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Un organisme d’appui, cela vous aide au-delà de l’argent (Burkina Faso)

La relation d’une animatrice burkinabé avec ceux qui aident les activités des groupes qu’elle anime

Mariam MAIGA, Christophe VADON

11 / 2001

Mariam Maïga, animatrice depuis vingt ans, nous explique ceci : "Pourquoi dire "bailleur de fonds" ? Un bailleur de fond ou une ONG du Nord, c’est quoi en fait ? C’est quelqu’un qui se soucie aussi de ce que nous on fait ici, c’est pas seulement l’argent. Parfois on est en contact avec un individu sans savoir qu’il est bailleur de fonds. Moi ça m’est souvent arrivé. Des gens viennent pour voir les réalisations et moi je les prenais seulement pour leur faire voir ce que nous faisions, discuter avec les gens, voir l’organisation mise en place pour la garantie et la survie du groupe, sans avoir en arrière-pensée que c’est un bailleur de fonds. J’ai beaucoup travaillé comme cela avec ceux qui ensuite nous ont aidé.

Celui qui aide, celui-là, pour moi, c’est quelqu’un qui se soucie de notre organisation, qui voit comment on se débrouille pour vivre, comment on se débrouille pour nous développer nous-mêmes, etc. Et peut-être qu’en dernière casquette la personne peut être "bailleur de fonds" mais moi je ne me rends pas compte. C’est par la suite, après qu’il y a des réactions. Des gens écrivent et disent : "voilà, nous avons visité telle ou telle réalisation avec toi Mariam, c’était comme ça, comme ça dans tel village et là les populations avaient émis le souhait d’avoir telle ou telle activité, maintenant, à notre retour, on se sent convaincu et s’il y a une possibilité pour vous de nous faire une demande à ce propos nous allons l’étudier ensemble". Et c’est ensemble, avec les gens du village qu’on va répondre, écrire les idées. C’est pas "aider financièrement" seulement ! Moi, j’ai eu des gens qui sont restés avec moi deux, trois, quatre mois "pas financièrement" ! Et avec ces gens-là on partait au village, on faisait de l’animation, on discutait et après ensemble on essayait d’élaborer des outils. Des gens, par exemple pour la sensibilisation sur le sida, qui étaient très bons dessinateurs et quand moi j’animais, eux ils dessinaient la capote, le pénis et quand je montrais comment mettre la capote eux m’aidaient. Ils disaient que le sida est une maladie qui ne connaît pas la couleur de la peau, qui ne connaît pas la taille, qui se trouve un peu partout et dont on n’a pas le médicament jusqu’à présent. Et cette personne

qui vient de l’extérieur et qui appuie avec conviction, cela peut aider les communautés à avoir plus confiance.

Certaines aides exigent trop de nous : au début on vous donne un financement, après on vous dit : "voilà, notre financement on exige qu’il soit investi dans tel ou tel domaine". Cela c’est de l’aide qui impose, qui ne tient pas compte de notre réalité. Et quelquefois on est là, on a besoin d’argent mais si on prend cet argent, on est contraint de l’utiliser pour telle chose qui n’est pas forcément notre désir.

Au niveau de l’Afrique, vraiment, on a une mentalité lente. Or, pour certaines aides où il faut obligatoirement justifier, rendre des comptes pour telle période à tel moment et quelquefois on a des problèmes pour pouvoir rester dans ce volet avec elles. Et puis, comme eux ils sont bien formés, s’ils pouvaient de temps en temps descendre sur le terrain discuter avec les gens, on peut accompagner les gens sans les frustrer, tout ça aussi c’est de la formation. Et bien sûr certaines fois il y a des gens qui ont peur de certains bailleurs de fonds parce qu’on a l’impression qu’ils viennent en croyant que vous avez détourné ou bien que l’aide ne va pas vraiment dans le domaine défini.

Enfin, il faudrait que les bailleurs arrivent à développer des canaux d’information pour que les gens aient d’autres ouvertures, puissent "voir ce qui se fait ailleurs". Surtout de l’information par des exemples concrets. Si on fait un film sur un pays d’Afrique face à la faim, à la famine, comment les gens sont arrivés à développer des programmes, à enrayer la faim, ces images là sont intéressantes à véhiculer dans un monde en développement comme notre pays par exemple. Montrer chaque fois des images qui traduisent l’effort des communautés à aller de l’avant. Tout cela veut dire que les partenaires doivent être en relation entre eux, discuter. Parmi les partenaires, il y a des techniciens qui n’ont pas d’argent mais qui ont leur tête, qui peuvent aider à concevoir, à mettre en place une démarche positive, et tout cela est important à prendre en compte dans le monde rural".

Key words

NGO, information network, technical assistance, financing, traditional cultivation, continuous training, support structure


, Burkina Faso, Ouagadougou

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Notre interlocutrice n’appelle pas ceux qui viennent voir ses activités des "bailleurs de fonds". Elle les perçoit comme des personnes solidaires et confiantes. Elle n’apprécie pas l’aide qui impose. Le plus important à ses yeux est le rôle d’ouverture que l’étranger joue pour que les gens puissent connaître ce qui se vit ailleurs.

Notes

Entretien avec MAIGA Mariam, réalisé à Ouagadougou en août 1998

Source

Interview

VADON, Christophe

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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