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Etre autonomes pour ’libérer’ les bailleurs de fonds et qu’ils aillent aider à développer ailleurs

Salimata OUEDRAOGO, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT

12 / 1998

Madame Salimata Ouedraogo : « L’autonomie c’est bon mais ce n’est pas toute la population. Je vais revenir un peu sur Six S. Quand je travaillais au Naam-Six S, celle-ci n’était pas autonome, elle dépendait des ONG qui venaient nous aider. Mais actuellement, la moitié de Naam-Six S est devenue autonome.

C’est mieux de montrer à quelqu’un comment on gagne à manger que de lui donner à manger tous les jours. Parce que même si vous allez financer, si vous allez aider une association ou un groupement, il faut lui dire : «Essayez de vous battre pour prendre un jour votre liberté». Il ne faut pas que la personne s’attende toujours à l’aide, à l’aide, à l’aide... Là le groupe n’est pas perfectionné. Si vous arrivez à gagner 2, 3 ou 4 financements, vous pouvez être autonome, et c’est cela qu’on appelle une bonne marche de l’association. Par exemple, il ne faut pas que les bailleurs de fonds restent avec toi jusqu’à la fin de ta vie. Il faut qu’ils essaient d’aider ici 2, 3, 4 ans puis qu’ils se déplacent pour une autre association. Aider pour que la personne soit autonome un jour et qu’eux puissent s’envoler vers un autre océan, pour pouvoir aider là-bas aussi.

Il ne faut pas que vous restiez avec la personne. Ce n’est pas bon, la personne ne se débrouille pas. Si vous arrivez à avoir un financement, deux financements, trois financements, de gros financements, de bons financements, le financeur ne va pas dire de rembourser l’argent. Vous essayez de dire : «Dans trois ou quatre ans il faut que nous soyons autonomes». Il faut que nous soyons autonomes pour libérer un bailleur de fonds, qui pourra aller faire un développement ailleurs. Je crois que vous, les bailleurs de fonds, si vous allez nous donner de l’argent à travailler, il faut nous dire et nous redire encore : «Essayez un jour d’être autonomes parce que nous on doit s’envoler partout, on doit essayer d’aider partout». Il ne faut pas que tu sois bloqué sur place. Par exemple, si vous aidez ici, à Ouaga, vous devez dire : «A un moment donné vous devrez être autonomes». Tu dois travailler dans toute l’Afrique, pas uniquement dans la zone de Ouahigouya. Tu dois partir vers le Mali, et après si tu sens que l’association est bien, tu quittes pour le Sénégal. Et tu te fais découvrir par tes activités. Ce n’est pas intéressant d’avoir un seul impact. C’est comme un homme d’affaires. Il part à la banque, qui lui prête au moins 2 millions. Parce qu’il va travailler, il laisse des garanties pour le banquier. Si tu prends les 2 millions, tu ne vas pas dormir, tu vas te battre, pour récupérer tes papiers de garantie. A ce moment, il faut bien travailler. Il faut sensibiliser pour que la personne sache qu’il faut qu’elle soit autonome. Et moi je veux que vous aidiez les gens qui veulent être indépendants plutôt que les gens qui ne veulent pas bouger.

L’association (entre celui qui aide et celui qui est aidé)c’est comme l’enfant et ses parents. Pendant la grossesse, tu vas vivre avec l’enfant pendant 9 mois et puis tu vas le mettre au monde. Il y a un âge où l’enfant aura le désir d’être indépendant. Alors tu ne dois plus acheter du lait pour l’enfant, ni de l’habillement, ni le suivre pas à pas. Mais il y a toujours de l’amour maternel, de l’amour humain, que tu dois de temps en temps donner à l’enfant. Rappeler de temps en temps : «C’est moi qui suis ta mère, c’est moi qui suis ton papa», lui dire «Tu sais, tu es mon trésor». Lui faire comprendre que tu as toujours de l’amour pour lui mais qu’il est indépendant.

Alors il faut essayer de sensibiliser les associations, là où vous allez financer, pour tout faire pour qu’un jour elles soient autonomes. C’est mieux que de chaque fois apporter des secours. Sinon, vous n’allez être qu’à un seul endroit ».

Key words

autonomy, economic dependence, association, donor agency, countrymen’s organization, women’s organization


, Burkina Faso, Ouahigouya

Comments

Les donateurs comme les bénéficiaires de l’Aide extérieure ont tous les deux intérêt à construire l’autonomie des bénéficiaires, car la relation d’aide doit faire place à l’indépendance et l’Aide pourra alors servir à d’autres !

Notes

Entretien avec OUEDRAOGO, Salimata

Source

Interview

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