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Un atelier d’écriture et de lecture animé par des bénévoles

Engagement et convivialité

Henriette NALLET

06 / 1999

A Pontcharra, au coeur d’une petite cité d’habitat social, des préfabriqués à bout de souffle accueillent deux fois par semaine un atelier d’écriture et de lecture, voire d’apprentissage du français pour ceux qui ne maîtrisent pas l’oral.

Il y a quatre ans, l’animatrice de l’aide aux devoirs faisait un constat : les enfants avaient besoin d’être soutenu par leurs parents alors même que certains de ces parents étaient dans l’impossibilité d’apporter une aide soit parce qu’ils ne maîtrisaient pas suffisamment le français, soit parce qu’ils n’étaient plus en mesure d’utiliser leurs propres acquis scolaires. Ainsi, l’atelier s’est créé en réponse à des besoins multiples.

Une équipe de neuf bénévoles, assistée de l’animatrice du Centre Social entoure les apprenants qui sont de niveaux divers. Pas de critère de sélection, ici vient qui veut. Et, si l’aide aux devoirs continue d’être un lieu où l’on repère des parents rencontrant ces difficultés, le bouche à oreilles amène régulièrement de nouvelles personnes. Plus d’une vingtaine d’adultes sont inscrits, mais le noyau dur est composé d’environ quatorze apprenants.

Ceux-ci se sont présentés un jour, une fiche d’inscription a été remplie avec eux. Elle est composée de quelques indications d’état civil mais aussi du prénom de leurs enfants, de leurs loisirs... Ces informations servent aux bénévoles pour évaluer le niveau de la personne et fournissent une matière première pour commencer le travail de photographie des sons. Un peu plus tard, l’apprenant signera un contrat d’engagement : engagement dans un temps défini (généralement une année scolaire), engagement sur le nombre d’ateliers qu’il fera par semaine, engagement sur les horaires et le fait de prévenir en cas d’absence. Ce contrat mis en place après que la première année ait été marquée par des présences épisodiques, a permis de structurer certaines attitudes durant les ateliers. C’est sur la base de cet engagement que se justifie la discrétion demandée lorsque l’on est en retard, ou le fait de devoir, quelques temps après la relâche du Ramadan, reprendre un rythme régulier...

Un accord avec la halte-garderie permet aux enfants en bas âges d’être gardés gratuitement pendant la durée de l’atelier. Un service qui oblige les mamans à accepter les contraintes de la collectivité comme de préparer l’adaptation de l’enfant..

Durant les séances, des petits groupes par niveaux sont formés d’un côté les débutants dont certains ne maîtrisent pas l’oral, de l’autre les initiés qui souhaitent surtout travailler la grammaire. Un groupe intermédiaire a parfois été nécessaire. Deux à trois bénévoles sont présents par groupe. L’option d’un bénévole par apprenant a été rejeté dès la création de l’atelier, les bénévoles craignaient d’avoir des difficultés à gérer des attaches affectives fortes. Ils tenaient à ce que l’atelier soit un lieu convivial mais qu’il reste avant tout un lieu où l’on travaille et leur rôle est parfois de rappeler ce cadre.

Au départ de l’atelier, les bénévoles se sont jetés à l’eau sans bien savoir quelle méthode utiliser, une institutrice a pu apporter son savoir mais il était évident que l’atelier devait être un lieu convivial et non scolaire. Peu à peu, en se formant, ils ont appris qu’il n’existe pas une recette universelle. Au cours des préparations, collectives les premières années, plus souvent individuelles maintenant, ils ont rassemblé une multitude d’exercices qu’ils adaptent ou retravaillent en fonction des besoins : des exercices pour travailler les sons, construire un texte, photographier des mots, des recettes de cuisine, des mots croisés... Le principe est de partir, autant que faire se peut de ce que les apprenants écrivent ou disent spontanément. A partir de cette base, la syntaxe, la grammaire et le vocabulaire peuvent être retravaillés. Pris dans un contexte, ils sont plus facile Ï retenir. Lorsque Fatima a raconté qu’elle ne pouvait pas aller chercher du pain car elle se trompait dans la monnaie, le thème des séances suivantes a été la découverte de la monnaie. A ce titre, la pause café permet de partager les gâteaux faits maison mais aussi d’échanger de façon informelle.

Les progrès sont difficiles à mesurer même si des évaluations sont faites en cours d’année. Comment mesurer les transformations dans l’insertion sociale ? De petits indicateurs sont là : les mamans qui accompagnent les enfants lors de sortie scolaire expriment publiquement un intérêt pour leurs enfants et sont elles-mêmes fières de pouvoir être utiles dans le milieu scolaire. Elles expliquent aussi que si elles ne sont pas encore capables de comprendre la liste des devoirs demandés à leurs enfants, elles savent se repérer dans le cahier de texte et voir si il a quelque chose à faire ou non. Ainsi l’objectif de départ de l’atelier est-il en partie atteint : les mamans, petit à petit, peuvent soutenir leurs enfants dans le cadre scolaire.

L’atelier a été sollicité pour accueillir des personnes vivant du Revenu Minimum d’Insertion dans le cadre de leur contrat d’insertion. Ces RMIstes souvent d’origine française n’avaient pas toujours conscience de leur situation d’illettrisme. De plus, il est apparu que la cité où est située l’atelier est peu fréquentée par les habitants d’autres quartiers. Ainsi, le public de l’atelier est très homogène, beaucoup de femmes en grande majorité d’origine étrangère., et les bénévoles, malgré leur volonté d’ouverture, ont du mal à toucher d’autres personnes.

C’est pourquoi, ils veulent diversifier leur offre à travers deux ateliers complémentaires ; un sur le plaisir d’écrire, l’autre sur le soutien administratif. Ces différentes activités auront chacune leurs lieux. Et l’atelier sous ces différentes formes sera plus encore une passerelle vers le centre social. De plus, l’atelier s’est doté d’un ordinateur qui ne peut pour des raisons de sécurité rester dans les préfabriqués. Alors ceux qui souhaitent taper leurs textes doivent se déplacer au centre social dans un tout autre quartier.

Key words

illiteracy, training, elimination of illiteracy, social insertion, educational method, learning process, solidarity


, France, Isère, Pontcharra

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La souplesse du bénévolat permet de s’adapter aux besoins des personnes même si l’équipe se modifie chaque année. Ici, le bénévolat s’est construit dans un engagement fort : en temps d’ateliers, en réunion de coordination et en formation. Ce cadre structuré de même que celui qui concerne le fonctionnement de l’atelier est sans doute essentiel pour que cette énergie soit utilisée au mieux.

Notes

Contacts : Marylin JACQUIN, Centre Social René Cassin - 21 rue Laurent Gayet - 38530 Pontcharra - 33 (0)4 76 97 79 79.

Entretien avec JACQUIN, Marylin

Source

Interview

IRIS (Isère Relais Illettrismes) - Le Patio - 97 galerie de l’Arlequin, 38100 Grenoble, FRANCE - Tél / Fax : 04 76 40 16 00 - France - www.cri38-iris.fr - cri38.iris (@) wanadoo.fr

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