español   français   english   português

dph participa en la coredem
www.coredem.info

buscar
...
diálogos, propuestas, historias para una Ciudadanía Mundial

En Egypte, garantir le droit de l’habitant aux plus défavorisés

Le Centre africain des droits de l’habitant est une organisation non-gouvernementale créée par Tebi Mamal après un travail de plus de douze ans pour le respect des droits de l’homme.

Juliette LABRE

12 / 2001

L’organisation a longtemps fonctionné sur la base du bénévolat, pour finalement adopter un modèle d’institut. Aujourd’hui, les apports d’argent n’émanent plus seulement des personnes de l’organisation, mais de sociétés et d’organisations humanitaires partenaires. Le Centre travaille en faveur du droit de l’habitant. En effet, sur 64 millions d’Egyptiens, 11,5 millions vivent dans des squats, et plus de 1,5 million dans des bidonvilles ou des cimetières. Cette population a besoin d’aide, surtout depuis que le système du logement égyptien est privatisé. Ce principe de gestion amplifie les problèmes d’accès au logement et de qualité des habitations. De plus, très peu de lois réglementent ce domaine, et quand elles existent, elles sont plutôt en faveur des propriétaires que des locataires. Les cas d’expulsions sans justifications réelles ne sont donc pas rares. Dans ce contexte difficile, l’organisation tente d’aider les victimes, fait de l’information pour que les gens puissent prendre conscience de leur situation, apprend aux habitants à défendre leurs droits et intervient en cas de problèmes juridiques. Elle use aussi de son influence auprès du gouvernement pour l’instauration d’une loi en faveur des droits de l’habitant. Pour appuyer ses actions, l’organisation s’est associée au Réseau d’habitants d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. De cette association est né un nouveau réseau de coopération, créé en 2000 au Caire, qui agit à l’échelle locale et sur des points plus ponctuels, essayant de faire bénéficier de l’aide de l’organisation un maximum de personnes. En effet, cette dernière travaille fréquemment au cas par cas et s’adapte à toutes les situations rencontrées. A chaque cas correspond une démarche précise. Quand l’organisation est au courant d’une expulsion par la presse (qui sert de relais, d’aide et d’appui), elle envoie un groupe sur le terrain et mène une enquête. Elle se fait ainsi une idée de la situation et peut ensuite mettre en place une stratégie. Tout d’abord, en alertant la presse. Généralement, elle place devant leurs responsabilités les représentants de l’Etat au niveau local (les députés) et fait ainsi pression sur le Parlement. C’est un bon moyen pour montrer à l’Etat que ces agissements sont continuels. Ensuite, une action en justice est entamée. Pour mener ces actions, l’organisation utilise les outils juridiques à sa disposition. L’Etat égyptien a signé, sous la pression de l’ONG, une convention internationale sur l’habitat pour soutenir les plus démunis. Le contexte politique du pays ne permet cependant pas au gouvernement de voter des lois d’application, la multiplicité des partis politiques empêchant l’instauration d’une réelle majorité décisionnelle. Cet engagement de la part du gouvernement égyptien ne témoigne donc pas d’une réelle volonté de changement, mais davantage d’une urgence à trouver un terrain de conciliation avec l’ONG.

Dans sa démarche, le Centre africain des droits de l’habitant demande une participation importante des habitants eux-mêmes. Les victimes d’expulsion doivent agir. Ainsi, régulièrement, des manifestations ont lieu devant le ministère égyptien du Logement. Et l’organisation mène également des actions d’information, car il faut parfois devancer les agissements de l’Etat. Dans le cas de certains quartiers de la banlieue du Caire, qui doivent être rasés pour laisser place à une autre urbanisation, des rencontres avec les habitants sont organisées pour les informer de leurs droits. Par ailleurs, le Centre essaye de mener à bien une planification (construction, relogement) sur le moyen terme. Cette sorte de démocratie locale remplace ainsi la "démocratie bidon" menée par le gouvernement égyptien. Par défaut, la société civile tente de pallier les carences de l’Etat. Aujourd’hui, à force d’actions, de conciliations et de travail avec les autorités locales, l’ONG a trouvé du soutien auprès de certains députés. Elle entretient désormais de bonnes relations avec des personnalités du pays qui ont adhéré à la cause et avec le ministère du Logement. Elle a par ailleurs réussi à établir des rapports privilégiés avec le secrétaire au Logement des Nations unies, averti de l’avancement des situations par l’intermédiaire d’un rapporteur. Cependant, le travail du Centre est une prise de risque continuelle. Résoudre une affaire oblige ses membres à s’engager dans des actions aux limites de la loi et à utiliser un mode d’expression parfois dangereux. Le Centre n’est en effet toujours pas reconnu officiellement par l’Etat, ce qui limite ses actions à l’intérieur du pays. Son activité peut en outre être stoppée à tout moment sur simple décision du gouvernement, ce qui représente un lourd handicap à l’avancement de ses travaux. Malgré cela, chaque réussite relance l’espoir d’obtenir un changement dans la politique générale du pays.

Palabras claves

derecho a la vivienda, participación de los habitantes, ONG, lucha contra la marginación social, desalojo, Estado y sociedad civil


, Egipto

dosier

Exclusion et fragmentation urbaine

Comentarios

Pour Tebi Mamal, la création du Centre africain des droits de l’habitant a été l’occasion de rompre avec les associations pour lesquelles elle a travaillé pendant plus de douze ans, et dont les stratégies ne lui semblaient plus venir en aide à la société civile. Avec son organisation, elle s’attaque au problème difficile du logement alors qu’elle n’avait aucune expérience dans ce domaine. Et avec l’aide des coalitions internationales de l’habitat, elle est allée chercher ailleurs, dans d’autres pays en difficulté, de l’aide et des expériences pour apporter à l’Egypte les solutions les mieux adaptées. Aujourd’hui, Tebi Mamal apprend chaque jour et sait ne pas pouvoir avancer sans l’aide des victimes. La demande de la population est le premier outil pour agir localement et rebondir au niveau international.

Notas

Entretien avec Tebi Mamal

Fiche rédigée lors de l’Assemblée Mondiale des Citoyens de Lille, décembre 2001.

Entretien avec Tebi Mamal

Fuente

Entrevista

menciones legales