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dialogues, proposals, stories for global citizenship

Montreuil : LEA, Lieu-Ecoute-Accueil

Laurence BAILLY

06 / 1999

Depuis le début des années 1990, plusieurs habitants du quartier Branly-Boissière de Montreuil se sont engagés dans une démarche de réflexion et d’action pour intervenir et surtout prévenir les problèmes liés à l’usage des drogues. Des rencontres entre habitants et professionnels se sont mises en place, constituant par la suite un groupe de travail "actions dans les quartiers", au sein de la commission "Problèmes liés aux drogues" du Conseil communal de prévention de la délinquance. Le cheminement du groupe a fait apparaître comme une évidence la nécessité d’imaginer des solutions nouvelles. Il s’agissait de créer un outil qui soit à l’écoute des habitants confrontés aux problèmes de drogue ou de conduites à risques, qui permette de rétablir des liens sociaux entre jeunes et adultes, parents et enfants et qui propose une médiation avec les institutions. La décision de l’État de créer des points écoute orientés dans une démarche de prévention a permis d’envisager l’ouverture d’un tel lieu à Montreuil, donnant corps aux projets initiés par les habitants. C’est ainsi que l’association LÉA (Lieu Écoute Accueil) est née en 1996. Les habitants sont majoritaires dans le Conseil d’administration par disposition statutaire.

L’association a pour but d’être un lieu :

- d’écoute et d’orientation visant à la prévention des toxicomanies,

- d’accueil et d’échange s’adressant aux jeunes confrontés et concernés par le phénomène des toxicomanies,

- d’écoute des adultes démunis face au comportement de leurs enfants.

Compte tenu des difficultés de faire coéxister dans un même lieu jeunes et parents, deux antennes autonomes ont été ouvertes en 1997, l’une pour les parents, l’autre pour les jeunes. Les deux équipes se rencontrent régulièrement tant pour échanger leurs pratiques que pour trouver une complémentarité.

L’association emploie six salariés à temps partiel qui se répartissent quatre temps plein entre les deux lieux d’écoute. Cette équipe est composée de deux coordonnateurs : un travailleur social (point écoute parents) et un sociologue (point écoute jeunes), une psychologue qui partage son temps entre les deux lieux, deux habitants accueillants, issus du quartier Branly/Boissière et un membre de la communauté malienne, recruté pour ses connaissances culturelles et linguistiques. Les locaux des deux points écoute sont situés en rez-de-chaussée sur rue, telles des boutiques.

L’écoute sociale est le principal outil du point écoute. Une écoute qui nécessite une implication dans les rapports aux personnes, le respect des différences et du vécu de chacun. Les entretiens peuvent éventuellement engendrer un accompagnement vers des institutions. L’accueil individuel est important car certains sujets liés à la famille, la justice, l’échec scolaire, la drogue sont rarement abordés d’une manière générale et sont très difficilement discutés en réunions de groupes.

Le Point écoute parents

Le point écoute parents a été ouvert dans le quartier Branly-Boissière qui compte cinq cités et une zone pavillonnaire. Trois motivations expliquent ce choix : l’association a constaté que certains parents étaient désignés comme les responsables de la situation du quartier et se sentaient souvent démunis. L’impulsion de certains habitants et militants a créé des liens et des affinités avec les parents. Enfin, un travail important de prévention en direction des jeunes est déjà réalisé dans le quartier par un club de prévention spécialisée, ce qui laissait le champ libre à une action envers les adultes.

La majorité des personnes accueillies est issue du quartier et les situations sociales sont variables. Essentiellement fréquenté par des femmes à l’origine, le lieu accueille aujourd’hui autant d’hommes.

Un aspect important du travail est la rencontre avec les institutions. lotiers, éducateurs de rue, conseillers principaux d’éducation de collège, travailleurs sociaux fréquentent le Point écoute, ce qui a notamment permis qu’un dialogue naisse entre îlotiers et parents. Parmi les outils de travail de l’équipe, citons le carnet de suivi des personnes accueillies, la réunion d’équipe hebdomadaire et les rencontres bimensuelles avec les usagers, d’où peuvent émerger des demandes et projets.

Si le Point écoute n’offre pas de prestations particulières, l’écoute, le partage d’expériences jouent un rôle de déculpabilisation et sortent les personnes de leur isolement, ce qui peut constituer une étape nécessaire vers une demande de prise en charge, vers d’autres types de soutien.

Le Point écoute jeunes

Face au développement de la toxicomanie en centre ville et à la dégradation progressive du climat social, le point écoute jeunes a été installé sur ce quartier.

Son ouverture a nécessité six mois d’enquête afin de déterminer les besoins et les attentes des professionnels, des institutions et des jeunes et préparer son installation. Cette enquête fut dirigée par un sociologue, aujourd’hui responsable du Point écoute jeunes.

Alors que le lieu était initialement destiné aux 16-25 ans, ce sont les 13-16 ans, demandeurs de loisirs et d’activités, qui se l’approprièrent dans un premier temps. Quelques ajustements d’horaire d’ouverture, un retour sur le terrain pour reprendre contact avec des jeunes de la tranche d’âge ciblée furent nécessaires. Il ne s’agissait pas d’exclure une tranche d’âge, le lieu devant être ouvert à tous.

La majorité des jeunes accueillis sont des garçons, avec des demandes liées à une recherche d’emploi, ou un curriculum vitae. Ces demandes peuvent constituer un prétexte pour discuter du parcours de la personne, afin de distinguer ensuite celui qui a davantage besoin de parler et celui qui a besoin d’un curriculum vitae, mais il faut rester attentif à ne pas substituer une finalité à une autre.

En ce qui concerne les réponses rapides à des demandes très concrètes et spécifiques, l’approche communautaire et participative génère un dilemme difficile à résoudre : laisser faire la personne en invoquant son autonomie au risque de la laisser échouer (les conséquences peuvent être irréversibles) ou prendre une initiative univoque, ce qui peut être perçu comme une ingérence dans la vie de la personne.

Key words

young person, family, social link, prevention of delinquency, public health, drug addiction, drugs, mobilization of the inhabitants, urban neighbourhood


, France, Montreuil, Seine-Saint-Denis

Notes

Coordonnées : Point écoute parents, 233 bd Aristide Briand, 93100 Montreuil-sous-Bois - Tél/fax : 01 48 18 76 04. Point écoute jeunes, 32 rue de Stalingrad, 93100 Montreuil-sous-Bois - Tél/fax : 01 48 57 89 83

Références bibliographiques :

- Le point écoute comme support d’une démarche communautaire autour de la prévention primo-secondaire, LÉA, juin 1998.

- Rapport de Marine Zecca, "Lieux d’écoute" entre révolution moléculaire et cache-misère. Rapport du groupe de travail du dispositif "Lieux d’écoute" de la Seine-Saint-Denis 1997-1998, Bobigny, Conseil général de Seine-Saint-Denis, 1998 (pp. 36-45).

Cette fiche a été réalisée dans le cadre d’un cycle de qualification qui a abouti à une publication de Profession Banlieue "Santé, précarité, dépendance", parue en 1999.

Source

Internal document ; Organisation presentation

Profession Banlieue - 15 rue Catulienne, 93200 Saint-Denis, FRANCE - Tél. 33 (0)1 48 09 26 36 - Fax 33 (0)1 48 20 73 88 - France - www.professionbanlieue.org - profession.banlieue (@) wanadoo.fr

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