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dialogues, proposals, stories for global citizenship

L’auto-promotion, un facteur de développement humain et un outil pour la paix

Jean Christophe SIDOIT

09 / 1997

Dans les contextes d’avant-guerre, il est fréquent que l’économie du pays ou de la région montre des signes importants de faiblesse, parfois une incapacité à répondre aux besoins des populations. Ces problèmes économiques graves peuvent être un facteur déclenchant des hostilités.

Dans les contextes d’après-guerre, l’économie est souvent fortement destructurée. Si l’on peut parfois constater une relance macro-économique liée à la reconstruction ou au retour des investisseurs, l’économie populaire est souvent laissée pour compte. On constate, dans l’exemple du Liban comme dans celui de l’Ethiopie, une paupérisation des classes moyennes et un abandon des populations les plus démunies. Cette situation fragilise la paix nouvellement acquise.

L’auto-promotion peut paraître un moyen pour permettre le développement d’une économie populaire favorisant l’émergence ou le retour d’une classe moyenne, permettant, pour les populations les plus démunies de pallier l’absence de l’Etat. De plus en plus, les ONG et les organisations internationales interviennent pour soutenir, voir initier ce type de démarche. Elles oublient cependant que l’auto-promotion dépend d’un processus qui ne peut en aucun cas être une commande de bailleurs de fonds. Lorsque ce type de projet a été télécomandé, on assiste le plus souvent à un échec.

L’auto-promotion est défini comme une dynamique développée par un groupe de personnes pour subvenir à ses propres besoins, pour se promouvoir au travers de projets de production. Une organisation d’auto-promotion s’inscrit donc dans un mouvement social. Alain Touraine distingue dans tout mouvement social trois éléments clefs :

1)I = Identité : conscience d’une identité de situation. Exemple : conscience de classe comme préalable au mouvement ouvrier ; conscience d’une identité commune liée à la négritude, à l’histoire esclavagiste des Etats Unis d’Amérique, à son passé d’esclave, à son origine africaine indéfinissable et aux discriminations que cela implique dans la société américaine des années 70, conscience fondatrice du Black Panther Party...

2)O = Opposition : adversaire clairement identifié. Quels sont les acteurs auxquels on s’oppose ? L’Etat bourgeois pour le prolétaire marxiste, le pouvoir blanc pour le Noir Américain militant...

3)T = Totalité : la totalité pose les enjeux. Quel sont les enjeux de la lutte entre ceux qui se reconnaissent une identité de situation et leurs adversaires ? La Révolution, le droit à l’autodétermination...

Ainsi, Alain Touraine souligne la forte composante politique nécessairement présente dans tout mouvement social et donc dans tout mouvement d’auto-promotion.

Dominique Gentil propose une autre grille d’analyse. Il définit cinq critères :

1)une autonomie intellectuelle et financière,

2)des objectifs conscients et explicites,

3)Des rapports importants avec l’Etat et la société civile,

4)une taille, poids économique et politique suffisant,

5)Une organisation interne déjà établie

Si les trois éléments proposés par Alain Touraine permettent de repérer le cadre général, les critéres proposés par Dominique Gentil sont de l’ordre de l’opérationnel. Il s’agit donc de mettre en complémentarité la grille d’analyse proposée par Alain Touraine avec celle proposée par Dominique Gentil, dans le sens où c’est le passage du général (objectifs généraux dans un projet par exemple)à l’opérationnel (objectifs opérationnels venant ensuite dans un méme projet)qui va permettre d’exister (et c’est la réalisation des objectifs opérationnels qui vont permettre de tendre vers les objectifs généraux dans le cas du projet). Ainsi, les bailleurs de fonds devraient-ils peut-étre porter un regard un peu plus attentif sur leur partenaire, être aussi plus à l’écoute pour éviter d’insuffler des projets à des organisations qui n’ont pas les structures pour les supporter. Ceci éviterait bien des échecs fortement dommageables pour les ONG du Sud.

C’est avec cette conscience que Enfants réfugiés du monde travaille avec ces partenaires. Si le partenariat est une nécessité pour travailler sur des logiques de développement, cela ne suffit pas. L’action du partenaire du Nord doit être définie avec le partenaire du Sud en fonction de plusieurs critères qui prennent en compte l’utopie et la réalité, les besoins et les capacités. Ainsi, le partenariat entre Enfants réfugiés du monde et cinq comités de femmes de la bande de Gaza a permis en quatre années de travail en commun l’émergeance d’une association locale - "Culture et pensée libre" - aujourd’hui reconnue pour son indépendance et la qualité de ses programmes, et fortement implantée sur l’ensemble du territoire. "Culture et pensée libre" est née de la volonté de 5 femmes avec l’appui d’une ONG du Nord. Elle s’inscrit dans une logique d’autopromotion.

Key words

autonomy, role of the State, state disorganization, popular economy, NGO, human development, peace and development


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Notes

Jean-Christophe SIDOIT intervient pour ERM, particulièrement en Palestine et au Liban.

Source

Theses and dissertations

SIDOIT, Jean Christophe, Les ONG Palestiniennes du Liban ou l'étouffement

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