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Histoire de l’ONG américaine RODALE International au Sénégal

Ansoumana SANE, Benoît LECOMTE

10 / 2001

Ansoumana Sane (cadre de l’ONG Rodale-Sénégal) explique ceci : "L’ONG Rodale International est une division du Rodale-Institute qui est basé aux Etats-Unis en Pennsylvanie. L’historique de Rodale est très simple : un ancien ambassadeur du Sénégal aux Etats-Unis a été invité à l’Institut Rodale pour la fête des agriculteurs. Emu par ce qu’il a vu là-bas en ce qui concerne l’agriculture durable dont les pratiques agricoles régénératrices, il a demandé à l’Institut de penser à une stratégie de transfert de ces technologies vers le Sénégal. C’est ainsi que le gouvernement du Sénégal a invité l’Institut Rodale à ouvrir un centre au Sénégal. C’était en 1987.

Venus ici en tant qu’observateurs, ses délégués ont parcouru un certain nombre de régions pour essayer d’identifier les régions où le problème de dégradation des sols était le plus marqué. A la suite de leur séjour ils ont produit un rapport concluant que le bassin arachidien était le plus touché par les problèmes de dégradation des sols et de l’environnement. En 1988, la première équipe de Rodale Internationale s’est installée à Thiès.

Il y avait trois composantes dans le programme Rodale : la recherche, la communication et la formation. La recherche parce qu’ici au Sénégal, il y a beaucoup de résultats de recherche qui dorment dans des tiroirs et que le paysan le plus reculé du Sénégal aussi bien que le paysan le plus près du centre de recherche agronomique ne pouvaient pas y accéder. Il y avait un déficit de communication entre les chercheurs et les populations. Les chercheurs avaient des problèmes pour mettre à la disposition des paysans les résultats de leurs études.

Son premier objectif a été de connaître (un peu) non seulement les campagnes sénégalaises mais aussi la nature, la sociologie sénégalaise mais en rapport avec la dégradation des terres et de l’environnement. Ils se sont beaucoup appuyés sur les sociétés parapubliques de développement pour intégrer le milieu rural sénégalais (notamment sur la SODEVA) et sur les centres de recherche agronomique (tel que l’ISRA). Trois ans après, quand l’équipe Rodale s’est sentie vraiment intégrée au niveau des campagnes, cette collaboration s’est consolidée et on a mené des programmes conjoints avec l’ISRA et l’Institut de développement. C’est par la suite que Rodale a commencé à intégrer dans ses programmes les organisations paysannes.

L’équipe a servi de pont entre la recherche et les OP en essayant de faire des recherches appliquées, c’est-à-dire prendre une technologie qui a été testée en milieu fermé et essayer de la transférer en milieu réel. A la suite de cela les populations pouvaient évaluer si ces technologies étaient adaptées à leur contexte ou pas.

Il était intéressant pour Rodale que les paysans, à tous les niveaux au Sénégal, puissent échanger des informations sur les différentes pratiques agricoles qui se faisaient. Un bulletin de liaison, "Entre nous", était édité par Rodale Internationale. On y demandait à des gens d’écrire une ou deux pages, de faire part de leurs expériences en matière de technologie qui pourraient être appropriées par les uns et les autres. On demandait aussi aux chercheurs de faire des publications sur les résultats de leurs recherches. On permettait aussi à des organisations européennes ou américaines ou bien à des chercheurs européens ou occidentaux, d’écrire des articles sur des découvertes et des nouvelles technologies. Le troisième axe, c’était la formation. On se disait qu’avant que le paysan puisse s’approprier une technologie, il faudrait au moins qu’il essaie de la maîtriser. On a mis le paquet sur la formation, notamment sur les techniques de compostage, les techniques d’agro-foresterie, les techniques de fenaison, toutes les techniques en rapport avec la production agricole. Voilà en gros comment on a travaillé de 1989 à 1994.

A partir de 1994, on a senti la nécessité d’évoluer puisque l’environnement avait aussi évolué, les gens ayant maîtrisé les technologies, il leur restait à accéder à une autre étape, celle d’avoir des volets d’accompagnement pour mettre en pratique ces technologies. On a introduit le "programme-développement" qui ne consiste pas en l’élaboration de gros projets mais plutôt de petits programmes liés à des activités agricoles. Ce programme est intervenu à partir de 1995 auprès des agriculteurs, des OP ou des entrepreneurs agricoles qui essayaient d’élaborer ces programmes (pour lesquels Rodale faisait beaucoup d’efforts afin de trouver des financements). J’ai oublié de dire que Rodale n’est pas une ONG qui finance des projets, c’est une ONG d’appui technique c’est à dire que si une OP élabore un programme qui nécessite la recherche de financements, Rodale peut être un trait d’union entre cette OP et un bailleur de fonds. Evidemment sur le plan technique, c’est Rodale qui va piloter le programme".

Key words

North NGO, applied research, training, agricultural production, information network, countrymen’s organization


, Senegal, Thies

Comments

Les premiers pas d’une ONG américaine (1989-1994) dans le paysage rural sénégalais montrent qu’elle avait l’ambition d’être comme un trait d’union entre la recherche agronomique et les organisations paysannes.

Notes

Entretien avec SANE, Ansoumana, réalisé à Thiès en juillet 1999.

Source

Interview

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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