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Formation des agents de développement avant leur départ en mission - 1

Bertrand JEGOUZO

05 / 1999

Depuis plusieurs années, CILO (Communication Interculturelle et LOgiques sociales) assure la formation des acteurs du développement avant leur départ à l’étranger.

Le propos consiste essentiellement à valoriser les compétences par une ouverture à l’interculturel, en favorisant leur mise en oeuvre dans les contextes les plus fortement marqués par la différence.

Les formations Cilo se concentrent sur des outils de lecture de la différence culturelle rencontrée lors des interventions à l’étranger pour des projets de partenariat ou de développement. Les différents modules de formation se veulent complémentaires. Ils entendent aussi être évolutifs, pratiques et appliqués. Parce que les situations changent, ils ont pour ambition de s’adapter à une demande et d’y répondre.

Voyage ou migration

Les acteurs du développement sont appelés à partir ailleurs. Une première formation simule le voyage. Par le biais d’expériences pratiques et personnelles, ce moment est centré sur le vécu et les impressions ressenties lorsqu’on se trouve en dehors de ses repères habituels. Ceci permet aux futurs voyageurs d’acquérir les repères qui contribueront à valoriser pleinement leur séjour. Chacun est placé alternativement dans la position de celui qui voyage et dans celle qui accueille. Cet outil/miroir est un test des procédures usuelles d’intervention : il doit les rendre plus conviviales, mais aussi plus efficaces.

Plusieurs axes sont parcourus :

  • la mesure des capacités personnelles et des modalités d’adaptation aux systèmes sociaux différents

  • les modifications du regard du fait du changement de contexte

  • les marges de réaction des sociétés d’accueil

  • l’écart entre les caractéristiques réelles d’un groupe social et les images qui lui sont appliquées

  • les poids respectifs des structures et des volontés individuelles

  • le processus d’interaction de deux configurations sociales et culturelles distinctes.

Cette pédagogie active permet aux futurs partants de ressentir et d’organiser certaines connaissances théoriques. Elle complète à un autre plan toute analyse théorique sur les conditions nécessaires rendant utile le voyage d’un acteur du développement.

Le droit à l’erreur

Après avoir réfléchi sur les conditions du voyage, l’acteur du développement est amené à acquérir un véritable outil de lecture de la différence des comportements pour améliorer sa propre capacité de compréhension. La grille de lecture proposée est basée sur le droit à l’erreur et les effets de sa variation sur le comportement des hommes.

Le droit à l’erreur s’exprime autant par une situation que par une impression. Son absence est révélatrice des contextes de précarité ; sa présence et son niveau caractérisent des contextes de sécurité. Chaque situation génère des logiques et des objectifs sociaux bien distincts. Les implications sont profondes et nombreuses :

  • des échelles de valeurs différentes dont les priorités sont peu conciliables (définitions de la personne, rapport homme/femme)

  • des structures sociales très typées (visions de la collectivité, de l’administration, de l’Etat)

  • des notions de temps particulières.

Pour chacun de ces points, sont présentés les étapes, les freins et les moteurs des processus d’intégration ou de changement. La confrontation des modes de vie et des comportements prépare les futurs acteurs du développement à leur intégration et leur permettra sur le terrain une efficacité dans l’action. Quelques réponses à des questions clés sont proposées :

  • pourquoi le dialogue des cultures est-il si complexe ?

  • pourquoi les situations de précarité sont-elles si difficiles à modifier ?

  • pourquoi les valeurs qui paraissent les plus évidentes (l’individu, la démocratie)sont-elles variables d’un groupe à l’autre.

L’accès au savoir

Le futur acteur du développement, même s’il n’en a pas pris conscience, appartient à une société qui maîtrise l’écrit et qui par le fait même construit des comportements bien spécifiques. Or il part, la plupart du temps, vers des sociétés de l’oralité. Il lui faut acquérir une connaissance précise des caractéristiques de cette société.

Chaque canal d’accès aux savoirs détermine une définition du savoir, interne ou externe, dont dépendent des modes de raisonnement et des comportements. La parole va permettre à l’homme d’intérioriser ses savoirs qu’il va devoir gérer en fonction de sa capacité à mémoriser. Ce défi est à l’origine d’efforts considérables de structuration mentale, sociale dont l’intuition et l’analogie ne sont que les aspects les plus visibles. L’écriture va permettre à l’homme d’extérioriser ses savoirs, de ne plus être obsédé par leur conservation, et de prendre de la distance. Déduction et analyse vont structurer la pensée, les rapports humains en sont le reflet. Les poids respectifs de l’individu et du groupe sont largement dépendant de la structure et de l’influence relative des canaux.

La liberté de l’individu comme son isolement s’en trouvent affectés. L’organisation sociale en est le reflet, le jeu du pouvoir aussi.

Les aires religieuses

Dans le champ du culturel, se situe la référence religieuse qui a de fortes incidences sur les comportements des hommes avec qui va travailler l’acteur du développement. Il lui faut acquérir des éléments de connaissance de ces incidences.

Chaque aire religieuse (islam, christianisme, animisme, judaïsme, hindouïsme...) est porteuse d’un regard spécifique sur le lien culture-religion. Plus ce lien est fort, moins les groupes culturels concernés sont sensibles aux influences extérieures. Plus ce lien est faible, plus leur volonté prosélyte est forte. Chaque aire religieuse déploie sur les hommes et sur le monde une conception spécifique qui se heurte ou non aux conceptions des autres. Dès lors, les interactions religieuses peuvent se préciser et mieux se comprendre. A la lumière des jugements spirituels sur le monde, il devient possible de mieux percevoir les relations, apparemment si conflictuelles, entre christianisme, islam, judaïsme.

Les conditions culturelles et économiques qui ont prévalu à la naisance des religions permettent de mieux en cerner les spécificités originelles, parfois très éloignées de l’interprétation courante. Les animismes sont divers, mais leurs liens étroits avec les sociétés relationnelles en éclairent le fonctionnement et la permanence.

La position occidentale du monde industrialisé d’où est originaire l’acteur du développement est ainsi éclairée dans sa détermination universaliste et dans les réactions qu’elle tend à susciter et qui prennent la forme d’une réflexion identitaire à connotation religieuse.

CILO (Communication Interculturelle et Logiques Sociales) - 8, rue des Trois Maillets, 77300 Fontainebleau, FRANCE - Tél : 01 60 72 16 91 - Francia

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