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Médiation communautaire : le Community Board de San Francisco

08 / 1993

Comment résoudre un conflit opposant deux personnes sans attendre le verdict d’une décision judiciaire ? Par quel moyen peut-on éviter l’escalade, les tensions sociales, autrement que par la saisine de la justice ou de la police ? Autant de questions auxquelles la pratique de la médiation a apporté une réponse.

La médiation communautaire se fonde sur la participation directe des habitants du quartier pour résoudre les litiges qui y surgissent. Des centres autonomes de régulation des conflits se sont donc vite enracinés dans les quartiers des zones urbanisées, indépendamment des tribu-naux.

L’exemple le plus connu parmi ces centres de médiation autonomes aux USA est celui du "Community Board de San Francisco" créé en 1977 et dont l’initiative revient à Raymond Shouholtz, juriste de la ville de San Francisco. Pour éviter les frais et les frustrations des décisions judiciaires, ce professeur de droit a voulu rendre à chacun la responsabilité de son conflit et de sa résolution.

Le travail a démarré dans un quartier à très grande diversité ethnique qui connaissait le plus fort taux de criminalité et de délinquance juvénile de San Francisco. Le programme de médiation communautaire s’articule sur une gestion associative des conflits. Les habitants du quartier, tous volontaires, se proposent d’assister leurs voisins lors de disputes. Les personnes en conflits acceptent d’essayer de résoudre leur contentieux avec l’aide d’un groupe d’habitants du quartier.

L’objectif de cette expérience est de promouvoir une nouvelle manière d’aborder les tensions et les conflits dans le quartier et de réguler les litiges avant qu’ils n’entrent dans le système juridique traditionnel.

Fort des son succès, le Community Board de San Francisco fonctionnait en 1986 avec 400 bénévoles et 20 salariés. Trois centres de médiation sont répartis dans la ville, touchant une population de 300 000 habitants.

L’accent est mis sur la formation des médiateurs, 1 600 personnes ont été formées à la résolution des conflit grâce au programme. Les volontaires sont recrutés directement dans le voisinage et formés lors d’un stage de 15 jours. Les habitants doivent avoir au minimum 14 ans et doivent vivre dans le quartier.

La motivation des personnes qui aspirent à devenir médiateur, leur diversité d’origine donnent une qualité humaine très précieuse à la médiation. Ce mode de règlement des litiges permet de réaliser des économies budgétaires énormes.

Le succès remporté par cette pratique a permis aux formateurs du Community Board d’aller initier les enfants à la médiation et à la résolution des conflits dans les écoles. Ce modèle de médiation a été suivi également par d’autres grandes villes des Etats-Unis.

La médiation communautaire, comme le souligne Guy Bouault, auteur du texte, remplit une fonction civique. Elle permet aux citoyens de se réapproprier le pouvoir de règler les litiges, de créer de nouvelles solidarités. Les volontaires médiateurs acquièrent un sens réel de la responsabilité. "Le développement d’une justice de quartier est un droit démocratique et une responsabilité du citoyen ", dit-il.

Les expériences de médiation se développent afin de répondre non seulement à la crise de l’institution judiciaire mais de chercher à réduire les tensions sociales, à créer de nouvelles solidarités.

C’est en cela que Jean-Pierre Bonafé-Schmitt parle d’une "véritable politique d’intégration sociale".

Key words

social relationships, law, social insertion, community mediation, urban environment, community justice, mediation, social regulation


, United states, San Francisco

Notes

Community Board de San Francisco, c/o Tom Roderick, ESR Metro, 475 Riverside Drive Room, New York, NY, 10115-0450 USA

Source

Articles and files

La Médiation in. Non violence actualité, 1993 (France)

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