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La capitalisation dans l’histoire de la FPH : éviter que les partenaires ne réinventent l’eau chaude et se soumettre en interne à la même exigence

Paulette CALAME, Sylvie ROBERT

12 / 1999

L’idée de la capitalisation à la FPH a une longue histoire. Dès le début une chose m’a frappée dans les discussions avec nos partenaires : c’est que c’était un éternel recommencement.

Lorsque l’on s’est retrouvé devant la création de cette Fondation, notre idée a tout de suite été la recherche/action, sans ambiguïté. Puis on a lancé cela, avec ce que cela implique de tâtonnements, pour chercher, sentir, et la première chose qui m’a frappée était la rencontre avec des jeunes d’Ingénieurs Sans Frontières. Ces jeunes allaient partir au Mali monter un projet. Ce qui m’a frappée, en dehors de leur enthousiasme, c’était que finalement en ayant eu une formation tout de même intellectuelle et poussée, ils raisonnaient sur certains points comme des enfants. Je me disais qu’ils allaient être déçus, et qu’il y aurait peut-être moyen de se servir de l’expérience des autres. Il s’agissait de préparer un bout de chemin avant de les envoyer pour que le choc ne soit pas trop dur. Ca a été pour moi le déclic, sur ces dysfonctionnements dans la transmission des connaissances.

Quelque part les gens accumulent un savoir qui reste là, et puis on recommence à inventer l’eau chaude. Ca ne veut pas dire que lire quelque chose ouvre totalement les portes, mais en tous cas lorsque l’on va se trouver en situation, on va pouvoir faire référence à l’existant. Un autre aspect me faisait peur, c’était que ces jeunes partaient avec une aisance et une assurance qui étaient quand même quelque peu déconcertantes. C’était le ’ On va apporter, on va faire, ils ont besoin de ci et ça, on va aider... ’. Ce sont ces aspects extérieurs qui pour moi ont été révélateurs.

C’est quand même intéressant de faire le point pour voir si ce que l’on a fait sur les 10 ou 15 dernières années a produit quelque chose, dans quel sens ça l’a produit, et ce qu’ont été les échecs et les réussites, en mettant l’accent sur ce qui n’a pas marché. Pour les ONG, c’était un discours nouveau. Pourquoi ça marche c’est une chose, pourquoi ça n’a pas marché, c’est plus difficile à cerner. On commençait à lancer quelques projets de ce type. Notre premier mot a été la maïeutique, faire accoucher de quelque chose.

Nous soutenions beaucoup Haïti à l’époque. Je me souviens de l’équipe qui travaillait là bas dans des conditions difficiles. Ils nous racontaient leur vécu de tous les jours. C’était plein d’enseignements, on leur a demandé de le mettre sur papier, mais lorsqu’on a reçu cela sur papier, c’était plat. On s’est alors demandé s’il n’y aurait pas lieu de monter un programme de soutien à la capitalisation.

Certaines capitalisations peuvent être plus des thérapies qu’autre chose, qui durent plusieurs années, ce sont des expériences extrêmement difficiles.

Parallèlement, la FPH devait être capable de faire ce qu’elle demandait à ses partenaires. Il est beaucoup plus facile de soutenir des actions que de se poser des questions sur la pertinence de l’action et cela guette chacun. C’est tellement plus facile... Comment peut-on demander quelque chose à quelqu’un ce que l’on refuse de faire soi-même ? Pour moi un questionnement perpétuel est celui du respect de l’autre. Il faut toujours être cohérent avec les idées que l’on défend et les appliquer.

Pour moi, dans le cadre de la FPH, capitalisation et évaluation ne vont pas l’un sans l’autre. Il faut que l’on commence à capitaliser, que l’on voie ce que l’on a assumé, que l’on en tire les leçons, et puis ensuite que l’on évalue cela... Que faisons-nous ? Est ce que cela a un impact ? Qu’est-ce qu’on en a appris pour l’avenir ? Si on utilise les deux mots en interne à la FPH, c’est dans ce sens là. Les deux démarches sont liées et se nourrissent l’une et l’autre.

En externe, il faut bien différencier les deux, car leur perception est bien différente. L’évaluation c’est venir regarder ce que vous avez fait, et juger ce que vous avez fait, voir si c’est bien conforme au contrat ou à la convention passée. On ne se pose pas de question sur le fond, sur les relations humaines, ça n’intéresse personne.

Les fiches de suivi sont une part, qu’on le veuille ou non, de la capitalisation. DPH est de son côté une grande aventure.

Key words

action research


, France,

Notes

Paulette Calame est présidente du conseil de gestion de la FPH ; elle est également à l’origine du projet de la fondation.

- 199912

Source

Interview

FPH (Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme) - 38 rue Saint-Sabin, 75011 Paris, FRANCE - Tél. 33 (0)1 43 14 75 75 - Fax 33 (0)1 43 14 75 99 - France - www.fph.ch - paris (@) fph.fr

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