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Echange d’expériences, réciprocité et développement

L’atelier DPH à l’IEDES : une rencontre, une surprise, un chemin de traverse...

Ana LARREGLE

12 / 1998

Depuis ans, j’ai la chance d’animer l’atelier DPH à l’Institut d’Etudes du Développement Economique et Social (IEDES)de l’Université de Paris I. Il s’adresse à des étudiants du DESS "Pratiques sociales et professionnelles du développement" (Bac + 5). L’atelier est proposé comme un enseignement non obligatoire de 15 heures disposées en 7/8 séances tout au long de l’année.

Pourquoi cet atelier ? Il s’agit pour nous de réfléchir au rôle de DPH comme outil dans la pratique professionnelle : quel place pour la capitalisation d’expérience, l’échange et les réseaux ? En quoi peut-il favoriser des relations équitables ? Peut-il contribuer à un développement fondé sur la réflexion et l’échange, et non pas sur l’adhésion à des modèles imposés ? Quelles formes pour la communication inter-générationnelle ? Quelle place pour l’expérience à côté du savoir académique ? Il n y a ni modèle, ni module, ni méthode unique. Tout est affaire d’adaptation, d’ouverture et de constante remise en question. La première des réciprocités se trouve dans l’écoute, qui sera notre "méthode".

Un atelier est le projet d’un groupe humain, et il est important de le formaliser sur papier, de le suivre et le recibler autant que possible, de l’évaluer et de le capitaliser, de garder en tête les objectifs, d’en planifier les étapes mais aussi de les repenser sans cesse...

Un atelier est également un petit laboratoire d’expériences, où l’on apprend à revisiter cette notion de manière large et subjective. L’expérience n’est plus uniquement le fait d’avoir exercé un travail rémunéré : elle se vit et se construit.

Il est fondamental d’arriver à un premier partenariat, ici entre la FPH et l’IEDES, avec L’AMI comme "intervenant". Mais, au quotidien, ce chantier est bâti sur la volonté des personnes qui devront construire ensemble ou se quitter. Entre les étudiants et l’animateur, un contrat implicite est passé : un contrat de groupe, d’effort et de réciprocité, qu’eux tous devront respecter. Ce lien est à la base de l’avancement d’un atelier, et implique de la part de l’animateur de soutenir la dynamique lancée. Honnêtement, je ne sais pas si le mot "animateur" correspond au rôle que j’ai essayé d’avoir ; il me semble pompeux, mais je n’en trouve pas d’autre pour l’instant. En tout cas, je le préfère à "moniteur", "formateur", etc.

Appliquer jusqu’au bout notre principe de "pédagogie de la réciprocité" est une tâche difficile et progressive, mais ô combien fertile et motivante. Choisir ce chemin nous oblige à être critiques par rapport à nos pratiques pédagogiques intuitives et à rechercher une cohérence avec ce que nous proclamons. Qu’est-ce que le développement durable ? Qu’est-ce qu’une pratique participative ? Nos objectifs ne peuvent être atteints que par l’exercice de méthodes appropriées. Nous trouverons des pistes intéressantes dans la théorie et les pratiques de la dynamique de groupes, par exemple.

L’atelier d’initiation à DPH et de capitalisation individuelle, organisé la 1ère année autour d’une multiplicité d’intervenants abordant divers sujets, associait conférences et travaux pratiques. Il a produit une série de fiches individuelles sur des thèmes divers proposés par la FPH.

Le groupe de travail utilisant des méthodes DPH a pu se créer la deuxième année, avec des objectifs de production collective d’un dossier. Le rôle de l’animateur reste fort, et il doit encourager la dynamique collective à se donner des délais, se distribuer des tâches, etc. Partant d’une approche commune, à l’occasion "la relation micro-macro", et du libre choix des thèmes par les participants, cet atelier a abouti à la production d’une vingtaine de fiches, à la comparaison avec les fiches de la base, à la création d’un dossier mixte incluant une introduction, un plan de classement et une conclusion. En revanche, les étudiants n’ont eu ni le temps ni le réflexe de mémoriser les leçons du processus.

Le groupe de capitalisation, de discussion et d’échange d’expériences est la troisième forme de travail. Souhaitant développer une réflexion et une pratique de l’échange d’expériences, j’ai fini par plonger dans cette tentative forcenée de constituer un groupe, de construire ensemble des espaces d’échange, d’opinion et de positionnement. Plusieurs axes nous ont structuré ces trois dernières années : la capitalisation comme apprentissage de nous mêmes ; l’analyse de notre propre échange d’expériences ; les discussions sur les réseaux, sur le positionnement des jeunes face au monde du développement, du travail, de la concurrence, des compétences professionnelles... Je n’ai rien imposé. ce projet s’est imposé à nous.

L’animatrice devient ainsi participante : pour avancer, il faut apprendre à écrire avec le groupe, à provoquer, à écouter, à se remettre en cause, à construire en marchant, à accepter de ne pas tout contrôler...

De sont côté, le groupe d’étudiants n’est ni parfait ni homogène, ni consensuel ni cohérent. Il faut accepter des formes de participation diverses, des rythmes différents, des résultats inattendus. Certains écrivent vite, d’autres n’écriront pas, et nous auront pourtant tant apporté, ils auront profité de ce partage. Il faut du temps, de la confiance, de l’envie. Envie de donner et de recevoir, envie d’être vrai et de s’investir.

Le travail de chaque groupe est particulier : itinéraire d’un groupe et non pas méthode automatiquement transférable.

Il n’est même pas nécessaire de vous dire que le "groupe sous contrat" est celui qui nous donne le plus d’enseignements, le plus de motivation, et qui déstabilise le plus dans ses moments presque thérapeutiques.

Key words

methodology, network for the exchange of experience, training, assessment


, France

Comments

Qu’est-ce qui reste chez ces jeunes ? Quels sont les effets de cette pratique d’échange d expériences, de dialogue et de réciprocité sur le métier d’agent de développement ?

Il me semble que la réponse doit être donnée avec les nuances des années qui passent et des personnalités différentes : pour certains jeunes, DPH fera partie de leur projet professionnel ; pour d’autres, il aura été l’éveil à la notion de capitalisation d’expériences ; d’autres gardent davantage la notion d’évaluation collective comme un moment constructif, contrairement à certains vécus scolaires ; pour d’autres, ce sera la constitution d’espaces de débat...

Une éducation informelle pour l’Université ? Une recherche de groupe pour des jeunes ?

Quant à moi, j’apprends surtout que les résultats et les leçons de cette expérience se trouvent souvent ailleurs, là où on ne les attend pas... Il nous reste maintenant à penser comment construire d’autres pratiques, d’autres espaces, d’autres articulations, pour appuyer dans la durée ces échanges.

Source

Original text

L’AMI (Ateliers Mutualisés pour un Usage Social de l’Information) - 61 rue Victor Hugo, 93500 Pantin, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 44 09 52 - Fax : 33 (0)1 48 43 74 44 - France - www.lami.org - lami (@) lami.org

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