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Rapport de la commission mondiale de culture et développement

Suivre la vague ou nager à contre-courant ?

Lavinia MOHR

04 / 1996

"Comme première démarche, tenant compte que nous nous situons dans un contexte de marché, la Commission considère que le temps est venu, pour les groupes commerciaux régionaux ou internationaux impliqués dans la radiodiffusion et la télédiffusion par satellite et qui utilisent le bien public mondial gratuitement, de contribuer au financement d’un système médiatique plus diversifié."

C’est ce que dit la Commission mondiale de la culture et du développement de l’UNESCO dans son rapport intitulé "Notre diversité créatrice". Parmi les nombreux sujets traités dans le rapport de la Commission, l’un des dix chapitres et deux des dix recommandations au sujet d’un plan d’action international sont consacrés aux médias. Présenté à l’UNESCO en novembre dernier, le rapport est le résultat de deux années de travail. Les conclusions du rapport méritent certainement plus d’attention et de publicité qu’elles semblent en avoir reçu jusqu’à maintenant.

Reconnaître les médias communautaires - Le rapport met l’accent sur la diversité et la nécessité de refléter le contexte local. Selon le rapport : "C’est là que la radio et la télévision communautaire entrent en jeu. Chaque fois qu’un minimum de financement, d’engagement politique et d’infrastructure sont mis à leur dispositions, les médias communautaires deviennent un complément à la radiodiffusion publique et commerciale. Au cours des deux dernières décennies, ils sont devenus un lieu d’expression très important". Le rapport continue ainsi : "Comme nous pouvons le constater dans la tradition de la réglementation des médias et dans les systèmes ou institutions de radiodiffusion et de télédiffusion publique, l’espace médiatique public est une chose bien établie dans la plupart des pays. Les médias communautaires et éducatifs alternatifs, que ce soit des journaux locaux en Malaisie ou la radiodiffusion communautaire en Amérique latine, servent à combler cet espace public". Dans ses recommandations pour un plan d’action international, la Commission prend une position encore plus ferme : "un service public indépendant et dûment financé ainsi que des institutions de radiodiffusion communautaire sont essentiels au bon fonctionnement des médias dans une société démocratique". Ces mots, venant d’une source internationale aussi éminente, devraient avoir une certaine valeur pour tous ceux qui luttent afin d’obtenir une reconnaissance légale du secteur de la radiodiffusion communautaire à l’intérieur du cadre législatif de leur pays. Ce support moral pourrait être utilisé par différents pays afin d’obtenir le minimum de financement, d’engagement politique et d’infrastructure nécessaire à l’épanouissement des médias communautaires là où il n’y en a pas.

Encourager la diversité - Les vues et recommandations sur les médias de la Commission impliquent une interaction complexe entre les vertus de la compétition, la diversité, l’efficacité et l’équité. Tous et chacun y trouveront quelque chose à redire. Ceux qui croient encore au contrôle des médias par l’État, n’aimeront pas l’accent mis sur la compétition. Les corporations internationales qui sortent gagnantes de la compétition mondiale qui se joue dans les médias, regarderont avec un grand mécontentement les discussions sur l’équité et la diversité. Et ceux, dotés de moins de ressources, prendront comme une plaisanterie cruelle l’idée que la compétition encourage la diversité. La Commission attache une grande valeur à la diversité dans les médias, autant à l’intérieur des frontières nationales qu’au niveau international. Elle impose la compétition comme une façon d’encourager la diversité. Une fois cela fait, elle admet, cependant, que le modèle du marché ne produira pas nécessairement des résultats toujours favorables au bien public. Elle soutient que la compétition est désirable mais que le modèle du marché ne garantit pas, par lui-même, la compétition : "...il n’y a rien dans la nature du laisser-faire qui soit établisse ou bien maintienne la compétition mais, par contre, la vertu des marchés ne peut exister sans la compétition". En effet, elle reconnaît que : "...la déréglementation, ou le relâchement des contrôles gouvernementaux sur le fonctionnement des marchés, l’un des moyens de promouvoir la compétition, peut, aussi, promouvoir la concentration de la propriété". Et celle-ci est incompatible avec la diversité et le bien public. Comment, alors, la compétition et la diversité peuvent-elles exister en même temps?

Une réglementation mondiale des médias? - La Commission donne une réponse en forme de question. Ne serait-il pas possible d’avoir une certaine forme de réglementation mondiale qui pourrait servir à promouvoir la compétition? Prenant comme modèle les agences indépendantes de certains pays, la Commission pose la question à savoir : "... si le monde ne devrait pas considérer une approche réglementaire coordonnée, possiblement une politique internationale sur la compétition". Elle continue : "Est-ce que le rôle des médias publics et alternatifs, déjà accepté au niveau national, pourrait, en tant que solution mitoyenne, s’appliquer au niveau international?". Certaines mesures spécifiques sont proposées sur la façon dont les médias publics et alternatifs internationaux pourraient être financés. Au moment même où certains gouvernements nationaux définissaient l’échelle de mesure de fréquence à être utilisée pour la radiodiffusion sur leurs territoires nationaux comme étant de propriété public, se permettant ainsi d’en réglementer son usage, la Commission décrivait l’espace orbital des satellites "comme faisant partie du bien public mondial, un bien collectif qui appartient à toute l’humanité". Ceux qui, dans le monde des médias, utilisent le bien public médiatique mondial, devraient être assujettis à une réglementation mondiale en retour des bénéfices qu’ils en retirent. Elle propose d’établir une taxe internationale sur l’usage privé du bien public mondial qui, en retour, pourrait servir à financer la programmation et les services alternatifs régionaux et mondiaux, servant ainsi à la création d’un système médiatique international pluraliste, basé à la fois sur l’espace médiatique privé et public.

De plus, les recommandations du plan d’action international réclame l’adoption d’une politique internationale encourageant la compétition afin de s’assurer que les activités du marché respectent l’intérêt public et feront la promotion de l’accès public et de la diversité d’expression de sorte que plusieurs voix pourront se faire entendre. Les recommandations de la Commission reflètent l’intérêt, toujours croissant dans certains milieux, dans l’idée d’un gouvernement mondial comme réponse logique et nécessaire à la globalisation croissante de l’activité économique et du pouvoir et à l’érosion constante de la souveraineté nationale effective.

Key words

communication, legislation, economic globalization, public authorities, urban development planning, radio, financing


,

Notes

Fiche traduite en anglais et en espagnol.

Contactez l’UNESCO pour une copie du rapport

Lavinia Mohr est Secrétaire générale de Vidéazimut.

Source

Articles and files

Videazimut, Etablir un cadre législatif in. Clips, 1996 (Canada), 10

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