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L’argent, la puissance et l’amour

Réflexion sur l’évolution de quelques valeurs occidentales

Pierre Yves GUIHENEUF

11 / 1995

Est-il vrai que dans les sociétés occidentales modernes, l’échange marchand a tout envahi ? L’appétit de l’argent est-il la source de toutes les injustices, les corruptions et les déséquilibres écologiques ?

Non, répond l’économiste François Fourquet, ce n’est pas si simple. D’abord, certains rapports sociaux autrefois marchands ne le sont plus aujourd’hui dans les sociétés occidentales : le mariage, bien sûr, mais aussi la vente des hommes eux-mêmes par le biais de l’esclavage. Ensuite, le marché n’a pas tout envahi : si on faisait le compte des activités bénévoles, du travail domestique non-rémunéré, du don et des autres rapports d’échange non-marchands, la part des échanges marchands dans les échanges totaux ne serait que de l’ordre de 25 % environ. Enfin, le marché n’est pas la base de la société capitaliste : l’Etat y a toujours joué un rôle déterminant. Le libéralisme à l’état pur n’a jamais existé. Depuis le moyen-âge, l’histoire économique du monde est celle d’une complexe relation entre le marché et l’intervention publique.

Pourtant, on a bien la fâcheuse impression que le travail ou la nature sont de plus en plus en plus marchandisés. C’est vrai, reconnait Fourquet, mais en accusant le marché ou l’argent de ces perversions, on se trompe de cible. Il ne faut pas confondre les instruments et les valeurs qui leur donnent vie. Pour l’auteur, c’est la recherche de la domination qui est la cause véritable des problèmes qui s’expriment par l’économie marchande. C’est la volonté de puissance des individus et des nations qui est à la source des déséquilibres modernes. Ne nous y trompons pas : le libre-échangisme porté par le Gatt n’est qu’un outil de maintien du leadership américain sur le monde. L’économie est subordonnée à la politique : c’est une erreur commune aux néo-libéraux et aux marxistes que de croire à la prédominance du lien marchand sur toutes les autres formes de lien social.

L’énergie suscitée par la recherche de puissance n’est pas le seul moteur des comportements humains. Il en est une autre, peut-être de même nature et de même intensité, mais orientée vers le respect, le partage et la solidarité, plutôt que vers la compétition et la violence : c’est l’amour.

En considérant l’homme comme un pur être de besoin, en faisant abstraction de ses relations avec la nature, et en ignorant l’amour comme moteur de ses actes, la science économique convertit l’homme en un froid calculateur. Il faut bâtir une science plus large, résolument mondiale dans son objet et diverse dans ses approches, que l’on pourrait appeler écoménologie (de "écomène" : la Terre habitée). Son sujet : non pas l’individu, la classe ou la nation, mais l’humanité dans son ensemble. Ses objectifs : des institutions mondiales et une société civile mondiale, c’est-à-dire un peuple solidaire et conscient de ses responsabilités communes.

Key words

system of values, environment, ecological cost, capitalism


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Source

Book

FOURQUET, François, L'argent, la puissance et l'amour. Réflexions sur l'évolution de quelques valeurs occidentales, FPH in. Dossier pour un Débat, 1993/09 (France), n° 22

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