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Organisation d’une rencontre sur l’initiative économique à Villarceaux

Un travail préparatoire solide et une animation adaptée à l’objectif : la rédaction d’une synthèse

Philippe AMOUROUX

09 / 1998

La rencontre de Villarceaux d’octobre 1997 portait sur le thème de l’initiative économique comme vecteur de changement social. Elle a été organisée par un groupe de partenaires français et un Italien. Elle était l’aboutissement d’un programme de travail de deux ans. Deux organisations d’Inde et du Sri Lanka, deux chiliennes et deux brésiliennes ont participé et apporté des contributions individuelles mais sans travail collectif préalable. Deux personnes du Bangladesh et du Burkina Faso avaient été invitées auxquelles il n’avait pas été demandé de contribution.

Un dossier préparatoire assez volumineux avait été distribué trois semaines auparavant. Il comprenait le travail des deux années du groupe de Paris (études de cas sous forme de fiches DPH et de documents plus longs d’une quinzaine de pages, analyse transversale et deux ou trois grandes questions pour introduire le débat)et des travaux ponctuels des groupes asiatiques et latino-américains (études de cas et fiches DPH). Chaque organisme avait fait une fiche avant la réunion pour que le premier tour de table se limite à l’énoncé du nom et de l’organisme. Les temps de pause (minimum 15 minutes et souvent 30, trois par jour plus 1h30 à midi minimum et la soirée ; en revanche, on peut travailler assez tard dans ces conditions : 18h voire 19h)sont suffisants pour compléter les échanges. Les objectifs et procédures de travail étaient écrits noir sur blanc, et il était bien précisé que les participants ne venaient pas pour parler de leur organisme mais pour faire une synthèse collective. Au début de chaque phase de la réunion, l’animateur donne dix minutes pour que chacun écrive sur des cartes (1/3 de format A4)un constat majeur ou une proposition par rapport à la question posée en s’appuyant sur son expérience et sur le dossier. Une à cinq cartes par participants. Ensuite chacun a officiellement 5 minutes et en fait entre 5 et 10 minutes pour commenter ses fiches. On dispose les fiches sur un panneau en essayant de les regrouper par catégories. Quand tout le monde est passé, on prend un temps de débat non structuré, suffisant mais pas trop long pour faire des commentaires. Après la pause, l’animateur fait une restitution synthétique et propose l’organisation pour le tour suivant du débat. Dans le premier tour, on commence par les constats majeurs. Cela permet à chacun de rentrer dans le débat. Puis on prend la question principale de la rencontre et on demande les principes d’actions et propositions. A ce stade, changement de méthode : la synthèse des premiers principes trouvés permet de passer à un travail en sous-groupe. Chaque sous-groupe traite, par exemple, deux principes pour les affiner, trouver des formulations plus consensuelles et les décliner en sous-principes. Puis une plénière permet de rapporter les travaux des groupes et les valider. Ce processus peut être itératif s’il faut travailler encore pour créer le consensus. A chaque itération, on affine le champ de travail des groupes, ou si on atteint une étape, on continue sur les moyens ou le plan d’action pour mettre en ouvre les principes.

Après la rencontre, le groupe de base de Paris a relu les principes à la lueur de ses expériences et d’autres qui n’avaient pas été étudiées. Puis un travail de synthèse a été fait à nouveau qui sera publié très bientôt, donc un an après.

Key words

methodology, economic initiative


, France

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Points-clés de méthodologie :

1/ L’importance de la méthode des "cartes" pour arriver à une synthèse. On contraint dès le départ les participants à faire une synthèse. Impossible de s’échapper dans des considérations philosophiques générales ou de raconter sa vie. Le temps est très limité et oblige à aller à l’essentiel. On alterne avec des temps de débat non structuré pour que le groupe puisse respirer un peu, car cette méthodologie peut être pénible du fait de sa rigidité.

2/ L’importance de respecter les horaires. Il ne faut pas hésiter à couper les gens à la 7ème minute pour accepter qu’ils concluent vite. A la 9ème minute les couper encore s’ils n’ont pas fini. Ainsi le temps maximum de 10 minutes n’est pas dépassé. Ce système pousse fortement à la concision et beaucoup arrivent à donner l’essentiel en moins d’une minute ou deux. Au total on tient à peu près les cinq minutes par personne en moyenne.

3/ L’importance du lieu et de sa convivialité, mais aussi de son éloignement. La majesté du lieu crée sur les participants un émerveillement qui les prédispose à un travail de qualité. Le pendant est qu’il est quasi impossible d’avoir des temps de "dépaysement" (visites d’expériences externes, sorties culturelles le soir, rencontre avec des personnes ou des groupes externes à la rencontre)importantes pour prendre du recul et aborder les phases successives après avoir "régénéré" son esprit. Les balades dans le parc sont-elles suffisantes ? Il faut parfois aussi "voir du monde".

4/ L’importance d’allier correctement la rigueur de la gestion du temps et la convivialité. Les deux sont essentiels et il faut savoir les doser.

5/ Une bonne rencontre se place dans un processus de travail collectif avec un avant et un après. La rencontre était l’aboutissement d’une période de travail. Elle était programmée dès le départ, et les efforts ont convergé vers elle. C’est très différent d’une rencontre programmée "pour dans deux ou trois mois", même si on met une "équipe d’urgence" en place (task force)pour faire vite un dossier DPH et ramasser des contributions. Ici, il s’agit d’un travail collectif dans la durée avec une programmation au départ deux ans avant. De même, la rencontre aboutit sur un processus de travail complémentaire qui peut durer jusqu’à un an, avant de repartir pour une autre étape lourde de deux ans.

6/ L’importance de documents bien préparés. Plus on va loin dans la préparation, plus on arrive loin à la fin. La difficulté est d’encourager les gens à les lire. Une possibilité est de leur dire qu’ils auront à répondre à une ou plusieurs questions dans le premier tour de table.

7/ Il est difficile de faire participer des éléments distants ou nouveaux à une dynamique de travail collectif. Pourtant ici les participants asiatiques et latino-américains avaient été associés un an à l’avance. Ils avaient reçu la charte des groupes de travail parisiens. Ils savaient qu’il fallait étudier des cas et les échanger entre eux. En pratique, cela leur a permis d’apporter des contributions lues par une partie des participants, et de participer au débat, mais leur implication était néanmoins bien en retrait de celle du groupe de base.

Source

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(France)

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