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L’expérience d’une micro-coopérative et son attitude face à l’aide extérieure (Bédogo, Tchad)

L’opinion d’un leader, créateur d’une association de groupements paysans

Vincent GUELMIAN, Benoît LECOMTE

03 / 1998

Vincent Guelmian, paysan fondateur d’une coopérative et ex-président du CODEB (Comité d’Organisation pour le Développement de Bédogo) : "La Coopérative de production agro-pastorale", fondée en 1996, s’occupe de la production, de l’agriculture et de l’élevage et grâce à elle nous pouvons trouver de l’argent pas seulement par les cotisations mais par nos bénéfices. Elle compte 40 membres, tous de Bédogo, dont 18 femmes. Chacun peut adhérer. Un homme a un droit d’adhésion de 5 000 CFA (50 FF) et une femme de 2 500 CFA. La part sociale est de 10 000 CFA chacun. Nous avons collecté les parts sociales et obtenu 400 000 CFA. Avec cet argent, nous avons acheté des arachides et nous les avons revendus pour 547 000 CFA. Cette année, nous avons aussi acheté des arachides et du mil que nous allons revendre (67 sacs sont stockés aujourd’hui).

Nous avons une cotisation d’une cuvette de mil et de 100 CFA par mois pour faire fonctionner notre Coopérative.

Les bénéfices des ventes du mil collecté sont répartis en 3 parts égales :

- 1ère part : on se la partage entre nous ;

- 2ème : destinée au fonctionnement de la Coopérative

- 3ème : on augmente notre part sociale pour grossir notre Coopérative. Ainsi, même les bénéfices de nos premiers 400 000 CFA de vente ont été répartis selon cette méthode.

Les membres de la coopérative sont des gens de notre village, certains sont membres du CODEB, d’autres pas. Nous n’acceptons pas de nouveaux membres actuellement, car nous voudrions d’abord savoir si l’expérience de la Coopérative va nous aider ou non. Nous faisons d’abord l’expérience avec 40 membres avant d’en accepter d’autres. Si nous sommes trop nombreux au départ, cela donne beaucoup de problèmes. C’est au bout de 2 ou 3 ans qu’on évaluera pour s’élargir ou pas.

L’aide extérieure ne peut pas durer éternellement, c’est pour quelque temps seulement. Si nous sommes solides, l’aide extérieure viendra et après son départ, nous continuerons encore. Mais si nous ne sommes pas solides et que nous demandons l’aide extérieure, cela ne peut pas nous aider jusqu’au bout. L’idée de cette coopérative vient de moi, parce que j’avais constaté qu’il fallait faire des efforts par nous-mêmes avant de compter sur l’aide extérieure. Car dès que celle-ci se retire, on ne peut plus rien faire. Il faut créer nos activités avec nos propres moyens.

La coopérative est séparée du CODE car c’est pour collecter nos propres moyens pour progresser, ce n’est pas pour rester les bras croisés en attendant l’aide extérieure. La différence entre les groupements d’hier et la coopérative, c’est que dans l’association dont j’étais membre avant, s’il y avait une aide extérieure, cela aidait l’ensemble du village, les membres et les non-membres. Mais pour la Coopérative s’il y a quelque chose, peut-être que cela va m’aider personnellement car j’ai ma part sociale dedans. Ce n’est pas seulement une aide globale pour tout le village. Dans la Coopérative, tous les membres doivent pouvoir bénéficier individuellement.

Dans la coopérative, pour certaines choses, on ne peut pas laisser l’aide extérieure dehors. Par exemple : pour construire des greniers de stockage, si on ramasse pour cela notre part sociale, tout va partir dans un seul grenier et avec quoi fonctionner après ? Si nous ne demandons pas une aide extérieure, on va mettre peut-être 10 ans pour gagner assez de bénéfices pour pouvoir construire assez de greniers. C’est la même chose pour les puits, ce n’est pas avec nos propres ressources que l’on pourrait les faire. Pour d’autres choses, par contre, nous devrions être capables de les faire avec nos propres moyens."

Key words

countrymen’s organization, local development, assessment, cooperative, autonomy


, Chad, Bedogo

Comments

La coopérative nouvellement créée aura-t-elle les vertus d’engagement personnel dont le groupement semblait manquer ? En tous cas, elle a été fondée sur l’argent propre des 40 membres fondateurs et leur a déjà rapporté des revenus. Pour avancer plus vite, les membres pensent chercher de l’aide, et de l’aide dont ils bénéficieront personnellement. Problème !

Notes

Notre interlocuteur a expliqué longuement sa propre évolution, mais aussi ce qu’il avait observé comme effets positifs et négatifs des apports de l’aide. Plusieurs fiches DPH ont été établies :

n° DPH : 7.467; 7.505

Entretien avec GUELMIAN, Vincent réalisé à Bédogo (Tchad) en février 1998.

Source

Interview

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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