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Des lieux d’échanges de formation et d’action pour les paysans et paysannes (Coopération suisse au Tchad)

Bernard LECOMTE, Brigitte REY

06 / 1998

La Coopération suisse a été sollicitée, en 1994, par le gouvernement tchadien (Direction des Ressources Humaines, de la Formation Professionnelle et des Programmes du Ministère de l’Agriculture) pour soutenir financièrement et techniquement cinq Centres de Formation Professionnelle Rurale (CFPR) dans les trois pôles socio-économiques où elle concentre ses engagements. Dès 1994, deux de ces CFPR ont été installés en zone soudanienne, un en zone sahélienne et deux en zone des oasis. Dotés d’un statut associatif, ils seront progressivement contrôlés et gérés par les organisations rurales utilisatrices impliquées dès le début dans leur conception et dans leur mise en place.

Il s’agit tout d’abord de donner aux producteurs ruraux intéressés un accès à une formation professionnelle qui améliore leurs capacités de mise en place de fermes sécurisantes, rentables, durables et de remanier ces fermes en fonction de l’évolution des conditions environnantes. Ensuite, il s’agit d’aboutir à des centres viables sur le plan institutionnel en fonction des options des organisations rurales utilisatrices dans chaque région. Animés par un formateur et une formatrice, ces centres doivent être en mesure de répondre aux interpellations à la fois des hommes et des femmes.

La démarche est la suivante :

a) En amont de la formation au centre, la communauté sélectionne en son sein les personnes qu’elle souhaite former. Les deux principaux critères retenus sont d’être un bon professionnel et d’être volontaire et capable de communiquer ses propres connaissances à d’autres ;

b) Les centres de formation sont des lieux socialement "neutres" qui favorisent l’échange libre de connaissances entre producteurs(trices) et entre producteurs(trices) et formateurs(trices). La formation est centrée sur les aspirations et les potentialités des producteurs(trices) et non pas sur leurs problèmes et blocages. La formation est censée valoriser les connaissances locales en leur apportant les compléments extérieurs nécessaires à leur évolution. Elle est conçue comme processus où chaque participant est à la fois "apprenant" et enseignant ;

c) ce processus se poursuit dans la ferme du producteur(trice). En associant ses collègues, la personne formée applique et améliore ce qu’elle a appris au centre, avec le soutien périodique du formateur(trice) et d’autres techniciens (structures d’appui privées, services de vulgarisation...). Cela permet la poursuite du dialogue et l’alimentation de la formation au centre.

Afin de fournir des supports pédagogiques et de donner aux producteurs un exemple concret et relativement avancé, les centres se constituent à l’image de fermes viables à la dimension des fermes de producteurs et en fonction des aspirations et des possibilités de réalisation des producteurs(trices). Ces fermes combinent de manière optimale l’animal, le végétal et l’arbre, de sorte que chaque production fournisse des produits et des sous-produits générateurs de revenus et/ou servant d’intrants aux autres productions (approche systémique). L’offre de formation au centre comprend la production, la transformation et la commercialisation des produits ainsi que la gestion.

Une sorte de contrat de suivi est passé : les producteurs(trices) sélectionné(e)s par leur communauté s’engagent envers celle-ci à réaliser progressivement chez eux ce qu’ils ont appris au centre et à initier d’autres producteurs(trices) quand ils sont convaincus du bien-fondé de leur démarche. La plupart des personnes formées à l’heure actuelle respectent cet engagement avec plus ou moins de succès. Ils bénéficient du suivi périodique de structures d’appui (comme l’ASSAILD, Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement). La demande de formation aux centres est considérable, bien qu’elle soit payante. Pour l’instant, les contributions demandées sont modestes (250 à 500 CFA/personne/jour, soit moins de 5 FF par jour) du fait que le processus de formation se trouve dans sa phase de lancement. Après 4 ans, les premiers résultats sont positifs. Les multiples demandes d’information et de formation ainsi que la proportion considérable de producteurs(trices) qui ont commencé à réaliser chez eux certains aspects de ce qu’ils ont appris aux centres, démontrent l’intérêt que les centres pilotes suscitent à la fois parmi les producteurs(trices) et parmi les structures d’appui publiques et privées dans les régions respectives. Les fermes commencent à être opérationnelles en tant qu’outils pédagogiques et sources de recettes bien que, vraisemblablement, elles n’atteindront leur vitesse de croisière que d’ici 3 ou 4 ans (productions arboricoles et animales) et que beaucoup d’améliorations restent à être apportées (souches animales locales plus productives, optimisation des choix de production, organisation du travail....). A terme, les fermes seront en mesure non seulement de couvrir entièrement leurs charges, mais de contribuer à financer les séjours des producteurs(trices) ou d’autres charges de structures. Le processus de formation est enrichissant et exigeant du fait que producteurs(trices) et formateurs(trices) y participent à la fois en tant qu’apprenants et en tant que diffuseurs de connaissances et du fait que lors des trois étapes (sélection, formation, suivi) la collaboration étroite entre différents types d’acteurs (communautés rurales, équipes de formation, structures d’appui) est sollicitée.

Key words

North NGO, vocational training, local development, public development assistance, State, school


, Chad

Comments

Où l’on voit qu’une politique à long terme d’une agence d’aide, attentive aux efforts des organisations paysannes, permet de préparer des réponses aux besoins exprimés par les responsables paysans et de faciliter les révisions de stratégie des ONG. Mais on peut aussi dire l’inverse : "où l’on voit que l’offre préparée par une agence..." ! Probablement les deux interprétations ont-elles chacune, dans ce cas, leur part de vérité !

Notes

Cette fiche est un résumé issu de deux sources : un entretien avec Marc Vielle (DDC-Berne) et des extraits de documents de la Coopération suisse.

Entretien avec VIELLE, Marc

Source

Interview

LECOMTE, Bernard.

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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