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La pratique de l’Interprétation d’un site naturel ou d’un thème d’environnement

Yolanda ZIAKA

07 / 1993

Le terme de l’interprétation est né aux Etats-Unis : dès la fin du 19e siècle, le personnel chargé d’accueillir et de guider les visiteurs dans les Parcs Nationaux, est désigné sous l’appellation "interprètes". Dans les pays anglo-saxons et au Québec, ce terme est passé dans le langage usuel (dépliants, centres de formation, d’accueil etc...). Il recouvre les notions d’information, d’éducation, d’animation utilisées en France et s’applique aussi bien au patrimoine naturel qu’aux sites historiques, culturels et paysages. Des techniques d’interprétation fréquemment utilisées sur les sites comprennent : -des équipements de plein air : panneaux, tables et sentiers, accompagnés de textes courts et d’illustrations, disposés sur les points de passage des visiteurs afin de donner une vision globale et de permettre de percevoir les principales caractéristiques du site, -la structure d’accueil (local reduit ou encore musée)où l’on propose au visiteur des produits et des services. Les fonctions remplies sont celles : -d’accueil, -de communication (qui se matérialise par des panneaux, des reconstitutions, des objets disposés autour d’un thème fédérateur), -de participation du visiteur (allant de l’observation et le jeu, à la manipulation d’objets et la réalisation d’expériences), -d’offre de services (achat de plaquettes, ouvrages etc liés au site).

L’élaboration des plans d’interprétation est une pratique déjà ancienne aux Etats-Unis et au Canada et tellement développée qu’un nouveau concept a vu le jour : "les schémas régionaux de présentation et d’interprétation du patrimoine". Ce concept est né d’un constat : l’interprétation du patrimoine dans ces pays relève d’une multiplicité d’initiatives autonomes et décentralisées (de particuliers, d’associations, de collectivités publiques de base). Ceci conduit souvent à des interférences, à des doubles emplois dans les projets ou à une valorisation déficiente de certains aspects. Les schémas régionaux visent donc à assurer la cohérence des initiatives en fournissant des orientations d’interprétation pour un territoire correspondant à des grandes collectivités territoriales.

Exemple de planification d’un sentier d’interprétation en France est celui du massif de Gardiole, réalisé par l’association des "Ecologistes de l’Euzière". Sur quatre sites différents, une série d’équipements analogues sont proposés : des parkings, une information par panneaux sur les parkings (la programme, le thème), des sentiers de randonnée balisés, une série de tables d’interprétation. Chaque site est consacré à un thème : l’histoire, la nature méditerranéenne, l’arbre, la pierre, et un conte est inventé et raconté aux randoneurs. Le thème de l’arbre, p.ex., a été présenté à l’aide d’un conte qui repose sur une analogie entre un espace boisé et une ville : "Chronique de la cité des arbres". La garrigue et les reboisements forment une cité, dont les quartiers sont symbolisés par les tables d’interprétation. A chaque quartier un phénomène est présenté, p.ex. l’ancienne forêt, sa surexploitation et sa transformation en garrigue, pour la première table etc.

En France, une formation d’"Eco-interprètes" de neuf mois, est proposée par le Centre Permanent d’Initiation à l’Environnement de Franche-Comté. Elle s’adresse à un public de niveau BAC+2 à BAC+4, ayant une pratique en sciences naturelles et environnement et une expérience d’animation. Au cours de la formation, les stagiaires se préparent à monter et à réaliser un projet professionnel en apprenant à : - se documenter et interpréter des informations sur un site ou un thème d’environnement, - concevoir et mener des séquences d’animations adaptées à un public d’enfants ou d’adultes, - mettre en oeuvre des moyens de sensibilisation ou des supports pédagogiques.

Key words

education, environment, environmental protection, environmental education, leisure


, United states, France

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L’interprétation fait appel au sensible, à l’imaginaire, au plaisir de découvrir afin de faire aimer et justifier la protection des sites naturels. L’apprentissage d’un savoir scientifique rigoureux y occupe une place secondaire. Elle permet de développer une EE diversifiée et d’atteindre un public large, par le biais des activités de loisir. Elle correspond à une nouvelle conception du tourisme (qualifié de "culturel", ou d’"éco-tourisme" par d’autres)qui associe, et rend compatibles, l’impératif de protection des sites et l’impératif du développement économique d’une région. Des problèmes particuliers se posent : - la connaisance préalable du public est fondamentale pour le stade de la planification mais difficile à acquérir, - la standardisation du mobilier d’interprétation menace de banaliser cette pratique dont le but initial était de faire émerger la spécificité d’un site, - des questions de la lisibilité, de la quantité d’informations proposées, demandent l’intervention de professionnels de la communication.

Notes

Sources : 1)8e Rencontres Européennes Ecole et Nature, "De l’approche emotionnelle au tourisme-nature", 1991, FRAPNA, Grenoble, 2)"Mémoires de l’Interprétation", 1991, D.R.A.E. Aquitaine, Bordeaux, 3)Brochure de présentation de la formation des "Eco-interprètes", C.P.I.E. de Franche-Comté, Besançon

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