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La faim cachée

Une réflexion critique sur l’aide alimentaire en France

J.P. TRANCHANT

07 / 1998

Le bilan nutritionnel de la population française est globalement satisfaisant mais cache des disparités importantes. On estime que 4 à 5 % de la population vit en situation précaire. Pour ces populations, l’alimentation est moins équilibrée (consommation insuffisante en viandes, fruits et légumes), et peut absorber jusqu’à 50 % du budget du ménage. L’impact de cette situation alimentaire sur la santé et les activités est difficile à évaluer, surtout pour les populations peu suivies comme les jeunes et les adultes. Cela est d’autant plus préoccupant que l’on détecte divers carences, parmi les enfants et les femmes enceintes qui bénéficient d’un suivi plus rapproché. La désaffection des cantines scolaires a remis à l’ordre du jour la question de l’accès à une alimentation minimum et de qualité pour tous et du rôle de la société. Mais là encore, la lecture du phénomène se révèle complexe et la composante économique n’est qu’un des nombreux facteurs influant la situation.

Les réflexions et propositions sur l’exclusion ont jusqu’à présent ignoré la question alimentaire. Ainsi, le nouveau projet de loi de Cohésion sociale ne fait pas mention des problèmes alimentaires et les englobe dans les problèmes d’accès à un revenu minimum. Or, sans cadre général, la responsabilité du diagnostic et des actions à entreprendre dépendent d’une multitude de ministères et d’acteurs locaux.

Une des réponses à l’insécurité alimentaire des populations défavorisées reste l’aide alimentaire. Environ deux millions de personnes y ont accès chaque année et les distributions vont en augmentant depuis le début des années 90. Cette aide fournie soit sous forme de colis, soit sous forme de repas, n’est pas toujours intégrée dans une démarche de réinsertion. Elle est souvent perçue comme une aide d’urgence même si les distributions tendent à s’institutionnaliser et à se faire tout au long de l’année. Ces distributions alimentaires sont assurées en grande partie par les associations qui reposent essentiellement sur le bénévolat. Ces associations sont de plus en plus démunies pour répondre à la hausse de la demande, la complexité des situations des demandeurs et la dépendance d’une couche entière de la population vis-à-vis de ce type d’aide. Les réels besoins des bénéficiaires, leurs attentes, leurs stratégies sont mal connues à cause d’un manque de coordination de l’information au niveau national, et de problèmes méthodologiques rencontrés dans les enquêtes (définition de la population défavorisée, suivi des populations sans domicile fixe, méfiance vis-à-vis des questionnaires).

Plusieurs associations ont développé des actions dans le domaine de la sécurité alimentaire qui accompagnent ou non l’aide alimentaire. Une éducation nutritionnelle est diffusée sous forme de conseils en conservation des aliments, conseils nutritionnels et culinaires. Mais élaborer des menus équilibrés avec ce dont dispose une famille du quart-monde reste difficile. La gestion du budget a pour objectif d’apprendre aux bénéficiaires à répartir leurs dépenses afin de limiter une consommation en dents de scie liée au versement d’un salaire ou de prestations sociales. En effet, au moment du versement, les familles ont tendance à acheter des produits de luxe (ou produits de valorisation sociale)et finissent le mois avec le réfrigérateur vide. La mise en place de jardins potagers vise soit l’autoconsommation, soit une réinsertion dans la vie active ou sociale. Les coopératives alimentaires et les épiceries sociales vendent à des prix inférieurs à ceux du marché, ou calculent les prix en fonction du niveau de ressource du ménage. Seulement 20 % des associations organisent de telles actions parallèles.

Une véritable politique alimentaire devrait permettre une meilleure connaissance des populations à risque. Elle nécessite de réintégrer la question alimentaire dans les politiques sociales et de clarifier les rôles et responsabilités de l’Etat, des collectivités territoriales et du secteur associatif. D’autre part il serait important de tirer parti des approches, analyses et réflexions appliquées dans d’autres pays (développés ou en voie de développement).

Palabras claves

soberanía agrícola, política alimentaria, ayuda alimentaria, salud pública, malnutrición, escasez de alimentos, marginación social y salud, cuarto mundo, población desfavorecida, política social, empobrecimiento, necesidades básicas


, Francia

Fuente

Libro

RYMARSKY, C.; THIRION, M.C., La faim cachéeUne réflexion critique sur l'aide alimentaire en France, FPHSOLAGRAL in. Dossier pour un débat, 1997 (France), n° 81

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Francia - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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