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Le guérisseur traditionnel en Afrique noire, homme irremplaçable ?

Georges THILL, Jean-Paul LEONIS

06 / 1995

Une réflexion écrite de Firmin Rodegem sur l’approche africaine d’un personnage clé dans la culture de la santé en Afrique est hautement instructive pour l’intelligence de cette culture.

Le propos concerne des conceptions en vigueur dans une société orale où, pour communiquer, les individus recourent à "la parole" à l’exclusion d’autres techniques de communication. Les cultures de "l’oralisme" ont leurs caractéristiques propres. Les locuteurs sont en contact immédiat. Les auditeurs du message oral perçoivent intuitivement tout le non-dit qui enrichit la communication: mimiques expressives, intonation, gestes, attitudes. La charge affective ainsi véhiculée occupe ainsi une place importante. Déterminante même quand on tente de comprendre la conception de la maladie. Ainsi, on parlera d’un oncle maternel fâché, ou de l’esprit d’un ancêtre vexé ou mécontent. Ce rôle de l’affectif se retrouve dans toute la zone bantoue, depuis Douala jusqu’à Mogadiscio, au nord et au sud, jusqu’au Cap.

Il y a certes des différences d’une culture à l’autre. Au Burundi, par exemple, parmi les nombreuses formules de salutations, la plus courante évoque la santé. On peut la traduire par "es-tu fort?" (c’est-à-dire solide, vigoureux, en bonne forme). L’ethnolinguistique a relevé que certains termes burundais relatifs à la maladie expriment précisément le contraire de la vigueur et de la virilité. Ainsi: être abattu, mou, flasque, sans force. Or - et ceci mérite d’être souligné -, c’est le même radical qui désigne le besoin, l’indigence. La pauvreté est considérée comme une maladie.

Au Burundi, la population estime qu’il y a des maladies que les médecins occidentaux sont impuissants à guérir. Ces maladies burundaises sont du ressort exclusif des guérisseurs autochtones, qui seuls peuvent en déceler l’origine sociale ou éventuellement magique. Les jeteurs de sorts, les "maléficiers", ne peuvent être contrés que par un devin plus puissant. Les esprits des défunts, rancuniers et vindicatifs, et qui sont à l’origine de bon nombre de maladies, échappent au diagnostic et aux thérapies des étrangers, aussi spécialisés soient-ils. Telles sont les conceptions des Burundais et de leurs voisins.

Palabras claves

salud, medicina tradicional, tradición oral, tradición, sistema de representación cultural


, África Austral, África Central, África Oriental, Burundi

Comentarios

Médecin? Thérapeute? Omnipraticien? Il est malaisé de qualifier en français le guérisseur. Objectivement, le guérisseur revitalise le consultant en lui offrant un contact humain, une compréhension attentive. Sa force de suggestion et son magnétisme personnel agissant effectivement dans bien des cas, conjointement aux simples imprégnés magiquement. Le "dialogue entre les deux types de médecines", entre ceux qui exercent légalement l’art de guérir et les autres, doit être resitué dans le contexte culturel de l’oralité, de l’empirisme.

Certains descripteurs ont recours à un néologisme: ils parlent de "tradipraticiens" pour désigner le guérisseur qui connaît la tradition.

Quel que soit le nom qu’on leur donne, les guérisseurs africains ne sont certes pas une espèce en voie d’extinction.

Fuente

Artículos y dossiers

RODEGEM, Firmin, PRELUDE, G. THILL in. Bulletin Prélude, 1988/09/01 (Belgique), 10-11

Prélude International (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement) - Facultés universitaires, 61 rue de Bruxelles, 5000 Namur, BELGIQUE - Tél. 32 81 72 41 13 - Fax 32 81 72 41 18 - Bélgica

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