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La rencontre de Kligental en 1998 : un processus déclaratif réussi

Comment réunir des milieux aussi éloignés que religieux et scientifiques et passer d’un débat riche à une déclaration utile

Lydia NICOLLET

09 / 1998

Des difficultés à ouvrir les milieux scientifiques à des approches plus transversales

Dans les milieux scientifiques, l’organisation d’une rencontre se fait selon des règles très précises, sur un thème spécifique. En général, la rencontre se déroule ainsi : les orateurs présentent les résultats de leurs recherches, puis un comité de lecture en fait une évaluation et une discussion est ensuite lancée. Après la rencontre, tout ce qui a été dit est rassemblé dans un "proceedings", un compte rendu qui reprend tous les échanges, l’événement est situé dans le temps et dans l’espace, les articles sont cités, résumés, parfois avec des mots-clés, les conclusions énoncées, une bibliographie en annexe, bref ce milieu a ses propres règles, tout est très ordonné.

Mais dans le contexte de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire, c’est tout à fait différent. Au début, Rabah Lahmar était désarçonné car ce milieu ne fonctionne pas de manière scientifique. Il a donc mis un certain temps à trouver ses repères. Puis le chantier de travail sur les sols a été lancé au sein de l’Alliance, basé certes sur un constat scientifique, mais posant aussi les problèmes par d’autres approches, à la fois sociales, économiques et politiques. Or cette approche plus globale fut au départ refusée par les scientifiques, qui ne voulaient que des textes scientifiques. Par exemple, le premier envoi du texte de problématique du programme sols, un texte très complet, à l’occasion d’une rencontre de l’Association Française de l’Etude des Sols, fut refusé par les organisateurs car ce texte était jugé n’être pas à caractère scientifique ! Puis lorsque le programme a vraiment été lancé, les questions fondamentales ont été soulevées : pourquoi le thème des sols n’intéresse-t-il pas les Hommes ? Pourquoi les scientifiques ne s’intéressent-ils pas aux aspects autres que purement scientifiques ?

La richesse d’une rencontre multidisciplinaire

D’où la rencontre de Cligental : elle rassemblait des religieux, des scientifiques et des milieux associatifs. L’objectif était de parler des sols et de trouver des éléments, à partir des débats, pour comprendre ces comportements humains face à ce thème et trouver des liens entre cette question à priori purement scientifique et les dimensions spirituelles et religieuses. Ca a été une réussite car il n’était pas évident de réunir des gens de milieux aussi divers. La démarche fut très méthodique : les organisateurs ont envoyé un sujet précis à l’avance et ont demandé à chacun qu’il envoie le contenu de son intervention avant la rencontre. Cela a permis à l’animateur de bien programmer l’ordre du jour et de bien gérer la rencontre de ces trois milieux si différents.

Le déroulement de la rencontre

Ils ont commencé le débat en posant des questions simples : aux scientifiques, ils ont demandé ce qu’avait fait la science récemment pour les sols. Aux religieux, ce que représentaient les sols dans leur religion. Le débat fut très intense : beaucoup de temps fut consacré aux religions polythéistes et aux milieux politiques et des ONG. Les intérêts divergeaient mais, à travers les débats, ils se sont rendu compte que les constats étaient les mêmes dans les différents milieux, qu’il n’y avait pas de contradiction. Certains religieux ont même parfois mis en question des aberrations qui existaient au nom de la religion, notamment par les anciennes colonies (rejet des cultures traditionnelles locales et pour imposer les leurs au nom de la nouvelle religion).

L’un des objectifs de cette rencontre était la rédaction d’une Déclaration finale, pour avoir un résultat écrit, utile à l’action et qui interpelle les gens.

Des débats à la déclaration

A la rencontre de Cligental, chacun était spécialiste dans son domaine et ne parlait que de ce qu’il savait. C’était primordial. Car pour rédiger un document qui soit fort et utile, il faut des personnes solides dans leur domaine, avec des arguments convaincants et une grande ouverture d’esprit. Pour ce, le choix des participants est essentiel afin de regrouper des intervenants de qualité, ouverts au débat. Et plus le thème traité est technique, plus il faut des spécialistes.

Les conditions premières sont donc la qualité des intervenants et aussi celle des animateurs et des rédacteurs, car il faut des personnes fortes pour gérer les articulations entre les thèmes, pour mener de front la complexité d’une approche transversale. Pour que le document soit utile, le texte doit être sérieux, bien structuré, réfléchi et même provocateur. Il faut ensuite un travail de diffusion en conséquence, en saisissant les occasions. Au sein de l’Alliance, les textes qui y sont rédigés doivent, pour être ensuite utilisés et diffusés, avoir des arguments d’autant plus forts, crédibles et bien fondés que l’enjeu et les défis sont énormes.

La Déclaration de Cligental a été et reste très utile : ce document a déjà été repris, au cours du 16ème Congrès International de la Science du sol, où le chantier sol de l’Alliance animait un atelier. Un Allemand a présenté à ce congrès une proposition de convention sur les sols et nous l’avons aidé à l’établir en l’éditant. Puis elle fut soumise à des spécialistes et fut introduite par une présentation de la Déclaration de Cligental.

Palabras claves

metodología


, Europa, Francia

Comentarios

La mise en lien de milieux très différents peut être très productive et donner lieu à des analyses transversales très riches. Pour un tel résultat, il faut du temps et surtout, choisir les bonnes personnes à la fois fortes dans leur domaine et ouverte à ce genre de débats.

Les processus déclaratifs sont très utiles lorsqu’il y a matière à cela, et quand il y a une dynamique derrière pour les mettre en valeur, les diffuser, les utiliser. Mais il faut bien s’assurer que cette dynamique existe, avant même de lancer le processus bien entendu.

Notas

Entretien avec LAHMAR, Rabah

Fuente

Entrevista

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