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Gestion du personnel au Ministère de l’éducation nationale camerounais

Le calvaire des instituteurs vacataires

Alexandre T. DJIMELI

02 / 2001

Depuis leur recrutement comme instituteurs vacataires, les diplômés des écoles normales d’instituteurs luttent pour la survie. Alors que l’appel annoncé des uns à la fonction publique leur pose plus de problèmes, ceux qui exercent encore comme vacataires continuent de souffrir. Pendant ce temps, les nouveaux diplômés qui attendent au quartier meurent d’angoisse.

La première promotion des instituteurs vacataires recrutés en janvier 97 par le ministère de l’Éducation nationale est arrivée en fin de contrat. A l’issue des quatre ans qu’ils ont passé sur le terrain, un arrêté conjoint des ministres de l’Éducation nationale et de la Fonction publique a annoncé leur intégration comme fonctionnaires de l’État. Plus de 1.700 places sont à pourvoir. Pour faire acte de candidature, il faut, entre autres pièces, fournir un certificat de présence effective au poste. Or, depuis le début de l’année scolaire, certains d’entre eux n’exercent plus, puisque logiquement, ils sont arrivés en fin de contrat. Comment produire donc un certificat de présence effective au poste alors qu’on n’est pas en poste ?

L’obtention de cette pièce a orchestré fraude et harcèlement. Des directeurs d’école, des inspecteurs d’arrondissement voire des délégués départementaux ont copieusement volé ces pauvres instituteurs qui, durant quatre ans, n’ont eu qu’un salaire de catéchiste (Fcfa 37.000 ou Fcfa 56.000)qui n’était d’ailleurs pas régulier. Alors que ceux qui ont été expulsés des écoles parce que leur contrat est arrivé à terme sont en chômage, ceux à qui on a demandé de rester en poste n’ont pas de salaire. En effet, les cartons de crédit parvenus dans les délégations départementales ne prennent pas leurs salaires en compte, puisqu’ils ne sont plus des instituteurs vacataires. Au moment où on assiste aux revendications salariales, on se demande bien d’où viendra l’argent pour les payer. A la direction du budget du Mineduc, on affirme que les salaires des instituteurs qui seront retenus pour la Fonction publique ont été budgétisés pour l’exercice qui va de juillet 2000 à juin 2001.

Mais on ne sait pas encore qui sera retenu. La note envoyée au Mineduc le 3 novembre 2000 par la Délégation provinciale de l’Éducation du Centre est révélatrice à ce sujet. ’ Sur 964 instituteurs recrutés [comme vacataire dans la province de Centre]entre 97 et 98, seulement 347 seront intégrés. Que faire de ceux dont la résiliation des contrats est inéluctable au regard des dispositions contractuelles?, interroge la note. Le gouvernement tarde à prendre la décision et plonge de ce fait les citoyens dans le flou. Pendant que dans certains départements ceux qui sont en fin de contrat chôment, dans d’autres ils continuent de travailler. Entre-temps, les enfants dont les enseignants sont en chômage tirent le diable par la queue. Et les communautés soucieuses de l’éducation de leurs enfants recommencent à recruter des maîtres bénévoles. On revient à la case départ.

A coté de ces futurs fonctionnaires, vivotent des instituteurs qui exercent encore comme vacataires, c’est-à-dire ceux qui ont moins de quatre ans d’ancienneté sur le terrain. Ceux-là continuent de subir les humeurs des délégués et des responsables des services extérieurs des Finances qui ne les paient pas toujours à temps, et qui jouent parfois avec leurs salaires.

Pour attendre des clarifications de la hiérarchie du Mineduc sur la situation présentée plus haut, certains délégués provinciaux ont demandé aux départementaux de n’engager ni dépense, ni recrutement. Ce qui fait qu’en ce moment, les instituteurs en service dans ces zones réclament avec la dernière énergie leurs salaires qu’ils n’ont pas touchés depuis le début de l’année. Mais les responsables, qui n’ont jamais le temps de leur expliquer clairement ce qui se passe, les rabrouent quand ils viennent revendiquer leurs dus. Parmi eux, il y a des responsables de famille qui doivent subvenir à plusieurs besoins.

Enfin cette année, plus 4.000 instituteurs attendent d’être recrutés comme vacataires. Les postes de travail disponibles sont nombreux : environ 7.000. Mais le Mineduc a décidé de n’en recruter que quelques-uns comme vacataire. Ce qui fait que les quotas par département se situent autour de 10 places. Les nouveaux diplômés qui déjà poirotent dans les quartiers se demandent quel est le sort qui leur est réservé. Au vu du nombre de place très limité, beaucoup ont perdu l’espoir.

Palabras claves

enseñanza pública, financiamiento, sistema educativo, docente


, Camerún

Comentarios

De cette expérience, il se dénote une certaine légèreté dans la gestion et la prévision du personnel de l’enseignement primaire au Mineduc. Les instituteurs vacataires ont en effet été recrutés pour pallier le manque criard de personnel dans les écoles primaires camerounaises qui, depuis 1990, n’avaient plus eu de nouveaux enseignants parce que les écoles normales d’instituteurs avaient fermé leurs portes. Le contrat de deux ans qui les liait au Mineduc n’était renouvelable qu’une seule fois. Leur mise en congé est aujourd’hui inéluctable, au regard des dispositions contractuelles. Tout en tout en allégeant la charge financière de l’État, cette situation crée à nouveau le besoin d’encadrement pédagogique qui a justifié leur recrutement. La prise en solde des intégrables à la fonction publique entraînera la suspension de leur paiement comme vacataire, mais en attendant l’effectivité de cette mesure, il importe que la situation salariale des intéressés soit clairement établie. Par ailleurs, on se demande bien s’il est possible de ne pas les recruter quand on sait qu’ils ont d’abord acquis de l’expérience, ensuite que le besoin pour lequel ils ont été appelés est très loin d’être satisfait et enfin que les quotas accordés à chaque département pour les nouveaux recrutements est infiniment petit au regard du besoin réellement exprimé et en fonction des diplômés formés.

Une étude menée en 1995 signalait en effet que le Cameroun avait besoin d’environ 15.000 instituteurs pour que l’encadrement pédagogique des élèves soit acceptable. Jusqu’à aujourd’hui, près de 12.000 instituteurs ont été formés depuis 1996, mais seulement 8.595 sont employés comme vacataires alors que 3.004 autres n’ont pas de poste. Sachant que l’Éducation est une stratégie du progrès social et humain, on se demande bien pourquoi le gouvernement camerounais qui s’est engagé dans une stratégie de lutte contre la pauvreté hésite à employer des jeunes qu’il a pourtant investi pour former alors que les postes de travail sont disponibles. Mais rappelons-nous, l’État a plus d’un tour dans la poche. Avec l’admission du Cameroun à l’initiative PPTE, on espère qu’un effort de ce côté sera fait.

Notas

Enquêtes sur le terrain, au MINEDUC, à la délégation provinciale de l’éducation nationale de la provinciale du centre dont Yaoundé est le chef-lieu, dans les délégations départementales du MINEDUC. Personnes rencontrées : A.M.EBANDA : DPEN, Y.Yaya : directeur de l’enseignement primaire au MINEDUC, A.Ateba Ndoumou : ched de la cellule communication au MINEDUC, des instituteurs vacataires.

Entretien avec EBANDA, Albert Marc ; YAYA, Yacouba ; ATEBA NDOUMOU, Alphonse

Fuente

Entrevista ; Informe

Etats généraux de l'éducation, 1995/04 (CAMEROUN); -Stratégies sectorielles de l'éducation 1999-2001

menciones legales