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Création d’un lieu de restauration géré par des jeunes femmes sans activité professionnelle

Projet mené par le centre social d’un quartier délabré et sans perspective de développement économique

10 / 1993

"Très éloigné du centre, rejeté derrière une barrière d’usines désaffectées, le quartier de Moulin Combat à Saint-Chamond (département de la Loire, France) a fort mauvaise réputation. La récession économique a provoqué l’abandon des locaux industriels, la désertion des habitants et l’accroissement de l’insalubrité. Plus une usine, plus un commerce, plus un café. Il ne reste à première vue que des murs et des cheminées délabrées, vestiges d’une intense activité de tissage et de tannerie, aujourd’hui disparue. Le quartier, à l’écart de tout, se compose d’une cité de transit construite il y a plus de vingt ans. Le seul équipement existant est un centre social.

"Le cours d’alphabétisation du centre social réunit, depuis 1983, des jeunes femmes de 20 à 25 ans, de toutes origines, faiblement scolarisées, vivant chez leurs parents, sans aucune activité professionnelle. Les préoccupations de ces jeunes filles sont avant tout économiques. Aussi, l’animatrice du centre social leur propose-t-elle de lancer une production de couscous, de confitures, de gâteaux... destinée à être vendue à un réseau personnel relativement limité dans un premier temps.

"Les résultats ne se font pas attendre : elles se répartissent les tâches, prennent en charge les achats, puis la gestion. Mais peu à peu se pose avec acuité la question de leur avenir professionnel : le couscous à la sauvette ne suffit plus.

"En avril 1985, une table d’hôte est ouverte. Elle fonctionne deux fois par semaine dans un centre social voisin, à l’extérieur de la cité, mieux placé pour recevoir la clientèle. La vingtaine de personnes accueillies se recrute essentiellement par relations, parmi les travailleurs sociaux, militants et sympathisants. Les repas sont assurés par cinq jeunes femmes dont deux sont, à tour de rôle, sous statut TUC (travail d’utilité collective).

Pour des jeunes femmes qui ne sortaient jamais de la cité, ne faisaient jamais les courses seules, ne gardaient pas un centime pour elles, cette confrontation à un public extérieur au quartier constitue une rupture importante avec le mode de vie traditionnel. Et parmi les habitants, les hommes notamment, personne ne s’y oppose.

"Toutefois, ce premier bilan, positif et porteur d’espérance du point de vue social, ne permet pas de juger de la viabilité économique.

"Cela n’empêche pas les travailleurs sociaux d’aller de l’avant et, en liaison avec la municipalité, d’inscrire cette action dans un projet plus étoffé de développement économique.

"En 1986, le projet de Guinguette déposé conjointement par le centre social, la municipalité et l’organisme HLM est lauréat d’un concours. De nouvelles sources de financement se profilent à l’horizon, relançant ainsi la dynamique.

"Lieu de restauration, pérennisant l’expérience actuelle, lieu d’animation culturelle et lieu touristique, la Guinguette, au bord du Giers, a pour mission de changer l’image du quartier. Chacun pourra désormais venir se restaurer sur les rives du Giers lors de la promenade dominicale."

Et pourtant, ne pouvant faire face à la concurrence, la Guinguette fermera en juillet 1992.

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Source : Initiatives féminines en matière économique, région Rhône-Alpes, à partir du dépouillement des répertoires et fiches expériences réalisées par l’ADRI (Agence pour le développement des relations interculturelles). Fiches rassemblées par la Maison de l’échange ACFAL, Centre de recherche et de documentation sur l’immigration, Lyon. (fiche 2.4).

Source

Grey literature

ADRI, S.D. (France)

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