español   français   english   português

dph participa en la coredem
www.coredem.info

buscar
...
diálogos, propuestas, historias para una Ciudadanía Mundial

L’Afrique manque-t-elle de volonté?

Les fondements de la fertilité des sols tropicaux : l’arbre, la litière et le zéro labour

Rabah LAHMAR

05 / 1997

La dégradation des sols cultivés du Togo est principalement due à l’absence de gestion de leur fertilité. Traditionnellement, la fertilité des sols cultivés était restaurée par la jachère forestière sur laquelle s’articulait l’agriculture itinérante. L’abandon de l’agriculture itinérante ne s’est pas accompagnée d’une prise en charge par l’homme de la gestion de la fertilité des sols qu’il cultivait. Parallèlement, l’agriculture de rente et d’exportation instaurée par la colonisation et poursuivie à la décolonisation ne s’est pas non plus préoccupée de la gestion de la fertilité des sols qui était considérée comme illimitée. Le modèle de développement agricole basé sur la mécanisation, mis au point pour les sols tempérés, a été introduit au Togo. Le travail du sol (labour, sarclage ...)a été vulgarisé et généralisé. Aujourd’hui encore, les paysans togolais tiennent à la propreté de leurs champs des adventices, et le tracteur est pour eux un signe ou un moyen de réussite et de richesse.

Ainsi, peu à peu la forêt tropicale a régressé au profit de champs cultivés dont le sol, exploité de façon minière, n’a fait que se vider de son potentiel productif. Beaucoup d’étendues sont aujourd’hui des quasi-déserts, où rien ne pousse même avec des apports massifs d’engrais. Le labour, dans un pays où 90% des terres cultivées sont sableuses, n’a fait que renforcer cette tendance et a conduit à la détérioration des propriétés physiques du sol. Au lieu de s’infiltrer, les eaux de pluie ruissellent sur ces sols nus, tassés. L’érosion est devenue très active et le fonctionnement des cours d’eau et des nappes souterraines est perturbé.

Comment remédier à cela ? Pour l’auteur la solution existe. Elle est à rechercher dans le système de culture mis au point par les ancêtres. L’analyse de l’agriculture itinérante montre en fait qu’elle repose sur trois principes fondamentaux : l’arbre, la litière et le non travail du sol. A ce titre l’auteur souligne d’ailleurs que la recherche agronomique francophone a fait fausse route et qu’elle a accumulé beaucoup de retard sur la recherche conduite par les anglophones.

L’arbre est le pivot central de l’agriculture itinérante. En plus de l’effet mécanique de ses racines ; il intercepte les éléments nutritifs entraînés en profondeur et les recycle ; il protège le sol contre l’agressivité des agents météorologiques.... La litière qu’il produit entretient la vie biologique dans le sol. Les vers de terre et les termites remuent le sols ; ils l’aèrent ; ils y incorporent les débris organiques... C’est sur la base de ce système là qu’il faudra créer une véritable agriculture tropicale. Tout travail mécanique des sols tropicaux, notamment le labour, est carrément à proscrire en dehors des sols lourds des bas fonds.

La réintroduction de l’arbre dans l’agriculture est donc une des conditions fondamentales de la refertilisation des sols tropicaux. L’Institut International d’Agriculture Tropicale d’Ibadan (Nigéria)a mis au point, après trente années de recherche et d’expérimentation, l’Agroforesterie. Il s’agit d’une agriculture en couloirs de 4 à 5 m de large, séparés par des haies faites d’arbres. Trois légumineuses fourragères (le Leucaena, le glyricidia et le griffania)ont déjà été testées. En plus de l’effet mécanique des racines, ces espèces ont l’avantage de fixer l’azote atmosphérique dans le sol. Leur feuillage peut servir de nourriture pour les ruminants. Ce qui peut autoriser l’élevage.

Dans les couloirs, une autre légumineuse de couverture : le mucuna, mis en place dans une culture avant la fin de la saison des pluies maintient le sol, après récolte de la culture, couvert pendant toute la saison sèche et empêche ainsi tout développement d’adventice. A la saison de pluie suivante, le mucuna est coupé à ras du sol et laissé sur place. Le semis se fait directement sur la couverture fanée du mucuna, sans labour.

Une mécanisation adaptée aux techniques de l’agroforesterie, inéluctable à terme reste à inventer. L’IIAT a déjà mis au point un semoir pour semis direct à travers la litière. Des semoirs manuels existent aussi et peuvent être reproduits de manière artisanale, à moindres frais.

Ainsi, il existe aujourd’hui, en Afrique tropicale, des solutions pour lutter contre la baisse de la fertilité des sols cultivés et leur dégradation et, contre l’appauvrissement des populations rurales. Des solutions qui sont d’ailleurs issues de l’amélioration et de l’adaptation des savoirs populaires aux conditions environnementales et socio-économiques actuelles. Il reste à les faire connaître des paysans, à les vulgariser...bref, à les mettre en application.

Palabras claves

bosque, deforestación, agricultura de subsistencia, agricultura itinerante, agricultura de exportación, suelo, degradacion del suelo, rotación de cultivos, esterilidad del suelo, conocimiento popular, agricultura sostenible


, Togo

dosier

Des sols et des hommes : récits authentiques de gestion de la ressource sol

Comentarios

L’agriculture, telle que pratiquée aujourd’hui dans de nombreux pays de l’Afrique, ne gère pas la fertilité des sols qu’elle utilise. Pour cela, elle n’est pas durable et, elle contribue même à détériorer les sols cultivés, l’environnement et les conditions de vie des populations qui la pratiquent. Dans certains pays tropicaux, comme le Togo, la dégradation des sols pourrait même opposer une contrainte importante au développement du pays, si elle n’est pas prise au sérieux. L’auteur plaide pour une nouvelle agriculture tropicale durable, fondée sur l’arbre, la litière et le non travail du sol. Une des solutions proposées aujourd’hui est l’agroforesterie. Cette alternative, présente en plus des possibilités de régénération et du maintien de la fertilité des sols cultivés et de l’amélioration de la production agricole, la possibilité d’exploitation du bois comme énergie domestique et le développement d’un élevage.

Il reste que la mise en application de l’agroforesterie nécessite une révolution dans les mentalités. Cela est possible si la volonté existe.

Notas

Contact : André MATHIS, 118, rue Fazao Cité de l’Union. BP 20336 Lomé, TOGO.

Entretien avec MATHIS, André

Fuente

Entrevista

(France); Du même auteur :; * <Pour une agriculture sans cueillette>, Togo-presse n° 4842 du 23-08-1996>; * <L'agroforesterie : rêve ou réalité>, Togo-presse n° 4862 du 20-09-1996>; * <De l'agriculture sans sarclage>, Togo-presse n° 4867 du 27-09-1996; * <Le zéro labour>, Togo-presse n° 4872 du 04-10-1996; * <Comment refertiliser les sols cultivables au Togo>, Togo-presse n° 4887 du 25-10-1996>; * <Pas de développement sans protection de l'environnement>, Togo-presse n° 4921 du 23-08-1996>

menciones legales