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Exemples canadiens de gestion coopérative des conflits à l’école

Lutte contre la violence au Québec

04 / 1996

Pour lutter contre la violence, il faut commencer à travailler dans les cours d’école car c’est là que les enfants apprennent à se comporter les uns avec les autres. Médiation scolaire, gestion pacifique des conflits..., au-delà des réponses théoriques, il y a l’expérimentation, toujours spécifique. Cécile Denis nous rapporte deux réalités canadiennes.

Les professionnels de l’éducation sont de plus en plus confrontés, dans l’exercice de leur fonction, à des jeunes agressifs sans réellement savoir comment intervenir efficacement auprès d’eux. Parmi les actions préventives envisagées, la médiation est un procédé qui vise à encourager les personnes à résoudre leurs conflits à l’amiable.

Au Canada, de telles expériences se développent depuis plusieurs années. Plusieurs écoles assurent une éducation à la résolution des conflits, selon la méthode développée par William Kreidles dans le cadre de l’organisation "Educateurs à la Responsabilité Sociale". "Alors que j’étais jeune instituteur, explique Kreidles, je voulais empêcher tout conflit dans ma classe. Mais j’ai réalisé que ce n’était ni possible ni souhaitable et que je pouvais utiliser le conflit comme outil d’apprentissage".

L’école et la famille sont des lieux où cohabitent des adultes détenteurs de pouvoirs et des enfants en processus d’identification et de croissance, eux aussi détenteurs de pouvoirs. Dans ces lieux, les adultes exercent le plus souvent seuls l’autorité. Or la gestion des conflits n’est pas le monopole des adultes. Ils peuvent agir de façon responsable sans toujours trancher, décider, imposer des sanctions. La solution d’autorité n’est pas la seule ni forcément la meilleure. La négociation (résolution coopérative des conflits)est l’idéal à poser. La médiation quant à elle est un processus d’entraide mis à la disposition de ceux et celles qui veulent négocier.

La discipline et les règles de vie sociale doivent continuer d’exister et peuvent provenir d’un consensus au lieu d’être entièrement imposées. La solution d’autorité reste nécessaire mais peut devenir marginale et exceptionnelle, en termes de fréquence du recours.

En cette matière, comme dans d’autres, il n’est pas réaliste de déresponsabiliser le jeune jusqu’à dix-huit ans pour ensuite, du jour au lendemain, lui demander de faire preuve de compétence et d’autonomie dans la résolution des conflits. Les enfants peuvent apprendre à gérer leurs conflits. La famille et l’école peuvent favoriser un changement significatif en adoptant des conduites plus responsabilisantes et en tablant davantage sur la capacité des jeunes à apprendre et sur leur désir de montrer qu’ils ont des capacités. De plus, les enfants peuvent servir de personnes-ressources lorsque d’autres enfants ou d’autres personnes sont en conflit.

Ainsi, la solidarité et la responsabilité s’acquièrent dès l’enfance. A la question de savoir ce qu’est la réussite scolaire, personne ne répond uniquement en termes de connaissances académiques. Cela inclut également l’acquisition d’"habiletés sociales", c’est-à-dire de compétences et de comportements tels que savoir communiquer, être courtois, etc. L’aptitude à la résolution de conflits devrait faire partie plus ouvertement du projet éducatif. Prévenir et gérer sainement ses conflits sont des choses qui s’apprennent et qui s’enseignent, consciemment ou inconsciemment. Les enfants apprennent souvent en imitant des modèles. Il serait donc intéressant de leur fournir un éventail d’outils à utiliser et de conduites alternatives à imiter. Si nous ne mettons à leur portée que des modèles violents et autoritaires, ils seront non seulement handicapés par ce manque d’outils mais ils pourront aussi nuire à eux-mêmes et aux autres. Par contre, avec une action éducative concertée de tous les intervenants, dans le sens de la résolution coopérative des conflits, il est possible de réduire les conflits mal géré et les dégâts qu’ils peuvent engendrer.

Plan d’ensemble d’une intervention éducative en matière de prévention et de résolution de conflits en milieu scolaire proposée par Marie-France Chabot

Démarche préparatoire (2 à 3 mois): processus semi-autonome, interventions de la formatrice selon les besoins.

- Sensibilisation auprès des représentants du personnel, de la direction et des parents au sujet des programmes de résolution de conflits (formatrice, une heure)

- Définition des besoins, des problèmes et des projets de l’école (par l’équipe locale, assistée au besoin)

- Prises de décision politiques collectives (par l’équipe locale, assistée au besoin)

- Etablissement du plan d’intervention, d’un calendrier, des objectifs à court et à moyen terme, pour chaque cycle d’élèves, pour l’école avec la famille (par l’équipe locale, assistée au besoin).

- Conférence générale de sensibilisation à l’intention de tous les adultes concernés. But : stimuler l’intérêt et donner un avant-goût du programme (formatrice, une soirée)

- Gérer le développement des habiletés sociales de résolution de conflit dans le projet éducatif régulier de l’école (entre autres : définir les compétences que devront avoir acquises les élèves à leur sortie de l’école)en sorte que, le plus rapidement possible, l’école devienne totalement autonome au plan des compétences dans le domaine.

Phase de démarrage du programme (2 à 3 mois): processus assisté. Interventions de la formatrice selon trois types.

- 2 demi-journées d’ateliers avec les professeurs et les autres membres du personnel éducatif et la direction (pouvant inclure les surveillants, les chauffeurs d’autobus, les professionnels)(6 heures)

- 2 soirées d’ateliers avec les parents (6 heures)

- 1 atelier de 3 heures dans chaque classe de 4e, 5e, et 6e années, et 2 à 4 ateliers de 3 heures avec un sous-groupe composé de certains élèves de 4e, 5e, 6e (6 à 12 heures).

Phase de soutien et de suivi du programme (étendue sur une période d’une année): processus assisté. Interventions de la formatrice (trois types)

- 1 demi-journée d’atelier avec les membres du personnel et de la direction (3 heures)

- 2 soirées d’ateliers avec les parents (3 ou 6 heures)

- 1 atelier de 3 heures dans chaque classe de 4e année, et 1 atelier avec le sous-groupe composé d’élèves de 4e, 5e, 6e (3 heures).

Des adaptations sont nécessaires lorsqu’il s’agit d’une école de niveau secondaire ou comportant deux niveaux. Marie-France CHABOT met davantage l’accent sur l’apprentissage et l’acquisition de compétences en négociation plutôt qu’une stricte formation de médiateurs.

Key words

school mediation, mediation, school, conflict


, Canada, Québec

Notes

Marie-France Chabot est psychologue et avocate à Québec ; présidente de plusieurs instances de résolution des conflits, elle est consultante pour la mise en place de programmes de lutte contre la violence à l’école. Marie-France Chabot, 1961 René-Levesque-Ouest, Sillerey G1S 1X8 (Canada).

Cécile DENIS est chargée de la médiation scolaire à l’Université de Paix de Namur (Belgique). Université de Paix, Bd du Nord 4, B-5000 Namur (Belgique).

Voir aussi la fiche intitulée : "Exemples canadiens de gestion coopérative des conflits à l’école. Médiation à Calgary".

Entretien avec CHABOT, Marie France

Source

Articles and files ; Interview

DENIS, Cécile in. Non violence actualité (France)

Non Violence Actualité - BP 241, 45202 Montargis Cedex, FRANCE - Tel 02 38 93 67 22 - Fax 02 38 93 74 72 - France - www.nonviolence-actualite.org - nonviolence.actualite (@) wanadoo.fr

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