Notes

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Source

Inquiry

OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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