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Le beau sexe faible

Les images du corps féminin entre cosmétique et santé

Robert DOUILLET

04 / 2001

Témoignage de la "tradition" masculine de la mise en image de l’objet du désir, l’image de la femme est beaucoup plus fréquemment exposée dans nos cultures que celle de l’homme. Mais plus que la femme elle-même, c’est son corps qui est exposé. Et ce corps est double : d’un coté c’est l’enveloppe, avec tous les corollaires de jeunesse et de beauté qui lui sont liés ; et de l’autre coté, c’est "la machine", le fonctionnel avec les corollaires de santé et ses potentiels de sexualité et de fécondité (ou de maladie et de stérilité).

Puisque l’image de la femme se confond avec celle de beauté dans les traditions culturelles occidentales, la femme a un devoir de beauté, qualité encore aujourd’hui nécessaire pour la réussite sentimentale, mais aussi professionnelle. C’est le mythe du prince et de la bergère qui perdure, la moins bien classée socialement pouvant, par sa seule beauté, accéder au premier rang de la société.

A ce devoir de beauté s’inscrit en parallèle un devoir de santé, la sienne, comme celle de ses proches : hygiène, alimentation, soins quotidiens relèvent de son domaine à l’intérieur de la famille.

La première partie de l’ouvrage traite des principales mise en image du corps féminin au travers des deux dimensions de la féminité culturelle que véhicule les notions de beau sexe et de sexe faible. La seconde partie de l’ouvrage explore la manière dont ces deux principes donnent lieu à des pratiques quotidiennes, aux techniques dont dispose la femme pour ses devoirs de beauté et de santé.

Pour rester belle, il existe un cortège de soins et d’illusions. Le cosmétique sain a pour but de soigner et possède des vertus d’innocuité et d’efficacité. Il permet à la femme d’établir une relation de maternage avec son propre corps "en toute confiance et en toute tendresse". A l’opposé, le fard ou "cosmétique malsain" est condamnable à la fois par la morale et par l’hygiène. C’est en effet une fraude de beauté, et toute utilisation excessive ne peut être que malsaine, empêchant la peau de respirer, ou la desséchant.

Pour rester en bonne santé, il existe deux techniques : l’une est basée sur un modèle de l’énergie, ou de "santé offensive" très bien représentée par "la belle athlète" en plein mouvement rapide et sûr (le stretching illustre bien la technique énergétique). L’autre se centre plutôt sur la notion d’équilibre (les publicités pour les eaux minérales en font très souvent mention), équilibre de surface (la peau), équilibre corporel profond (le corps lié à son environnement) et équilibre global intégrant celui de l’esprit ou du mental (voir le succès auprès des femmes de toutes les techniques apparentées au yoga).

Le troisième et dernier chapitre s’intéresse à la nature de l’identité corporelle féminine et à son fonctionnement, principalement dans sa spécificité biologique, c’est-à-dire sexuelle, maternelle mais aussi au travers de ses pathologies culturelles : hystérie, aux maux modernes liées à la sexualité et à l’alimentation... On parle de lait, d’eau, de roses (les petites filles naissent dans les roses), de sang, ou de sperme, liqueur admirable qui, en dehors de l’accession à la fécondité, participe à l’accomplissement physique de la femme. On quitte l’image, concept central des deux premiers chapitres pour le fonctionnel. Bien sûr, dans ce troisième chapitre, psychologie et sexualité féminine sont bien développées

Palabras claves

mujer, salud, psicología, sexualidad, desarrollo cultural


, Francia, Estados Unidos de América

Comentarios

N’est ce pas curieux qu’un représentant du sexe masculin écrive toute une thèse sur la femme (plus de 260 pages), alors que "par nature" il serait plutôt ignorant du sujet choisi ? Dans le contexte actuel d’une recherche de l’égalité des sexes, n’est-il pas, de plus, en train d’opérer une tentative de récupération d’un "terrain scientifique" spécifiquement féminin ?

Ces deux questions ont été souvent posées à Bruno Remaury, docteur en anthropologie sociale, tout au long des ses recherches menées en France et aux Etats Unis. L’auteur répond à ses "détracteurs" qu’il travaille beaucoup plus sur l’image de la femme dans la culture (ou sur les représentations que la (les) culture(s) propose(nt)) que sur la femme elle-même, et dénonce les "domaines réservés" dans les recherches sociologiques, refusant par exemple que la maternité ne soit étudiée que par des chercheurs femmes, ou que la sociologie de l’intégration en Amérique soit réservée aux chercheurs noirs.

Néanmoins, l’étude est réalisée par une personne du sexe masculin, ce qui permet une bonne prise de recul vis-à-vis du sujet exploité. Il analyse "l’autre", vu de l’extérieur, et le fait avec beaucoup de lucidité et en évitant toute idée préconçue. C’est véritablement les résultats d’un profond travail de recherche qui nous sont proposés : les passionnés de sociologie seront comblés, et les autres... pourront lire certains paragraphes en diagonale sans compromettre la compréhension globale des thèses défendues.

Bien sûr, le sujet aurait été très probablement traité de manière différente par un auteur du sexe féminin. En analysant la Femme, elle se serait analysée un peu elle-même. Les émotions seraient alors plus présentes et plus fortes, corrigeant alors le principal défaut du texte de Bruno Remaury.

Fuente

Libro

REMAURY Bruno, Le beau sexe faible, Grasset/Le Monde in. Collection Partage du savoir, 2000/01 (France), 264 p.

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