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Mettre sur pied des activités collectives au Burkina Faso qui prouvent que, ’sans l’Aide, tu peux travailler et qui, ensuite, attirent l’Aide’

Salimata OUEDRAOGO, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT

12 / 1998

Madame Salimata Ouedraogo : « Moi, j’ai des femmes qui font la broderie à la main, il y a des femmes qui font le piment, qu’on essaie de mettre dans des pots pour vendre, il y a des femmes qui font la pâte d’arachide, il y a des femmes qui font de l’extrait d’huile d’arachide. Si j’avais des gens qui m’aidaient avec juste un peu d’argent, alors cela augmente. Mais comme je n’ai pas d’argent, j’essaie de les convaincre par mes propres paroles : «Il faut que nous travaillions, c’est en travaillant que l’on doit voir l’intérêt de notre travail».

Pour ne pas les décourager aussi je fais une caisse. Chaque semaine on a une réunion « de famille » hors du travail. On est là, on s’enseigne, on discute, on boit en famille, parfois on fait les danses traditionnelles. Dans cette caisse, chaque femme met 100 CFA (1 FF)chaque semaine. La caisse est gardée par une femme, ce n’est pas moi. Souvent on a des décès, on a des mariages, des baptêmes. Il y a d’autres femmes que tu vois arriver et dire : «On va cotiser de l’argent pour tel baptême», et il n’y a pas d’argent. Parce que ce n’est pas tout le temps que l’on gagne de l’argent. Donc, pour ne pas les fatiguer, on enlève l’argent, par exemple 2 000 CFA (20 FF)pour aller à un mariage. Si on part avec un cadeau, il y a des gens qui vont nous faire d’autres cadeaux, 1 000 ou 2 000 CFA. On revient avec cet argent et on le met dans la caisse. Alors l’argent augmente. On cotise de l’argent juste pour les baptêmes ou les mariages, ce n’est pas bien si on se croise les mains. Il ne faut pas attendre que quelqu’un meure pour qu’on se garde de l’argent. Il faut essayer de te battre.

On a fait un autre programme : le cinéma. On part, on loue la salle de cinéma, on a fait cela 5 fois. Souvent, on part louer la salle à 20 000 CFA et on peut se retrouver avec 50 000 CFA, on peut louer la salle à 25 000 CFA et on peut se retrouver avec 60 000 CFA. C’est une bonne affaire. On n’a jamais perdu. On a fait quatre bals populaires. On est parti une fois louer, on a loué à 60 000 CFA, on a gagné 100 000 CFA. On a essayé deux fois, cela a marché, la troisième fois, cela a chuté : on a fait une perte de 5 000 CFA mais les bénéfices qu’on a gagné recouvraient toujours. Tout ce qu’on fait comme bénéfices des activités, on le met dans la caisse commune.

Je dis à mes femmes : «Il ne faut pas que nous attendions que quelqu’un meure, que quelqu’un ait un enfant ou que quelqu’un fasse un mariage. Il faut que nous gagnions un peu d’argent dans nos caisses.» C’est à nous de faire pour prouver aux femmes que même sans l’aide de quelqu’un tu peux réussir. On a essayé de faire nous même. Par exemple si toi tu fais un mariage, tu peux nous dire de venir avec notre groupe de femmes pour animer ta soirée. Peut-être tu peux nous donner 5 000 CFA, peut-être tu peux nous donner 10 000 CFA. Ce sont des activités qui prouvent que sans l’aide tu peux travailler. Si tu crées ton groupe de femmes, ton association, tu ne crées pas au nom de quelqu’un, mais pour toi et pour le développement. Donc il ne faut pas attendre quelqu’un qui va venir t’aider. Il faut commencer d’abord. Si une personne va venir te rendre visite et que l’activité est bien, elle voit que vous vous débrouillez, elle peut venir vous aider.

Il faut lui faire comprendre que vous n’avez pas les moyens mais qu’avec son aide, vous aussi vous allez essayer de vous battre. Tu peux frotter ton ventre mais tu ne peux pas frotter ton dos. Même si tu arrives à frotter ton dos, ce n’est pas tout le dos. Si la personne te voit essayer de frotter ton dos, tu lui fais vraiment pitié et il vient à ton secours et il faut avoir confiance en lui. Il faut être honnête, lui montrer que lui est honnête et que toi aussi tu seras honnête avec lui. Et là vous pouvez durer très longtemps ensemble, avec ce bailleur. Je me dis que l’amitié c’est bien mieux que de trahir. Par exemple, si la personne vient avec son argent, vous prenez son argent et au lieu de travailler vous bouffez. La personne va venir et vous n’allez pas ouvrir votre coeur, vous allez tourner et vous êtes en train de manipuler la personne. En fin de compte, vous êtes en train de vous trahir. Ce n’est pas la personne que vous êtes en train de trahir. Parce que la personne peut repartir avec son argent. Et si la personne disparaît, cela ne sert pas. Donc, tu demandes à ton groupement : « Si vous avez eu la chance d’avoir un bailleur de fonds qui a eu pitié de vous, vous aussi il faut avoir pitié de lui, pour être clair, honnête avec cette personne-là ». Parce que l’honnêteté c’est bien dans la vie ».

Palabras claves

mujer, autonomía, autofinanciamiento, cooperación, organización campesina, organización de mujeres


, Burkina Faso, Ouahigouya

Comentarios

La façon dont un groupement de femmes urbaines se débrouille sans aide extérieure, et l’espérance de son animatrice de voir quelqu’un les aider "à se frotter tout le dos".

Notas

Entretien avec OUEDRAOGO, Salimata

Fuente

Entrevista

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