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L’agriculture française : état des lieux à la fin du XXè siècle

Pierre Yves GUIHENEUF

10 / 1998

Au début du XXè siècle, la moitié de la population française travaillait dans l’agriculture. A la fin du siècle, les actifs agricoles représentent moins de 5 % de la population active : c’est la catégorie socio-professionnelle qui a le plus diminué. Désormais, un jeune entre dans la profession en même temps que 4 agriculteurs partent à la retraite.

En France, l’agriculture est d’abord une affaire de famille : 84 % du travail agricole est le fait d’exploitations familiales. Mais l’agriculture ne représente plus - loin de là - l’activité principale du monde rural : en 1990, les agriculteurs et salariés agricoles ne représentent que 10 % des ruraux. Cette érosion démographique s’est accompagnée d’un bouleversement de la relation entretenue par les agriculteurs avec la terre. De patrimoine familial à préserver et à entretenir, elle est devenue outil de travail à rentabiliser. Malgré cela, avec une moyenne de 20.000 F par hectare, le terre de France est l’une des moins chères d’Europe.

Les terroirs se sont spécialisés et la production s’est concentrée dans un nombre plus réduit de départements. Cette concentration et cette spécialisation se traduit par un paysage rural transformé. Or l’agriculture occupe 55 % du territoire national. De plus en plus, elle s’émancipe des contraintes du sol et du climat : la production hors-sol, facilement délocalisable, atteste de cette rupture croissante entre agriculture et territoire. L’apparition de sociétés, gérant la production parfois à distance, rend ténu le lien autrefois étroit entre l’agriculteur et sa terre. Abstraite, hors-sol et mobile : telle se découvre une partie de l’agriculture française.

Alors que la société française cesse d’être une société agraire, le pays devient le second exportateur mondial de produits agricoles et agro-alimentaires. En 1992, la France a présenté un excédent commercial de 53,5 milliards de francs. Environ 70 % des échanges sont réalisés avec les autres pays de l’UE et cette part atteint presque 80 % pour les céréales, les viandes et les produits laitiers.

D’après l’INSEE, le revenu net des ménages agricoles se situe au dessus de la moyenne des français. Dans ces revenus des ménages agricoles, le revenu issu de l’activité agricole proprement dit ne représente que 60 % du total (76 % en 1970), les autres revenus (revenu du conjoint, revenu foncier, transferts sociaux)étant croissants. Le revenu agricole est d’abord marqué par de grandes disparités entre exploitations et entre départements. En 1992, le revenu moyen par exploitation varie de 13.000 F pour la Creuse à 237.000 F pour l’Aude. Ce revenu se concentre : les 180.000 exploitations les plus grandes s’en partagent la moitié tandis que les 200.000 plus petites s’en partagent 1 %. Une part importante du revenu agricole (de 30 à 50 % en moyenne de 1980 à 1990)est constituée de subventions ou d’aides publiques au soutien des marchés.

Plus que d’autres secteurs professionnels, le monde agricole a tissé un dispositif d’institutions impressionnant d’ampleur et de diversité. Cet univers institutionnel, très largement marqué par sa spécificité corporative, a commencé à se construire à la fin du XIXè siècle, mais a pris sa forme actuelle après la seconde guerre mondiale.

C’est à ce moment en effet que se met en place un système à quatre piliers : la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, syndicat organisé par produit, par territoire et par catégorie d’exploitations; le Centre National des Jeunes Agriculteurs, syndicat de jeunes exploitants juridiquement lié au premier ; la Confédération Nationale de la Mutualité, de la Coopération et du Crédit Agricole ; les Chambres d’Agriculture. Ce système est contesté, à gauche par la Confédération Paysanne et le MODEF, à droite par la FFA et la Coordination Rurale. Progressivement, le paysage syndical se recompose, au profit d’un pluralisme accru.

Les agriculteurs sont fortement inscrits sur les listes électorales et ont des liens familiaux étroits avec de nombreux autres électeurs : de ce point de vue, on peut dire que leur poids électoral est bien supérieur à leur importance numérique : on peut l’estimer à 12 ou 15 % des électeurs. Traditionnellement ancré à droite, l’électorat agricole a cependant des fluctuations. Il est susceptible de faire jouer son poids politique sur plusieurs sujets, notamment celui de l’Europe. Le sentiment européen est moins marqué chez les agriculteurs que dans le reste de la population : l’importance de la PAC, conjugué au réflexe consistant à faire de Bruxelles un bouc-émissaire permanent, conduit à disqualifier le projet européen.

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