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L’histoire de la représentation du monde rural face à l’Etat

De la Fédération des ONG sénégalaises -FONGS- au Comité national de concertation et de coopération des ruraux -CNCR-, Sénégal

Séverine BENOIT, Ndeye SARR

10 / 1998

Madame Ndeye Sarr, Présidente de la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises): "La FONGS, de par son histoire, est une association paysanne. Même si elle n’a pas eu ce nom là. Elle a le nom de fédération des ONG, mais c’est un nom qu’elle s’était donné pour avoir sa reconnaissance juridique. Elle a été créée en 1978. Lorsqu’elle a voulu avoir sa reconnaissance juridique, le gouvernement sénégalais qui avait mis en place l’Union nationale des coopératives en 1960 a dit: "Il y a déjà une structure pour le monde rural, donc les nouvelles associations paysannes doivent aller se fédérer là- bas". Mais nous, on n’avait pas les mêmes objectifs, on n’avait pas les mêmes préoccupations, on n’avait pas les mêmes visions des problèmes. La FONGS ne voulait pas prendre la même démarche que les coopératives, c’est pourquoi elle s’est donné le nom de "Fédération des ONG sénégalaises", pour avoir sa reconnaissance juridique. Mais en fait c’est une fédération d’associations paysannes. Sur 21 associations qui la composent en 1998, il y en a une seule en zone urbaine. Toutes les associations sont au niveau des villages, ce sont des agriculteurs, des pêcheurs, des éleveurs.

L’ancien président de la FONGS, Mamadou Cissokho, toujours très préoccupé par les problèmes du monde rural et qui est toujours en train de se battre pour le bien être des paysans, passait tout son temps à se renseigner pour aider les paysans. Mais à chaque fois qu’il soulevait un problème au niveau des ministères, on lui disait: "Vous la FONGS, vous ne représentez pas le monde rural". C’était vrai.

Conscient des problèmes qui affectaient de plus en plus le monde rural, la FONGS, sous la direction de Mamadou Cissoko, a organisé en 1993 un Forum avec comme thème: "Quel avenir pour les paysans sénégalais?". C’est un forum qui a animé tout le pays, cela a fait beaucoup de tapage. On a invité les autres acteurs du monde rural, c’est à dire les coopératives d’agriculteurs, de pêcheurs, d’éleveurs, les associations de femmes, etc. et tout le monde a répondu à l’appel de la FONGS. Au forum, le premier ministre est venu. Puis il a reçu la délégation de toutes les organisations présentes. La FONGS a continué à épauler cela car elle était consciente que certains problèmes ne pouvaient pas être soulevés sans être unis, sans avoir développé une force. C’est pourquoi on avait invité les autres acteurs. Et on est arrivé à créer le Comité national de concertation et de coopération des ruraux, le CNCR .C’est une organisation qui a connu peut-être quelques difficultés au début, c’était très normal, parce que c’est une force qui peut effrayer la politique de l’Etat. Parce qu’au niveau du Sénégal, 70% de la population c’est le monde rural, donc si les 70% du monde rural sont fédérés dans une organisation, cela peut perturber certaines décisions prises par l’Etat. Mais finalement aujourd’hui, le CNCR est connu comme la famille paysanne, la famille rurale. Il est l’interlocuteur du monde rural devant le gouvernement et les bailleurs de fonds. Le CNCR tient un partenariat qui est en bonne voie, qui se fait dans de très bonnes conditions, avec le gouvernement. Pour tous les problèmes qui sont traités au niveau du gouvernement et qui intéressent le monde rural, le CNCR est là".

Key words

countrymen’s organization, power, social movement, State, rural environment


, Senegal, Thies

Comments

Pourquoi une fédération d’associations paysannes autonomes a-t-elle, après 15 ans d’existence, cherché à unir les différents "acteurs du monde rural" au risque d’y noyer sa propre identité ? "Pour relever le défi de sa trop faible représentativité face au pouvoir politique", explique son actuelle présidente.

Notes

Entretien à Bonneville, septembre 98

Entretien avec SARR, Ndeye

Source

Interview

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