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A la base du désir de capitalisation d’expérience, une exigence collective de vérité dans le but de progresser dans son action

La crainte des ONG d’être jugées sur leurs résultats fait d’eux les plus mauvais capitaliseurs qui soient

Bernard LECOMTE, Sylvie ROBERT

12 / 1999

Il y a une quinzaine d’années, une association amie m’a proposé de faire la capitalisation de l’expérience d’une organisation. J’ai lu tout ce qu’ils avaient écrit et j’ai fait un texte qui montrait les aspects positifs et les aspects négatifs et proposait des ’ leçons ’. ’ Mais c’est une évaluation ! ’, s’est exclamé le directeur. Pour que cela soit une capitalisation, il aurait fallu ne pointer que les aspects positifs ?

Capitaliser, c’est mettre en évidence des avancées, des reculs, des erreurs. Ce n’est pas fondamentalement si différent de l’évaluation. La vraie différence est que l’on se met en groupe pour essayer de faire que tout ce que l’on a appris puisse servir aux autres. Et donc elle n’est pas demandée par un donneur d’ordres, elle n’est pas un instrument de gestion à court terme, mais un instrument de progression d’un groupe. C’est dans ce sens là que qui dit capitalisation, dit au point de départ création d’un groupe qui a envie de capitaliser ensemble.

Il y a des gens qui n’ont pas du tout envie de capitaliser pour une raison bien simple : il n’est jamais intéressant pour quelqu’un qui ne veut pas progresser de regarder son visage dans une glace. L’idée que l’analyse de l’échec est le moteur même d’une amélioration n’est pas partagée par tout le monde. Je me suis battu au Burkina Faso avec un de mes amis et associé, pour qui il n’était pas question que le chef puisse perdre la face. Si le chef ne peut pas perdre la face, jamais il ne peut y avoir de face à face.

Si vous voulez progresser, n’imaginez pas que cela va se faire dans la mollesse, cela va se faire en mettant à mal votre façon de faire. Dans ce cas, les ONG sont vraiment le plus mauvais public. Parfois je pense que si la plupart des gens des ONG viennent dans les ONG, c’est qu’ils ne veulent pas se confronter avec la concurrence, être jugés sur leurs résultats, mais sur leur image. Si nous posons la question : ’ Maintenant, on va vérifier, est-ce que vous touchez vraiment les plus pauvres ? Est-ce simplement un argument de vente, pour trouver de l’argent auprès des gouvernements, ou est-ce que c’est vrai ? ’ (Car tout le monde sait bien que l’aide ne peut pas toucher les plus pauvres, il faut déjà être fort pour être aidé), la résistance est d’autant plus grande que le groupe est grand, et que son image est importante. J’ai fait des évaluations de l’aide européenne, où le représentant des ONG de l’époque disait : ’ Mais nos mandants et nos donateurs n’ont pas l’habitude que l’on critique les actions que l’on fait ’ et refusait de voir publier non pas les résultats mais les noms des

Key words

NGO, assessment


,

Notes

B. Lecomte est ingénieur, consultant indépendant ; il milite depuis longtemps pour un développement endogène en Afrique.

Source

Interview

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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