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A travers un planning de bas en haut, une ONG à Saluwesi montre comment combler le fossé entre le gouvernement et les communautés locales éloignées

Pierre GILLET

05 / 1995

Sur la carte, quelques 13.000 îles qui comprennent l’Indonésie semblent stratégiquement situées comme des marches reliant l’océan qui sépare Singapour de l’Australie. De l’Ouest à l’Est, elles enjambent 5.000 km de mer, depuis les détroits de Malacca au nord à celui de Torres. Et du nord au Sud, elles s’étendent sur plus de 2.000 km, du littoral de Sumba au Sud au point le plus au nord de Sumatra.

L’île de Sulawezi - auparavant "Celèbes" - se trouve au coeur même de cet archipel tentaculaire, s’étendant au-delà de l’équateur comme une danseuse.

Pendant des siècles, elle a été l’habitat de ces peuples marins de Bugis. Leur renommée comme marins et navigateurs extrêmement adeptes, pêcheurs habiles et experts en construction de bateaux, est légendaire.

La partie Australe de Saluwesi produit le plus grand des bateaux de l’Indonésie, le fameux "pinisi perahus". Ces grandes barques qui font le commerce dans toutes sortes de biens à travers l’archipel aux milles îles, mais elles disparaissent rapidement alors que la motorisation remplace la voile.

La riche diversité qui caractérise l’Indonésie - plus de 300 éthnies parlant plus de 250 langues est reflétée en microcosme dans les peuples de l’île et dans l’écologie de Saluwesi.

La baie de Kolono se trouve au point austral extrême du Sulawesi de l’Est. Elle comprend un canal d’environ 15 miles de long et 2-3 miles de large, sous le point septentrionnal de l’île de Buton (pulau Butung).

La côte ouest de la baie de Kolono offre peu d’abri étant bordée de falaises à pic et de forêts denses. Le vent a tendance à provoquer une mer furieuse et agitée sur la baie, ce qui rend le travail pénible et hasardeux; plein de risques de chavirer pour les petits bateaux qui osent sortir. Le long rivage et le manque d’abri font de la baie un encrage dangereux.

A son extrêmité nord, il y a des bancs de boue qui à marée basse, s’étendent jusqu’à 500m à l’intérieur de la baie. La côte-est est un labyrinthe de canaux à marée haute, et de bancs de boue et de forêts denses de mangroves qui sont l’habitat de riches et singulières flore et faune.

La combinaison de marais de mangliers hautement productifs et de mers peu profondes s’étendant loin au large des multiples récifs coraliens et des petites îles favorise une pêcherie riche et diverse.

Les habitants de cette région appartiennent à trois groupe principaux. La population autochtone - les Telakis - suivent un mode de vie traditionnel et fondé sur une culture de "brulis" et sur la pêche. Ils opèrent des centaines de plate-formes à carrelets (filets à lever)qui se pressent dans les eaux peu profondes et bien abritées et souvent plusieurs miles au large. Bien qu’ils travaillent comme matelots sur les "perahus" en faisant du commerce entre les îles, ils tirent de la mer principalement leurs moyens de subsistance grâce à diverses activités de pêche et de culture.

Le Département "Perikanan" (Département de la pêche)travaille avec les communautés côtières dans toute la région de la baie de Kolono. Ses activités incorporent les services usuels d’un département de la pêche gouvernementale.

Dans cette zone particulière, une ONG britannique "Le Service Bénévole d’Outre-Mer (VSO)fournit des services de conseil par le biais d’un spécialiste de la pêche, le Dr. Steve Creech. Il remplit une mission de 2 ans afin d’aider à améliorer ses mécanismes de planning du bas vers le haut.

Un des problèmes spécifiques rencontrés par le département est l’éloignement du personnel responsable de la gestion des programmes de travail. Ce staff vit dans la capitale régionale à une distance de 4 à 6 heures de trajet sur des pistes défoncées.

Cette situation a conduit le Dr. Creech à accorder plus d’importance au travail direct avec les groupes de pêcheurs, soutenant leur organisation et renforçant leurs structures institutionnelles.

Le département a établi une écloserie de crevettes-tigres (penaeus monodon)et encourage les groupes de pêcheurs à construire des bassins à crevettes dans les zones basses des marais de mangliers.

Il y a pourtant une contradiction entre cette activité et un décret du gouvernement central qui interdit l’élimination des mangliers sous aucun pretexte.

L’élimination des mangliers pour creuser les bassins à crevettes est un processus violent et destructif. Il faut abattre des arbres pour permettre l’accès. Pour chaque bassin, environ un hectare de mangliers doit être entièrement éliminé.

Il n’est pas possible d’utiliser le bois coupé, étant donné les distances des bassins de crevettes aux centres de population.

Ainsi, on voit des arbres précieux qui s’élèvent majestueusement à 12 ou 15m de haut, coupés et brûlés sur place. Les groupes de pêcheurs qui construisent ces étangs sont bien conscients qu’il faudrait mettre en place une politique rationnelle de protection. Ils font donc pression auprès du Département Péricanan pour établir des zones de protection où la construction des étangs à crevettes ne serait pas permise.

Dans l’immédiat, la destruction immodérée d’un des plus précieux habitats littorals n’aurait pas d’impact sérieux sur l’environnement global. Mais si l’on ne prend pas l’initiative d’établir une politique de protection rationnelle, à la longue la capacité de l’environnement littoral à fournir un moyen d’existence durable sera gravement menacé.

Dans beaucoup de communautés autour de la baie de Kolono, il existe une division de main -d’oeuvre bien structurée. Les hommes s’occupent du travail marin et les femmes se chargent des tâches à terre comme la fabrication de filets et la vente des poissons.

Traditionnellement, le plus gros des captures est séché simplement sur des nattes de roseau. Si cette technique a l’avantage d’utiliser du matériel localement disponible à bas prix, elle est relativement intensive en main-d’oeuvre et la qualité du produit est assez faible. Il faut régulièrement retourner les poissons exposés au soleil et au vent.

Cela exige une attention permanente et de la main-d’oeuvre. Lorsqu’il pleut, les nattes sont roulées et stockées à l’intérieur des maisons, écrasant et déformant les poissons. Il en résulte beaucoup de déchets et de gaspillage.

Le projet du développemnt Perkanan/VSO soutient une initiative locale dans le village Bugis de Warwaranu, où un groupe de femmes a trouvé une méthode originale pour sécher les poissons. Leur idée est de substituer aux nattes de roseau traditionnelles des cadres de bois grillagés de petites mailles, 2*1,5m de côtés placés à une hauteur de 1m.

Il n’ y a presqu’aucun gaspillage de poissons quand on sèche de cette manière-là et des améliorations de qualité veulent dire un boni de 70% sur l’ancien prix. De plus, le nouveau système de séchage n’est que légèrement plus cher que le traditionnel. Ces projets basés sur des projets communautaires semblent apporter une contribution importante. Elle renforce la capacité des communautés locales à initier et mettre en oeuvre leurs propres projets. En même temps, ces activités les aident à exprimer leurs soucis et leurs besoins à ceux qui occupent des situations d’autorité.

On espère que le pont que VSO essaie de construire entre ces communautés éloignées et le département des pêches leur permettra de faire entendre leurs voix.

ICSF (International Collective in Support of Fishworkers) - 27 College Road, Chennai 600006, INDIA - Tel. (91) 44-2827 5303 - Fax (91) 44-2825 4457 - India - www.icsf.net - icsf (@) icsf.net

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