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De l’exode rural à la création d’emplois

Le cas d’un village sahélien au Sénégal

Odile ALBERT

03 / 1998

Lutter contre l’exode rural

Le village de N’Dem se trouve au Sénégal à 150 km de Dakar en bordure du Sahel. Depuis le début des années 70, la région a gravement souffert de la désertification, obligeant un grand nombre d’habitants à l’exode vers les grandes villes. Le village, entièrement tourné vers l’agriculture, était alors très pauvre et n’avait aucun équipement collectif. Toute la production agricole était consommée par les quelques familles du village qui ne pouvaient, donc, en tirer aucun revenu monétaire.

En 1985, à l’initiative de Sérigne Babacar M’Bow et de son épouse Sokhna Alissa Cissé, une association villageoise s’est créée pour améliorer les conditions de vie et lutter contre l’exode rural.

En 1987, le village a acquis un moulin à moudre le mil, grâce à des amis de Bourges (France) qui ont obtenu une aide de leur municipalité. Pour gérer ce moulin, un groupement de femmes s’est constitué. C’est le point de départ de la mobilisation des femmes. En 1992, elles mettent en place une banque de céréales qui progressivement apporte des revenus grâce à la revente du mil aux villages environnants pendant la période de soudure. Simultanément d’autres projets voient le jour : forage pour amener l’eau au village, construction d’une école, cours d’alphabétisation, construction d’un dispensaire en 1988 puis d’une maternité en 1995.

Le village a également développé des activités artisanales pour créer des emplois et obtenir des revenus financiers. Cet artisanat a d’abord trouvé des débouchés grâce à un magasin parisien Maam Samba, qui malheureusement a fermé ses portes en 1995. Les successeurs continuent à commercialiser ces articles. Une boutique Maam Samba existe également à Dakar et vend l’artisanat de N’Dem. Depuis 1997, Solidar’Monde, la centrale d’achat des magasins Artisans du Monde, importe et commercialise les produits artisanaux fabriqués par les différents ateliers du village.

De nombreux ateliers

Un atelier de couture fonctionne aujourd’hui avec neuf tailleurs et un coupeur qui travaillent huit heures par jour. Il fabrique principalement des sacs, des vêtements pour enfants, des couvertures, des boubous, des ensembles en patchwork... Ces articles sont faits à partir de tissus locaux teints selon des techniques traditionnelles.

L’atelier de teinture fonctionne avec une douzaine de femmes. Le travail est effectué en plein air et par conséquent, pendant la saison des pluies, l’activité est réduite. L’approvisionnement en tissu se fait essentiellement à Dakar. La toile achetée, la malikane, est une toile légère, de couleur naturelle. Parfois, les tissus sont achetés au village même, à l’atelier de bandes tissées. Les teintures utilisées sont chimiques mais les déchets sont restreints. Les femmes travaillent le tioup, teinture traditionnelle qui se fait par nouage ou pliage. Elles travaillent aussi le batik. Cet atelier répond surtout aux besoins des autres ateliers. Il fabrique tout de même quelques articles qui lui sont propres (écharpes, nappes et serviettes...).

L’atelier de broderie emploie une douzaine de femmes qui travaillent à domicile. Qu’il s’agisse de broderies traditionnelles sur pagne ou de motifs naïfs, les femmes sont soucieuses de s’adapter aux marchés et aux goûts européens. Cet atelier réalise des broderies sur des nappes et des serviettes, des housses de couette matelassées pour enfant, des vide-poches...

L’atelier de bandes tissées donne du travail à une quinzaine de tisserands qui transforment les bandes tissées en produits finis. Les responsables se chargent d’acheter de grosses quantités de fil de coton à Djourbel. Les tisserands travaillent chez eux. La transformation se fait à l’atelier. Les bandes sont utilisées dans la couleur naturelle ou bien teintes par l’atelier de teinture, puis décorées de motifs peints ou de coquillages. Cet atelier fabrique : couvertures, hamacs, sacs, ponchos, boubous et aussi des vêtements européens (jupes, robes, gilets...). Pour les boubous, il existe même une série spécialement conçue pour les enfants.

D’autres ateliers fabriquent des jouets en tissu, des articles de cuir, des instruments de musique...

Un village qui revit

L’ensemble de ces ateliers a permis la création de 120 emplois. Les habitants des villages voisins viennent travailler à N’Dem. Les bénéfices tirés de la commercialisation permettent de rémunérer les artisans, de financer un fonds de roulement pour les ateliers et d’alimenter une caisse qui sert à payer l’alimentation en eau du dispensaire et de l’école.

Afin d’exploiter au mieux ses possibilités artisanales, N’Dem a de nombreux projets. Il voudrait arriver à mettre en place une réelle stratégie de production et de commercialisation des articles artisanaux : rationaliser les méthodes de production, améliorer la qualité et diversifier les produits. Il envisage aussi de rechercher des financements pour l’équipement des ateliers et la formation des artisans et des responsables.

Pour l’équipement, N’Dem a besoin, entre autre, d’électrifier les ateliers et de mécaniser certains outils. Il faudrait installer de nouveaux locaux et monter un bureau de liaison à Bambey. N’Dem envisage des formations techniques en maroquinerie, menuiserie, pour le conditionnement des produits agro-alimentaires et pour se perfectionner sur les procédés de teinture avec des produits naturels. Il souhaiterait également une formation aux pratiques commerciales : marketing, procédures fiscales et douanières.

Palabras claves

comercio justo, artesanía, formación, comercio, lucha contra la desertificación, éxodo rural


, Africa, Senegal

dosier

Pour un commerce équitable : expériences et propositions pour un renouvellement des pratiques commerciales entre les pays du Nord et ceux du Sud

Fuente

N'Dem Sénégal, 1998/02, 86, SOLIDAR'MONDE, 86 rue Bertie Albrecht, 94400 Vitry-sur-Seine, France. Tél (33)01 45 73 65 43. Fax (33)01 45 73 65 42

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