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Travail en partenariat d’Enfants Réfugiés du Monde et de l’association bosniaque BOSFAM -2-

Les difficultés du partenariat

Valérie CECCHERINI

09 / 1997

En Bosnie, un projet éducatif et psychosocial élaboré par l’organisation Enfants réfugiés du monde en 1995, et destiné aux enfants déplacés de Srebrenica préconisait initialement l’ouverture de centres d’activités dans la région de Tuzla. Les volontaires de l’organisation sur place ayant cependant constaté que de nombreux centres d’activités pour les enfants avaient déjà été établis dans cette région par des organisations locales, Enfants Réfugiés du Monde a modifié son programme. En effet, il apparaissait plus judicieux de travailler en partenariat avec l’association locale bosniaque créée en 1994 en apportant un soutien significatif à ses centres déjà en fonction.

Nous évoquons ici les difficultés du partenariat

A. Avec les animateurs locaux dans les centres :

Pour discuter des divers problèmes des centres, des enfants et décider des orientations de notre programme, nous avons organisé des réunions de travail hebdomadaires avec les animateurs locaux. D’autre part, les coordinateurs des centres s’étaient engagés à rédiger les d’activités et des rapports de gestion financière qu’ils devaient nous remettre chaque mois. Au cours de cette collaboration, nous nous sommes confrontés à un certain nombre de problèmes et j’évoquerai ici les deux principales difficultés auxquelles nous avons dû faire face.

1)En Ex-Yougoslavie, avant la guerre, il n’existait pas de centres d’activités pour enfants (tel qu’on les trouve en France)et les animateurs locaux avaient tendance à concevoir l’organisation de ceux-ci suivant un schéma très scolaire. Ainsi ils concevaient les activités sous forme de cours. Nous avons alors longuement discuté avec eux sur ce point et sur l’importance du jeu pour le développement psychosocial de l’enfant - et par exemple, concernant les activités sportives, nous leur avons suggéré d’organiser des grands jeux collectifs. D’autre part, ils avaient souvent tendance à raisonner de façon élitiste, c’est-à-dire selon le principe que l’on retrouve souvent dans nombre de pays de l’Est : récompenser les meilleurs éléments. Nous avons donc revu et redéfini les objectifs de notre action et les moyens pour les atteindre. Pour les animateurs qui n’avaient jamais entendu parler de ce type d’approche, il était cependant difficile d’intégrer ces nouvelles conceptions et méthodes de travail. Notre formation devait donc être continue et s’inscrire dans le long terme.

2)De plus, la situation de guerre et de pénurie que les Bosniaques avaient vécue pendant quatre ans, avait également généré certains réflexes qui subsistaient et notamment celui de faire des économies, des réserves. Les animateurs voulaient toujours économiser sur le budget mensuel que nous leur remettions et nous devions souvent insister pour qu’ils achètent plus de matériel ou de nouveaux jeux pour les centres. Ils avaient également tendance à stocker les jouets pour que les enfants ne les endommagent pas tous trop vite, pour qu’il y en ait encore pour plus tard. Nous leur avons plusieurs fois expliqué que le budget des centres avait été établi dans le cadre de besoins mensuels en matériel, nourriture pour subvenir aux besoins des enfants et qu’il pouvait être utilisé sans retenue. Mais les éducateurs ne parvenaient pas à se défaire de leur réflexe " d’épargne " et nous devions donc toujours nous assurer de la bonne gestion financière et matérielle des centres par un travail de supervision et d’encadrement.

B

Avec le siège de l’association Bosniaque

Tout d’abord, je dois préciser que notre contrat de partenariat avec l’association locale nous engageait exclusivement sur la réalisation d’un programme pour enfants avec les équipes de 2 centres de l’association, ce qui restreignait donc notre pouvoir d’intervention sur le fonctionnement de l’ensemble de l’association locale. Nous avons donc établi de bons contacts avec la coordinatrice de l’association bosniaque mais nous avons constaté nombre de problèmes concernant le fonctionnement interne de l’association. Avant tout, il manquait beaucoup de démocratie. Cela pouvait d’ailleurs s’expliquer - sans le justifier pour autant - par le contexte culturel du pays, héritage des années de régime totalitaire de l’Ex-Yougoslavie. D’autre part, privilégiant la quantité à la qualité, Bosfam s’efforçait toujours de multiplier ses programmes et ses centres. La coordinatrice qui cherchait ainsi à répondre à tous les problèmes à la fois, manquait visiblement d’expérience dans le domaine de l’action humanitaire et en gestion financière. La gestion des ressources humaines posait également problème et beaucoup d’employés de l’association travaillaient sans contrat. De toute évidence, les responsables de l’association locale n’avaient pas été suffisamment formés, ni encadrés par l’organisation internationale qui avait impulsé la création de cette dernière (OXFAM), pour leur permettre de gérer avec professionnalisme leur association.

Enfants réfugiés du monde pouvait-elle répondre à ces problèmes tout en restant dans le cadre de son partenariat ? Nous avons suggéré un autre mode de fonctionnement et un peu plus de démocratie à travers tous nos échanges avec la coordinatrice de l’association locale et surtout à travers notre travail en collaboration avec les équipes d’animateurs. Ainsi nous leur remettions un budget mensuel qu’ils devaient gérer eux-mêmes et nous supervisions cette gestion.

Key words

child, vocational training, NGO


, Bosnia and Herzegovina

Comments

Le partenariat présente de grands avantages pour développer un programme mais il implique aussi forcément des difficultés. Pour éviter certaines surprises il est primordial de toujours tenir compte du contexte culturel, social, économique et politique du pays dans lequel on intervient et où l’association locale avec laquelle on collabore, a vu le jour et évolue. D’autre part, si nombre d’associations locales en Bosnie connaissent aujourd’hui des problèmes de fonctionnement internes comme notre partenaire, les organisations internationales qui les ont impulsées en sont bien responsables. En Ex-Yougoslavie, avant la guerre, il n’existait pas d’organisation humanitaire et les Bosniaques n’ont ni connaissance, ni expérience dans ce domaine. Et avant de chercher à créer une association locale, il faudrait donc que les organisations internationales se donnent véritablement le temps et les moyens de former du personnel local en gestion financière humaine et administrative.

Notes

Voir aussi "Travail en partenariat d’Enfants Réfugiés du Monde et de l’association bosniaque BOSFAM -1-

Les avantages du partenariat

Valérie CECCHERINI a été coordinatrice du programme ERM en faveur des enfants bosniaques déplacés et leurs familles de février 96 à février 97.

Source

Original text

ERM (Enfants Réfugiés du Monde) - 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil cedex, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 59 60 29 - France - erm (@) erm.asso.fr

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