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Qu’y a-t-il derrière le mot "partenaires" ?

Six observations d’un cadre d’une association gambienne

Lamine FAYENKE, Benoît LECOMTE

06 / 1998

Lamine Fayenke, coordinateur de l’association paysanne YEF (Youth Environment Foundation) propose six observations :

1/ "Les aides sont différentes entre elles :

a) Celle d’un ministère, les fonds de l’Etat descendent à la base, mais la base ne participe pas à l’élaboration du projet. Ce système est inadapté.

b) L’aide des ONG ce n’est souvent pas clair : qui élabore ?

c) Dans une organisation paysanne, le paysan fait lui-même son programme. Le problème est qu’il doit correspondre à ce que veut financer le donateur. Le paysan défini ce qu’il veut faire, le donateur voit ce qu’il peut faire.

2/ Pour un partenariat durable, la confiance et le dialogue sont nécessaire entre les partenaires et les bénéficiaires. La personne doit être engagée et déterminée. Parfois, la confiance d’un partenaire se fait vis à vis d’une personne et pas vis à vis de l’association. Mais cette personne doit penser à la structure. Elle doit avoir des confrères (animateur et surperviseur). Il faut un transfert de confiance à un groupe, pas à une seule personne. Le but est de vivre en famille entre les partenaires et les bénéficiaires. Ensuite, il faut accepter ensemble les temps forts et les temps faibles. L’échec ne se répète pas forcément. Un projet qui a échoué peut finalement réussir. L’échec n’est pas la mort, l’échec est formateur. L’expérience permet de trouver des solutions. L’évaluation est un miroir qui permet de voir l’échec. Certains partenaires voient bien la formation par l’échec mais ils ne continuent pas là où cela a échoué !

Il faut toujours éviter la précipitation. Le partenaire doit essayer de comprendre les problèmes de l’association, quelles sont les causes des échecs. Ensuite, ensemble on doit faire comprendre aux bénéficiaires ces échecs. Le fait de donner de l’argent n’est pas suffisant, il doit y avoir un suivi technique sur des sujets divers. L’idéal est de faire un réseau entre les structures d’appui, les bénéficiaires et les ONG. Les organisations paysannes devraient être tenues au courant par les ONG de leurs diverses capacités d’appui.

3/ Il est essentiel de faire un programme de formation et d’accompagnement pour reprendre les fondements car le savoir-faire est nécessaire. Le partenaire doit être à côté de la personne, l’accompagner sur le terrain, ce qui permet une meilleure compréhension pour la formation. Il faut mettre le paysan en relation avec une institution de formation ou une structure d’appui. Le partenaire doit accompagner le bénéficiaire sous quatre "angles" : bénéficiaire, appui technique, conservateur, financeur. Cela permettra la professionnalisation du bénéficiaire qui, peut à peu, va devenir un financeur de micro-projets. Le service d’appui technique assure un transfert de l’expérience par la mise en pratique, ce qui limite les erreurs. La notion de "conservateur" signifie que le paysan garde, note tout ce qu’il apprend. C’est ce qui permet au bénéficiaire de progresser et de devenir à son tour financeur. Cette progression concerne l’ensemble de la structure et pas seulement une élite. Sinon, il y a coupure, ce qui arrive si les leaders ont refusé de partager leur savoir avec tous les membres pendant la première phase. Les leaders ont le savoir car ils ont de nombreux contacts. S’ils s’imposent comme patrons, il y a coupure. Les leaders partagent difficilement leur savoir car ils veulent conserver leurs privilèges.

4/ La justification financière doit être simple pour être comprise des gens. Le fait que les 3 différents bailleurs de YEF aient des modes de justification financière différente complique la vie des paysans, car cela nécessite un appui technique spécialisé. Le financement par tranche est positif. Il permet d’apprendre aux gens à gérer petit à petit l’argent.

5/ Les partenaires doivent accepter de financer le volet communication, car la communication et la sensibilisation c’est toute la relation avec la base. Les partenaires devraient prévoir un budget spécial pour la communication, dans tous les projets. Pour le moment, les partenaires l’acceptent difficilement. Or, s’il y a une mauvaise communication, les décisions sont mal appliquées.

6/ Le partenaire doit descendre à la base pour comprendre, être proche des gens. S’il ne peut pas venir sur le terrain, il faut qu’il donne sa confiance à une structure (intermédiaire) plus proche des OP. Mais sur ce point, les façons dont les partenaires et moi voyons les choses, sont parfois différentes. Par exemple, l’ONG américaine CRS (Catholic Relief Service) a "dépassé" le secrétariat pour aller voir directement sur les groupements. Les groupements ont alors plus de considération pour CRS que pour nous. Le secrétariat s’est fâché : "Allez sur le terrain d’accord, mais il ne faut pas écarter le secrétariat !" Le projet a été suspendu. Agro-Action, au contraire, est un exemple positif. Dès le départ, ils nous ont dit : "C’est votre projet". Nous avions une grande marge de manouvre. Pour l’audit financier et le consultant, nous avons fait nous-mêmes les termes de référence. Ils ont décidé de faire un nouveau programme de 3 ans. Il y a une autonomie réelle de YEF face à ce partenaire allemand".

Palabras claves

organización campesina, agencia financiadora, ONG del Norte, negociación, alianza, proyecto de desarrollo, montaje de proyecto


, Gambia, Brikama Town

Comentarios

Ces six observations de notre interlocuteur gambien sur le partenariat mettent le doigt sur le respect de l’initiative de l’organisation paysanne, la nécessité d’un suivi formateur, la simplicité des modes de justification financière ; la prise en charge par le donateur des dépenses de communication, la patience devant l’échec et la connaissance mutuelle. Bref, en Gambie, les progrès à faire par les acteurs intermédiaires du système d’aide semblent être bien les mêmes que dans les pays francophones voisins !!

Notas

Entretien de Lamine Fayenke par Benoît Lecomte, décembre 1997 à Brikama Town.

Les fiches DPH préparées par l’équipe du GRAD à partir d’interviews auprès de responsables d’organisations paysannes en zone sahélienne, sans cesse renouvelées depuis 1995, sont un instrument commode pour suivre la progression du monde rural de cette région.

Entretien avec FAYENKE, Lamine en décembre 1997 à Brikama Town

Fuente

Entrevista

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