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Intégration et intégrisme

Analyse d’une collaboration belgo-immigrée dans la région visétoise (Belgique)

Abdeljalil AKKARI

06 / 1994

L’objectif des pratiques psycho-sociales dans les quartiers défavorisés habités par une population immigrée est l’intégration de la communauté étrangère. Peut-on tendre vers un tel objectif sans réfléchir à la faisabilité et à la mise place d’une gestion démocratique des différences ? Oublier cette dimension politique, c’es ignorer que les relations immigrés-société d’immigration, immigrés-autochtones, immigrés-pays d’origine sont des rapports de pouvoir et des confits interculturels. L’objectif des migrants est double: production d’avantages divers et conservation d’une identité idéalisée. Celle-ci permet la survie d’une référence de base commune à la colonie turque, référence parfois utile à rappeler là où, par exemple, adolescents et parents, produits de socialisations contradictoires, n’ont plus de prises les uns sur les autres. L’absence ou la faiblesse d’une telle structuration peut donner lieu à des situations d’anomie dont la gestion est encore plus complexe que la gestion culturelle des communautés fortement structurées. Selon l’auteur, le chômage, l’analphabétisme et l’échec scolaire frappent durement la communauté turque étudiée. Ainsi, 64 % des pères de famille sont sans emploi. 72 % des adultes sont analphabètes ou n’ont pas dépassé l’école primaire. En 1988, 70 % des enfants terminaient leur scolarité primaire avec au moins une année de retard; les 3/4 des jeunes sont inscrits dans les sections professionnelles de l’enseignement secondaire. Si l’apprentissage de sa langue maternelle est un des droits de l’homme, il faut souligner que dans leur forme actuelle, les cours organisés par le consulat turc ne favorisent pas toujours l’insertion socio-culturelle des enfants et les rapports sereins entre communautés étrangère et autochtone: il arrive qu’ils dérivent vers un nationalisme exacerbé et /ou à l’incitation à des formes de racisme. D’autant plus que le travail, devenu rare dans notre société post-industrielle ne peut plus jouer son rôle intégrateur.

La participation des parents d’élèves aux réunions concernant l’école turque est élevée surtout si on la compare au taux de fréquentation des réunions de parents des "écoles belges". En effet, à la même époque, dans l’association des parents de l’école communale de Charette, seul un père turc siégeait alors que 95 % de la population sont des enfants turcs!

Une enquête réalisée en 1986 dans le quartier a montré que 98 % des femmes turques entretiennent des contacts réguliers avec des habitants du quartier. Ces relations sont cependant limitées aux compatriotes , pour celles qui ne parlent pas le français. Par contre, celles qui connaissent le français fréquentent également des belges, des marocaines etc. Une autre enquête montrent que les hommes sont en contact avec des personnes d’autres nationalités. Mais celles-ci habitent rarement dans le quartier. Les amis non-turcs sont généralement des belges ou des italiens. L’école joue un rôle de brassage de population. Mais, on peut déceler dans le comportement des jeunes Turcs une affinité particulière pour les jeunes maghrébins qui partagent les mêmes conditions qu’eux. Par contre, pour les belges du quartier , généralement des personnes âgées, les Turcs sont bruyants, remuants, polluants, sales, paresseux, profiteurs, se croyant chez eux.

La négociation d’un conflit entre des jeunes turcs et une équipe locale de football a amené dans le quartier étudié un climat propice aux échanges. Des idées ont foisonné; certaines ont été concrétisées, d’autres sont en attente, mais l’effet le plus important de l’enchaînement des processus de négociation est probablement la multiplication des lieux d’échanges interculturels, l’instauration d’espaces-temps de création d’une nouvelle sociabilité qui intègre le groupe "adverse" jusqu’ alors ignoré. La création d’une maison de quartier illustre bien le processus de socialisation interculturelle qui met l’accent davantage sur ce qui rassemble et unit que sur ce qui différencie et sépare pour aller vers une "interculture". En conclusion, l’auteur insiste sur l’utilité d’une rupture avec les problématiques politiques qui préoccupent généralement les sphères dirigeantes des communautés étrangères. La marge d’autonomie des individus et des associations devient appréciable quand le débat porte sur des problèmes qui "font le quotidien" d’un quartier comme la réussite à l’école, la santé, la sécurité routière ou un terrain de sport réclamé.

Palabras claves

barrio urbano, racismo, diversidad cultural, interdependencia cultural


, Bélgica

Fuente

Artículos y dossiers

MANCO, Altay in. CAHIERS INTERNATIONAUX DE PSYCHOLOGIE SOCIALE, 1993, 19

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