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La position de l’intelligentsia dans la société russe moderne

Oxana DUVALOVA

09 / 1996

Dans le changement de régime politique et économique,c’est l’intelligentsia qui a subi le choc le plus sévère : elle a dû changer de profession, se reconvertir dans les affaires ou tenter de concilier business et activité culturelle. Cette appréciation est portée par les milieux de l’intelligentsia eux-mêmes. En effet l’intelligentsia vit une époque "tragique" : c’est elle qui a poussé à la libéralisation politique, qui a accueilli favorablement la Péréstroïka, qui a réclamé la liberté de pensée et de parole. Mais après la libéralisation du régime, elle s’est trouvé totalement inutile dans une société où l’individu ne doit rien à personne et n’a rien non plus à attendre de qui que ce soit. Les valeurs symboliques portées par les diplômes la connaissance, les récompenses, prestigieux dans l’ère soviétique, ont été totalement désacralisées. Les établissements de recherche et d’enseignement payent de maigres salaires à des chercheurs qui trouvent à s’employer dans les affaires ou le commerce à des salaires au mimimum deux à trois fois supérieurs.

Dans ces conditions, la classe sociale de l’intelligentsia a perdu toute homogénéité en Russie : les plus débrouillards, certains diront les plus talentueux, sont partis faire du business ou du commerce et n’ont aucune intention de revenir à des activités plus intellectuelles. Une certaine partie de l’intelligentsia en Russie ne veut plus ou ne peut plus jouer le rôle social qu’elle jouait pendant la période soviétique : elle a perdu en importance numérique mais aussi en influence sociale dans la période de transition économique et politique alors qu’elle a beaucoup contribué à promouvoir ces changements.

A partir de 1988-1989, une partie importante de l’intelligentsia russe a tenté de se convertir à la politique. Les intellectuels avaient pour atout, la capacité de polémiquer, de présenter des alternatives et de réfléchir sur les choix à engager. Des professeurs ont ainsi atteint les sphères du pouvoir : il s’agit d’A.Sobtchak, de G.Bourboulis, de R.Khazboulatov. Mais ce fut également le cas de haut-gradés de l’armée comme A.Routskoi par exemple. Le cinéaste le plus connu à être entré en politique est sans doute M.Zakharov.

Le succès des intellectuels en politique a été divers : certains ont quitté les sphères du pouvoir pour retourner à leur métier d’origine : c’est le cas de I.Afanasiev, d’autres sont devenus des politiciens professionnels comme I.POPOV, l’ex-maire de Moscou.

Il s’ensuit que la définition de l’intelligentsia comme classe sociale est de plus en plus difficile à établir : ses contours sont flous désormais ; il y a des intellectuels autant parmi les commerçants que parmi les professeurs ou les chercheurs. Peut-on alors définir l’intelligentsia comme une fonction sociale? Elle reste en tous cas à préciser, comme le déclarent les intellectuels interrogés par le sondage mené par Rossiiskaia Gazeta. Il est cependant certain que l’intelligentsia cimentée dans la période soviétique a perdu son prestige social, son identité et sa cohérence. Aujourd’hui il n’y a sans doute plus d’intelligentsia, mais des intellectuels qui vivent sinon dans la pauvreté, du moins en dessous du niveau de vie moyen de la population russe. La nouvelle élite sociale est plus matérielle : ce qui la distingue, c’est l’argent.

Key words

knowledge and power relations, social differentiation, cultural evolution and social change, social change


, Russia

Comments

Le capital culturel detenu par l’intelligentsia dans la société communiste était unegarantie de prestige social. Dans la période actuelle, les valeurs sont beaucoup plus monétaires et peu de membres de cete classe sont parvenus dans les conditions de transformation économique, à convertir ce capital culturel en capital économique.

Source

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Rossijskaja Gazeta, 1995/02/02 (RUSSIE)

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