español   français   english   português

dph is part of the Coredem
www.coredem.info

search
...
dialogues, proposals, stories for global citizenship

Les enjeux de la reconversion des officiers à la retraite

Arthur MALININE

11 / 1996

A la suite du déclenchement de la guerre froide, dans les années 1950, et du lancement de la course aux armements entre les deux superpuissances mondiales, l’URSS et les Etats-Unis, l’armée soviétique bénéficie de crédits et de moyens en hommes et en matériels de plus en plus importants. Sous la direction de Leonid Brejnev, l’armée est une institution favorisée, qui dépense une part significative des ressources du pays. Lorsque Mikhail Gorbatchev arrive à la tête de l’Union soviétique en 1985, il remet en cause les dépenses militaires considérables, qui affaiblissent l’URSS dans son ensemble. A cette date, l’armée soviétique regroupe environ quatre millions d’hommes. En 1988, lors d’une intervention à l’ONU, M.Gorbatchev annonce une diminution unilatérale de 500 000 hommes dans l’armée soviétique.

A la suite de l’effondrement de l’URSS, la Russie hérite de la majeure partie de l’armée soviétique. La réduction des dépenses militaires, et donc du personnel, devient l’un des soucis majeurs des dirigeants russes. L’armée russe compte environ 2,5 millions d’hommes en 1992. Le Parlement exige que le nombre de soldats ne dépasse pas 1% de la population totale. Tenant compte de cette exigence, l’objectif affiché du ministre de la défense est de disposer d’une armée de 1,5 millions d’hommes. Il semble qu’en 1996, ce chiffre n’ait pas encore été atteint. A cette date, l’armée russe compte environ 1,8 millions d’hommes.

Quoi qu’il en soit, la diminution des effectifs militaires entre 1992 et 1996 pose des problèmes sociaux importants. En raison de la diminution du nombre de soldats, le personnel d’encadrement, c’est à dire les officiers, font l’objet de plans de licenciement. Selon les chiffres du ministère de la Défense, 70 000 officiers sont relevés de leur service en 1994, 74 000 en 1995, 83 000 en 1996. 26% de ces officiers ont moins de 30 ans, 40% ont entre 30 et 40 ans, 24% ont entre 40 et 45 ans et 10% ont plus de 45 ans. Environ 40% de ces officiers n’ont pas le droit de toucher une retraite et 20% n’ont pas de qualification civile leur permettant de se reconvertir aisément. Le suivi des officiers à la retraite est important. Ce sont des hommes jeunes, sachant manier les armes, qui représentent un danger potentiel pour la stabilité sociale. Des programmes de reconversion professionnelle sont donc mis en place en Russie à partir de 1991.

Le sort des officiers à la retraite intéresse les dirigeants politiques russes. Dès 1991, B.Eltsine, alors président de la RSFSR, signe une ordonnance sur la reconversion des officiers mis à la retraite en raison de la diminution des effectifs militaires. Un centre de reconversion des officiers est créé. Ce centre ouvre des lieux de formation régionaux dans l’ensemble de la Russie. Son activité principale consiste à apporter une formation complémentaire aux officiers, en tenant compte de leurs compétences initiales et des demandes du marché du travail.

La reconversion des officiers intéressent aussi les institutions internationales qui se préoccupent de la démocratisation et de la stabilisation politique de la Russie. L’activité du Centre de reconversion des officiers est financée par la Communauté européenne et par le gouvernement allemand.

Les résultats du Centre de reconversion des officiers sont relativement modestes. Ses responsables invoquent les difficultés inhérentes à toute organisation nouvelle pour expliquer ce constat. Entre 1992 et 1995, 10 108 officiers ont bénéficié d’un programme de reconversion professionnelle. En 1996, 5 000 officiers devraient en bénéficier.

Le problème majeur auquel se heurtent les responsables des programmes de reconversion est la volatilité de leur public. La majorité des officiers à la retraite ne s’adressent pas à des institutions officielles pour bénéficier d’aides, mais, volontairement ou par méconnaissance des structures existantes, tentent de se débrouiller seuls. Peu de chiffres existent sur les modalités de reconversion réelles des officiers, ils semblent qu’une majorité d’entre eux trouvent du travail dans les sociétés de gardiennage privées, comme gardes du corps.

Key words

army, military, demilitarization, transition from war to peace, fighters reintegration


, Russia

Comments

La reconversion des jeunes officiers retraités est un problème social important. En raison des enjeux qu’elle représente, les chiffres annoncés par le ministère de la Défense comme par le Centre de reconversion des officiers doivent être considérés avec circonspection. Personne ne connaît le chiffre réel du personnel de l’armée russe, ni celui des départs à la retraite. Le centre de reconversion des officiers ne peut justifier son existence que par les résultats qu’il obtient. Il est possible que ceux-ci, quoique modestes, soit lègèrement gonflés.

Source

Interview

Entretien avec Aleksandr TSYGANKOV

Association France Oural - 14, rue des Tapisseries, 75017 Paris, FRANCE - Tél : +33 (0)1 46 22 55 18 / +33 (0)9 51 33 55 18 - Fax : +33 (0)9 56 33 55 18 - France - www.france-oural.org - franural (@) free.fr

legal mentions