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De l’importance d’une bonne coordination au sein d’une équipe de terrain

Thérèse COLLINET

06 / 1997

L’importance d’une bonne coordination au sein d’une équipe de terrain m’est apparue à l’occasion d’un stage de 2 mois réalisé au sein de l’équipe d’Enfants Réfugiés du Monde dans la Bande de Gaza en juillet et août 1994. Très souvent reléguées au second plan au profit de l’ampleur et de la richesse du programme mis en place dans le camp de Khan Younis (formation d’animateurs, mise en place et suivi de 3 centres pour enfants, adolescents, et adultes), les difficultés rencontrées par l’équipe en terme de communication et de cohésion interne m’ont permis de réaliser la part croissante qu’elles peuvent prendre dans le travail et la vie quotidienne sur le terrain et mis en évidence l’importance du rôle du coordinateur de terrain et celui du responsable de mission au siège. Composée de 6 membres expatriés et de 3 membres locaux, l’équipe telle que je l’ai connue en juillet 1994 s’est constituée par vagues successives pour prendre son profil définitif en septembre 1993.

Arrivé en mars 1992 comme formateur - animateur pour mettre en place avec une autre volontaire la formation et le centre pour enfants, Jean Christophe est le plus ancien de l’équipe. Rose Anne est arrivée en juin 1993, suivie de près par Jamila venue initialement pour un stage de 3 mois. Annouck, Reda et Anne sont venus en même temps début septembre 1993. Interrogés en juillet 94 sur les raisons des tensions et dissensions qui se sont très vite développpées entre expatriés, les différents membres ont tous évoqué la nécessité de prendre en compte différents facteurs : diversité et lourdeur des tâches de chacun : 2 postes tournés sur l’extérieur (logistique-administration et relations extérieures); 2 axés sur la formation et enfin 2 sur le suivi des centres mis en place).; stress généré par la situation spécifique de la Bande de Gaza (violence latente, oppression liée à l’enfermement de la Bande de Gaza); manque d’expérience de certains; fragilité des autres; contrainte de la vie en commun en dehors du travail etc.Tous ont cependant reconnu dans ce contexte le rôle essentiel de régulation joué par Jean Christophe Son ancienneté sur le terrain le conduit dès le mois d’août à prendre une décision difficile: un volontaire recruté en juin a très vite présenté des comportements troublants inappropriés au contexte. Face à cette situation Jean Christophe essaye d’abord de réguler puis devant l’aggravation de la situation et des tensions que cela entraine au sein de l’équipe, il est amené à prendre les choses en main et à accélérer le départ de ce volontaire. C’est ainsi que Jamila, venue comme stagiaire, le remplace sur le champ.

En octobre, lors d’une réunion au siège à Paris, la responsable de programme propose à Jean Christophe de redéfinir son poste en terme de coordinateur-responsable de mission. Il refuse et repart à Gaza avec le même profil de poste: animateur-formateur. L’équipe connait cependant des tensions permanentes d’octobre 93 à avril 94. Jean Christophe est de plus en plus contraint de prendre des décisions pour dénouer certaines situations, ainsi que cela s’est produit en août. Il réalise qu’il prend progressivement une fonction au sein de l’équipe pour laquelle il n’est pas mandaté. Il décide alors d’accepter la proposition faite en octobre et devient coordinateur-responsable de mission, à la grande sartisfaction de toute l’équipe. Le fait d’avoir un coordinateur donne un sentiment de sécurité aux membres de l’équipe. Une réunion de régulation organisée en mars 94 est l’occasion d’un échange approfondi et permet la mise à jour des frustrations des uns et des autres quant à leur poste. Cette réunion aboutit à la redéfinition de certains postes. La situation devenue explosive commence enfin à se désamorcer. L’expérience de l’équipe dans la Bande de Gaza permet d’identifier la nécessité pour un coordinateur d’être légitimé par une réelle expérience de terrain et une bonne connaissance de l’environnement. Dans le cas de l’équipe de Gaza, Jean Christophe était d’autant plus écouté qu’il avait participé à l’origine du programme et déjà mis en oeuvre ses qualités de médiateur.

Bien que la fonction de coordinateur comporte différents volets (garantir le programme quant à ses grandes lignes directrices; rapports ; suivi des relations avec le siège de l’association)une grosse part de cette fonction relève de la capacité de régulation d’un équipe : conduire des entretiens individuels, évaluer la situation, essayer de clarifier les problèmes que rencontrent les membres de l’équipe et réfléchir avec elle aux moyens à mettre en oeuvre pour améliorer la qualité des relations et du travail. Une écoute attentive, une disponibilité réelle qui n’attend aucune reconnaissance en retour, une distinction claire entre le professionnel et l’affectif, sans pour autant se départir d’une neutralité bienveillante, telles me semblent être les qualités que requièrent le poste de coordination .

Key words

pedagogy, teacher, communication, reflection and action relations, mediation, working conditions


, Palestine, Gaza

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Cette expérience permet aussi de constater le rôle que joue le responsable de programme au siège de l’association dans la coordination de l’équipe de terrain en liaison avec la personne chargée clairement de la coordination sur place. Le responsable de programme suit de très près ce qui se passe sur le terrain et peut grâce à son expérience et au recul qu’il prend nécessairement apporter des proposition concrètes voire imposer une décision que personne sur le terrain n’ose prendre.

Les missions sur le terrain sont déterminantes. La responsable du programme sur Gaza effectue en moyenne 3 voyages d’environ 3 semaines sur le terrain dans l’année. C’est là un rythme qui lui semble satisfaisant. Ces missions permettent des mises au point concernant les financements, l’évolution du programme . Elles sont aussi l’occasion d’entretiens individuels avec chacun des membres de l’équipe et notamment avec le coordinateur. Dans le cas de l’équipe d’Enfants Réfugiés du Monde dans la Bande de Gaza, les missions du responsable de programme sont d’autant plus appréciées par le coordinateur qu’elles lui permettent de prendre du recul et d’échanger au sujet de problèmes difficiles. Il est d’autant plus nécessaire que le coordinateur soit soutenu par le responsable de programme que ce poste demande un gros investissement personnel, notamment dans un contexte d’équipe conflictuelle.

Source

Report

COLLINET, Thérèse, ERM (France); .

ERM (Enfants Réfugiés du Monde) - 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil cedex, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 59 60 29 - France - erm (@) erm.asso.fr

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