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Femmes et pouvoir dans les systèmes traditionnels et familiaux au Cameroun

Sonia BEN MESSAOUD, Suzanne KALA LOBE

09 / 2000

Quelle est la place des femmes dans les institutions de pouvoir dits traditionnels et comment cette organisation traditionnelle se répercute dans les systèmes matrimoniaux donc dans la famille et quelle incidence cela a sur le statut des femmes ? Donc qu’est-ce que la tradition, les pratiques culturelles, l’organisation de la famille ont produit comme image de la femme, comme conscience sociale de la femme, comme rôle de la femme et en quoi tout ce système aide ou n’aide pas les femmes à être des citoyennes responsables pour participer de manière solidaire à la construction de ce monde que nous voulons responsable et citoyen.

Qu’est-ce que le pouvoir, au fond ? Une entité abstraite, organisée ? Des institutions ? Le pouvoir n’est-il pas une relation entre deux corps sociaux organisés ? Cette relation n’est-elle pas construite autour de la fonction et du rôle de chacun ? Qu’est-ce qui fait que les femmes revendiquent un pouvoir et qu’est-ce qui fait qu’à contrario, elles en sont exclues ?

Pour finir, premièrement, malgré l’enseignement, malgré cet héritage lourd, il y a une tradition de femmes résistantes, qui explique en partie pourquoi vous êtes ci. Deuxièmement, il y a des espaces de construction identitaire, malgré ces systèmes familiaux, qui pour le moment ne nous réservent que des rôles secondaires. Troisièmement, que les hommes le veuillent ou pas, que nous le voulions ou pas, l’humanité progresse, remettant en cause nos traditions, construisant de nouvelles valeurs, expliquant pourquoi aujourd’hui on peut vivre ensemble, on peut construire un monde responsable, en ayant pleinement conscience des limites que nous imposent, tradition, valeurs culturelles et systèmes familiaux.

Que se passe t-il dans les systèmes traditionnels ? J’entends, moi, par tradition ce qui fait les rituels d’un peuple, ses usages et ses coutumes justifiés par les fonctions sociales et politiques que l’on donne aux uns et aux autres. Les traditions, de ce point de vue, ne peuvent pas être immuables. Elles évoluent nécessairement au fur et à mesure que les sociétés évoluent. Or, avec la colonisation, des pratiques culturelles ont été mises à l’index, considérées comme archaïques et se sont développées parallèlement par rapport à d’autres traditions, c’est-à-dire les traditions de ce mélange de cultures avec l’influence coloniale, mélange de cultures qui ne s’est pas fait sans mal, puisqu’il s’agissait d’abord de nous soumettre à la culture de l’autre. Du coup, on se retrouve dans une situation paradoxale culturellement quant il s’agit de définir ce qu’est la tradition. Nous, Africains, ne désignons par tradition que ce qui fut autrefois et dont il reste des traces, sans voir que les traditions ont évolué avec notre histoire. Les systèmes traditionnels deviennent donc, de ce point de vue, des éléments de conservation d’un patrimoine culturel, certes, mais qui contiennent dans leur essence, des éléments de soumission forcément, d’oppression nécessairement et de verticalité, puisque dans la tradition existait la monarchie.

Mais dans l’histoire, à partir de quand est-ce que les femmes africaines, les femmes de la civilisation Bantoue, eurent-elles comme statut de se soumettre à l’homme ? Puisque dans l’histoire de l’Afrique, les premières reines, les plus grandes reines ont été des reines Bantoues. Que l’on se rappelle de Béatrice du Congo_ Il y a bien eu des femmes qui ont dirigé et eu le pouvoir principal.

Nous voilà donc héritières de ces traditions contradictoires, avec une histoire qu’on a occulté, de laquelle on a sorti les femmes en quelque sorte de leur pouvoir matriarcal, pour les faire entrer dans une histoire traditionnelle où c’est le pouvoir patriarcal qui va faire la force, qui va donc les reléguer au second, dernier ou tierce. Les traditions, les pratiques culturelles sont ambivalentes puisqu’on ne retient d’elles que ce qui justifierait l’invasion de la monogamie chrétienne et l’asservissement de la femme à l’homme au nom de la Bible et d’autre part, de l’exégèse chrétien. Autrement dit, quand on veut examiner la place des femmes dans les systèmes traditionnels en défendant nos pratiques culturelles, on doit l’examiner forcément sous son angle critique, d’un requestionnement de la manière dont on a voulu reléguer les femmes et de la raison pour laquelle on veut les maintenir là-dedans.

Alors, est-ce que le système traditionnel est à bannir, est-ce qu’il faut fuir et refuser notre culture? Bien sûr que non, mais il faut que nous l’assumions dans la tradition avec ses dynamiques et ses contradictions. Au fur et à mesure de l’évolution des traditions, entendues comme pratiques culturelles, les femmes occupent aujourd’hui une place fondamentale, pas seulement sur le plan moral de l’éducation des enfants, mais aussi sur le plan économique. Elles sont soutien de famille, de manière décisive. Pourquoi ? Parce que la crise a relégué les hommes dans des statuts de dépendance relative et qu’elle a fait d’eux des assistés. Et cette situation a nécessairement produit une évolution des mentalités.

Dans les contradictions que vivent les familles, il y a d’un côté, la fonction de mère, celle qui doit élever les enfants, former le foyer, préserver les traditions, et de l’autre côté, la vie réelle où les identités sociales des hommes sont éclatées parce qu’ils n’ont plus les mêmes repères sociaux. De quelle famille dois-je parler aujourd’hui ? De celle imaginaire ou véhiculée par un discours, ou bien de celle réelle que vous connaissez avec les contradictions que vit chaque individu dans le couple ou dans la famille. Je vais parler de cette famille réelle avec ses contradictions, parce que malheureusement il existe encore des textes législatifs, des droits entre guillemets qui emprisonnent la femme dans une situation qui ne correspond plus à sa réalité sociale et à sa capacité d’initiative à l’intérieur de la famille. Du statut de la femme et de l’homme dans les systèmes traditionnels, il s’agit de requestionner le rôle et le pouvoir de chacun à l’intérieur de ces institutions, mais aussi de dire quelle est la fonction de ces institutions dans une société et s’interroger sur le fait de savoir si la famille reste encore l’unité de production principale de jadis. Est-ce que c’est elle qui est productrice de valeurs sociales, économiques et politiques ? En d’autres termes, est-ce que la famille reste toujours cette famille que nous croyons, cette famille que nous voulons défendre et est-ce qu’elle n’est pas elle-même menacée, non pas dans son essence et dans sa fonction à cause de toutes les évolutions que nous vivons.

Malgré cet héritage lourd, premièrement il y a une tradition de femmes résistantes. Deuxièmement, il y a des espaces de construction identitaire, malgré ces systèmes familiaux, qui pour le moment ne nous réservent que des rôles secondaires. Troisièmement, que les hommes le veuillent ou pas, que nous le voulions ou pas, l’humanité progresse, remettant en cause nos traditions, construisant de nouvelles valeurs, expliquant pourquoi aujourd’hui on peut vivre ensemble, on peut construire un monde responsable, en ayant pleinement conscience des limites que nous imposent, tradition, valeurs culturelles et systèmes familiaux.

Palabras claves

acceso de las mujeres a la política, legitimidad del poder, historia, poder tradicional, mujer, tradición, sociedad tradicional


, Camerún

Comentarios

D’après le débat qui suit cette communication, les femmes doivent : individuellement et collectivement se battre contre toute forme d’oppression ; être plus nombreuses dans les sphères traditionnelles de prise de décision (clans, notables_); véhiculer d’autres valeurs dans l’éducation et les façons de voir ; être solidaires des femmes qui résistent. Il faut aussi réviser les textes juridiques discriminatoires existants et promouvoir les femmes dans les instances de décision.

Notas

Intervention lors du débat sur le thème ’ femme et pouvoir en Afrique ’ organisé au Cameroun lors du passage de la Caravane Africaine pour la paix et la solidarité (2000).

Fuente

Actas de coloquio, encuentro, seminario,…

CIMLK (Centre International Martin Luther King) - BP 14 Bujumbera, Burundi - Tel 00 257 242057 - Fax 257 241500 - cimlk@cbinf.com -

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