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Le mouvement des femmes au Chili a-t-il perdu de son autonomie avec l’avènement de la démocratie ?

Mabel GABARRA

08 / 1995

Dans son intervention lors du séminaire-atelier "Les mouvements de femmes aujourd’hui en Argentine, Brésil, Chili, Paraguay, Uruguay" organisé à Buenos-Aires par le Réseau régional de communication entre femmes en juillet 1993, Erika PADILLA CID, de l’équipe de formation des femmes de milieux populaires de l’organisation chilienne Tierra Nuestra, a analysé les changements qui se sont produits dans le mouvement social chilien depuis la transition démocratique et les difficultés qu’il rencontre pour retrouver sa capacité de rassembleur social. Cette fiche résume la partie de son intervention qui concernait le mouvement des femmes.

Il est important de souligner qu’il existe aujourd’hui (1993)au Chili 38 ONG qui sont spécialisées dans le travail avec et pour les femmes et 120 autres qui ont, dans l’ensemble de leurs activités, des programmes pour les femmes. Même si elles ne travaillent pas toutes dans la perspective du "genre", ce qui les réunit, c’est le souci du développement personnel, de l’identité féminine, de la formation professionnelle et du soutien à l’organisation.

Parmi les organisations sociales de femmes, on peut distinguer les organisations populaires, celles des droits de l’homme, celles d’origine politique, celles d’origine religieuse, les féministes, les paysannes, etc. La plupart sont apparues pendant la dictature et en marge du cadre institutionnel en vigueur.

De même, on ne peut passer sous silence la coexistence d’organisations officielles, telles les Centres féminins, les organisations de volontaires, les organisations syndicales de femmes et les organisations corporatives.

De même, les femmes sont présentes dans les organisations politiques où elles mènent aujourd’hui leur lutte pour obtenir des espaces et une représentation dans les instances publiques.

Les relations qui se sont établies entre ces trois types d’organisations (ONG, organisations sociales, organisations politiques)ont été à l’origine des coordinations d’organisations sociales, des Maisons de la femme et des réseaux qui abordent des problèmes spécifiques aux femmes et lancent des actions concertées en direction de la société.

On ne peut non plus ignorer la contribution significative des organismes internationaux, en particulier du système des Nations Unies (UNICEF, PREAL, CEPAL, FAO), au soutien des projets de recherche sur la situation de la femme et sur son intégration au développement.

L’auteur aborde le thème de l’autonomie du mouvement des femmes au Chili et souligne que c’est sur ce plan que se produisent les conflits les plus importants.

Ainsi, au début de la transition démocratique avait été créé le SERNAM (Service national de la femme). Organisme de rang ministériel, il était chargé de définir les orientations générales de la politique publique concernant la femme. Cette création avait eu une double conséquence : d’une part, créer une confusion entre mouvement social et institution, d’où tendance à mélanger les niveaux et à chercher à utiliser l’Etat pour organiser les femmes ; d’autre part, éloigner cet organisme des instances sociales.

Autre facteur, l’entrée des femmes politiques, des cadres des ONG et des dirigeantes des organisations sociales dans la sphère publique les a conduites à jouer un rôle pour l’Etat et ses pouvoirs. Ceci a provoqué la confusion dans le mouvement dans la mesure où le passé avait laissé un héritage de méfiance vis-à-vis de l’Etat : ainsi, les fonctionnaires femmes, alors qu’elles ont des visages familiers, doivent remplir des rôles déterminés en fonction d’ordres venus d’en-haut et pas nécessairement en fonction de leurs convictions.

Les ONG qui, par le passé, étaient quasiment en symbiose avec les organisations sociales, ont aujourd’hui changé de point de vue à l’égard du gouvernement et établi un dialogue permanent avec l’Etat ce qui, dans certains cas, les a éloignées de la base sociale. Et celles qui continuent à croire à l’appui aux organisations de base et au travail pour l’organisation et la visibilité du mouvement des femmes ne sont qu’occasionnellement les interlocuteurs du gouvernement central : elles sont marginalisées de la même manière que les organisations sociales. Autre élément à souligner : si, dans le passé, le mouvement appelait à des actions de mobilisation, aujourd’hui, ce sont le gouverment et les ONG qui jouent ce rôle.

Bien que certains problèmes spécifiques soient abordés par le biais de propositions légales ou par le canal des médias, il n’y a pas de réponses concrètes pour autant, les discussions sont reportées et il n’y a pas de mécanisme efficace de communication pour examiner les différents points de vue face, par exemple, à un projet de loi : il est traité à huis-clos.

Au niveau micro-social, les organisations sociales existent toujours, mais de manière réduite. Elles travaillent toujours aussi efficacement à la création de sujets historiques dans une perspective de "genre".

En ce qui concerne les perspectives du mouvement, l’auteur estime qu’il traverse une période de latence. Il est confronté au défi de renforcer l’organisation à partir d’un travail de développement personnel afin de multiplier le nombre de femmes ayant conscience du problème des relations hommes-femmes ("genre").

Dans l’étape actuelle, il faut restaurer le riche tissu social qui existait pendant la dictature en se concentrant, comme axe unificateur, sur la résolution des conflits internes : expliciter les différences et les similitudes tout en reconnaissant l’hétérogénéité du mouvement, travailler à la formulation de propositions, affronter l’exercice du pouvoir dans le monde privé et dans le monde public, faire émerger de l’hétérogénéité des dirigeantes représentatives, légitimer et politiser les revendications. Ceci pour réussir l’évolution socio-culturelle qui est en marche et qui touche toute la société.

Key words

women’s organization, popular organization, State and civil society, autonomy


, Chile

file

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Notes

Fiche originale en espagnol, traduite par Jacqueline GELVEZ (RITIMO-CDTM), MFN 4748.

Source

Book

PADILLA CID, Erika, Movimiento de Mujeres hoy en Chile, Red de Comunicación, 1994/04 (URUGUAY)

INDESO MUJER (Instituto de Estudios Juridico Sociales de la Mujer) - Balcarce 357.2000 Rosario, ARGENTINA - Tel/Fax 0341-4402369 - Argentina - www.indesomujer.org.ar - indesomujer (@) uolsinectis.com.ar

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