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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Comment ne pas laisser les choses sérieuses aux mains des spécialistes ?

Le patrimoine génétique c’est l’affaire de tous

Christophe BEAU

07 / 1995

Patrimoine pour les uns, ressources pour les autres, les variétés anciennes, races locales ou espèces rares font partie de ce que l’on nomme aujourd’hui, dans le langage branché, la biodiversité.

En ce mois de juin 1992, la biodiversité est donc à la mode ; elle est même un enjeu important pour l’avenir de la planète, que ce soit sur le plan écologique ou sur le plan politique ; qui contrôlera cette biodiversité : les firmes semencières multinationales, une poignée d’Etats du Nord ou des organisations qui représentent les terriens dans toute leur (bio)diversité ?

Geyser est présent sur ce front depuis 7 ans déjà : il est l’animateur obstiné d’une fédération régionale, le Page Provence, qui rassemble organismes publics, collectivités locales, associations et particuliers pour la conservation et la valorisation du patrimoine génétique. Objectif : faire travailler, main dans la main, les secteurs formels et non formels : autrement dit, les spécialistes et les amateurs. En janvier, Geyser est même allé défendre la cause du secteur associatif auprès de la commission européenne, lors de la mise en place d’une nouvelle ligne budgétaire.

Le patrimoine génétique : c’est l’affaire de tous

C’est pourquoi, lorsque Geyser propose l’organisation des premières rencontres méditerranéennes sur les ressources génétiques domestiques (REMERGE I (1)), l’objectif est triple : mobiliser les énergies vers le sud de l’Europe et le pourtour méditerranéen, renforcer le secteur associatif actif dans ces pays là, constituer une force de travail et de proposition capable de peser, dans le futur, sur les décisions politiques concernant la gestion de la biodiversité méditerranéenne.

En mars 1992, puis en juin 1994 suite aux rencontres, se réunit le comité d’organisation et de suivi des rencontres. Pêle mêle : un ancien directeur de recherches à l’INRA et un responsable national de la conservation des espèces (BRG), allié de longue date, une coopérative d’agronomes italiens, active dans la conservation de variétés légumières et deux associations spécialisées dans la réalisation de campagnes d’information et de pression ; …, un céréalier tunisien responsable d’une ONG de développement.

Teneur des débats (exemple) : ballade dans les allées d’un verger conservatoire, puis repas « convivial » pour mélanger ce qui est formel et ce qui ne l’est pas. L’après-midi, passons aux choses sérieuses, tous ensemble. Côté pile, on possède le sujet sur le bout des doigts, on est pressé, de vrais spécialistes. Côté face, on est plus proche du pékin moyen : le vieil agriculteur qui cultive encore quelques variétés locales ou le consommateur lambda qui s’interroge sur l’évolution de son alimentation ; on a besoin de temps pour mesurer, apprécier, décider.

Le dialogue n’est pas facile, malgré les bonnes volontés en présence, pour établir des passerelles entre ces deux univers… d’une seule planète !

A Manosque en octobre 1992, ces univers se sont plus que frôlés, et se sont sûrement enrichis mutuellement. Il s’y trouvait 70 personnes de 8 pays méditerranéens, avec des présences également très diversifiées ; 6 groupes de travail (Inventaires, expériences de valorisation, etc…) s’y sont créé et la groupe Tunisien copiloté par des chercheurs et une ONG ont proposé un REMERGE II à Carthage en 1996.

Geyser a pris le secrétariat du réseau entre temps… Et seul deux groupes de travail ont amorcé leurs activités en réseau mais plutôt sur des objets techniques et scientifiques y a créé en partie le vide… Mais d’autres réseaux « professionnels » existent déjà là dessus.

Comment relancer ce rôle de passerelle pour que le patrimoine génétique soit véritablement l’affaire de tous ?

La conservation du patrimoine génétique passe par la valorisation : la grande « foire » méditerranéenne

Pour dépasser ce passage à vide, et ne pas le masquer par des « perfusions » d’argent à l’intérieur des réseaux, Geyser réimagine des mécanismes de passerelle entre mondes qui s’ignorent (amateurs-professionels, …, chercheurs-utilisateurs). En mai 1996, la réunion REMERGE II de Carthage aura lieu après un processus de travail pour chacun des groupes de travail. Mais, parallèlement, un « grand marché » méditerranéen de la biodiversité sera mis en oeuvre pour l’automne 1996 en Provence (10 jours) ; marché aux fruits et aux légumes méditerranéens selon les pays, exposé des traditions culinaires, sensibilisation dans les écoles (potagers scolaires), etc… Le travail technique et scientifique devient alors motivé par le grand marché et inversement le grand marché gagne son assise dans le travail de recherche.

1 REMERGE : réseau méditerranéen sur les ressources génétiques, constitué lors de cette rencontre d’octobre 1992.

Key words

biodiversity, genetic wealth, association, political pressure, North South cooperation


, France, North Africa, Europe, Mediterranean countries

Notes

GEYSER est un groupe de travail à l’interface des questions d’agriculture, d’environnement et de développement. GEYSER anime des réseaux, systématise et diffuse des informations utiles pour l’action, fournit des appuis techniques ou méthodologiques.

Source

Experience narration

BEAU, Christophe, BARRET, Philippe

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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