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La situation des drogues en Guinée

11 / 1994

L’ explosion démographique et urbaine, la désagrégation de la famille, l’échec scolaire et les conséquences sociales des ajustements structurels qui ne sont pas encore compensées par les effets de la croissance économique, ont un impact sur les activités illicites. On n’engage pratiquement plus de diplômés dans la fonction publique depuis l984 et 50% des fonctionnaires ont été mis au chômage. Une situation politique troublée provoque également le développement de la délinquance et de la toxicomanie : manifestations de l’opposition qui conteste la validité des listes électorales, répression, report des élections législatives et présidentielles. Comme l’a dénoncé Amnesty International, les tortures, parfois jusqu’à la mort, sont courantes dans les commissariats. A plusieurs reprises l’armée a ouvert le feu sur des manifestations pacifiques, faisant des dizaines de victimes.

Comme le datura, le cannabis était utilisé dans la pharmacopée ou lors de rituels comme les cultes adressés aux ancêtres. Aujourd’hui on le consomme et on le cultive dans toutes les régions du pays. Les plus importantes zones de cultures sont :

- dans la région de Guinée maritime, les environs de Forécariah, peuplés par des Soussou et la zone de la frontière avec la Sierra Leone, de l’autre côté de laquelle vit la même ethnie, les Loma ou Toma. La Guinée maritime est la principale région de production. C’est elle qui alimente la capitale dont elle n’est éloignée que de 25 km. Une centaine de kilomètres plus au nord, dans la région de Kindia et de Madinnaoula, on trouve de petites cultures dissimulées dans les potagers.

- dans la Haute Guinée, dans la région de la préfecture de Siguiri, non loin de la frontière du Mali. C’est une zone où l’on cultive également du tabac. On en trouve également dans la région de Mandiana, non loin du Mali et de la Côte d’Ivoire qui est une des plus propices à cette production. Il peut être ensuite négocié à Kankan, un grand centre commercial. Des campagnes d’éradication ont eu lieu dans cette région en l982-1983. Il existe enfin de petites superficies de cannabis dissimulées dans les cultures vivrières de la région diamantifère de Kérouané et Benko,

- dans la région de la Guinée forestière, autour de la préfecture de Kissidougou, à la frontière de la Sierra Leone et un peu plus au sud, autour du chef lieu de Guéckédou, proche à la fois de la Sierra Leone et du Liberia. C’est une région où se trouvent des réfugiés libériens qui ont fui des zones contrôlées par les troupes de Charles Taylor. Le cannabis est maintenant cultivé intensivement dans les champs qu’ils ont abandonné et eux-mêmes ont développé cette culture en Guinée. On trouve la même situation un peu plus à l’est, dans la préfecture de Macenta et dans celles de N’Zerekoré et de Lola, dans la chaîne du Mont Nimba. Plus au nord, des cultures importantes se développent autour de la préfecture de Beyla (peuplée par les Konianké)et de la sous-préfecture de Sinko qui est également une zone expérimentale de culture de tabac.

Outre la marijuana, la police saisit sporadiquement de l’héroïne et de la cocaïne, mais surtout des quantités importantes de psychotropes (barbituriques, éphédrine, diazepan). Il existe deux types de trafic : celui du cannabis et des médicaments qui concerne la jeunesse et les plus démunis, celui des drogues dures qui s’adresse à des milieux aisés : expatriés, experts internationaux, commerçants libanais. Ce milieu est très difficile à pénétrer pour la police.

La perméabilité des frontières géographiques liée à la libre circulation des individus a transformé la Guinée en pays de transit et de consommation. Il semble que la cocaïne à destination de l’Europe transite par trafic maritime à partir du Liberia, ce qui explique la quasi absence des saisies. Bien qu’aucun chiffre ne soit disponible, il semble que le renforcement des contrôles au Sénégal et en Côte d’Ivoire ait rejeté une partie du trafic international africain vers la Guinée en l993.

De chaque côté des frontières avec la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Mali, vivent des populations qui ont la même histoire, les mêmes coutumes, la même langue. Certains villages sont même coupés en deux par la frontière. Il existe un intense mouvement transfrontalier de véhicules et il est d’autant plus difficile de détecter la drogue qu’il n’existe pas de Brigade des stupéfiants en province et que les gendarmes et les douaniers ne sont pas formés.

- Dans le nord, le transit par le fleuve Niger, jusqu’au Mali, durant les périodes de crue, est difficilement contrôlable. La Brigade des moeurs et des stupéfiants ne dispose que d’un zodiac, inutilisable en période de basses eaux. Il en est de même pour les 300 km de façade maritime. Des pirogues, des navires pirates, des pétroliers et des bateaux de pêche longent la côte, de la Guinée-Bissau au Liberia sans aucun contrôle. 30 débarcadères existent à Conakry. Le port autonome est le théâtre d’un trafic intense, sans possibilité d’intervention. En outre, les accords d’établissement des compagnies minières qui exploitent la bauxite (la Guinée en est le deuxième producteur mondial)leur accordent des privilèges douaniers qui les dispensent en général de tout contrôle.

Au niveau de l’aéroport, il existe des systèmes de détection (mais pas de chiens)qui ont permis d’importantes saisies. Mais ceux des sous-préfectures, qui sont reliées à Conakry par trois ou quatre petites compagnies, en sont totalement dépourvus.

Après 25 ans d’autarcie, le pays a besoin d’inves tissements pour décoller. Le gouvernement accepte que des entreprises s’installent sans leur demander l’origine de leurs capitaux. Les bilans annuels ne reflètent pas toujours le niveau réel d’activités. De riches commerçants sont également suspectés de se livrer au trafic avec les pays voisins. Le recyclage de l’argent pourrait se faire au niveau de la construction immobilière. Cela est particulièrement vrai de villes comme N’Zekore ou Kankan. Selon des sources judiciaires, les banques ne coopèrent pas avec les services de répression et se refusent à des enquêtes de moralité sur les capitaux domiciliés.

Palabras claves

cannabis, droga, cocaína, heroína, agricultura ilícita, desempleo, derechos humanos


, Guinea

Notas

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Fuente

Investigación

OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - Francia

menciones legales