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Le soja et la mort des peuples indigènes

Luc Vankrunkelsven

03 / 2005

Nous avons déjà évoqué précédemment le non respect des droits de l’homme dans le petit monde du soja. Il a également été constaté que la mortalité infantile parmi les peuples indigènes au Brésil était plus élevée que celle des autres groupes de population. Dans l’état du Mato Grosso do Sul, principalement, la situation est critique. Avec le Mato Grosso, c’est l’un des états du Centre-Ouest du Brésil où l’onde destructrice du soja s’abat de toutes parts.

Le DVD « L’or vert » de Articulação des Pays-Bas, démontre, de manière frappante, le rapport entre la progression des méga plantations de soja et l’expulsion de la population autochtone. Les images montrent les peuples contraints, qui vivent encore dans la forêt, mais la forêt est entourée de champs de soja. Des champs de soja qui contaminent les rivières dont les gens dépendent pour vivre.

De nombreux groupes ont tout simplement été expulsés par de grandes entreprises, souvent étrangères. Des personnes comme Dom Pedro Casaldáliga ont essayé, durant des années, de dénoncer cette situation au monde.

Le Mato Grosso do Sul

Tout comme des millions de personnes, au fil des 40 dernières années, qui ont fui la campagne pour s’entasser dans les favelas des grandes villes, les « Indiens » s’entassent également par milliers dans la « zone indigène ». Après l’Amazonas, le Mato Grosso do Sul (MS) enregistre le plus grand nombre de personnes de la population autochtone : près de 50 000, desquelles 27 000 des ethnies Guarani et Caiuá.

Ces deux groupes vivent à Dourados, où 11 000 personnes partagent 3,6 mille hectares. Si ce terrain était une zone utilisée pour la réforme agraire, seules 200 familles pourraient s’y installer ! Déracinés, sans terre pour survivre, il leur est impossible de subvenir à leurs besoins. Pour se nourrir, ils dépendent entièrement du bon vouloir du gouvernement d’état. Les chiffres sont inquiétants :

* Mortalité infantile :

  • mortalité infantile chez les indigènes du MS : 60,5 pour mille naissances ;

  • mortalité infantile chez les non indigènes au Brésil : 24,3 pour mille naissances ;

* Malnutrition :

  • chez les indigènes, 12 % des enfants sont sous-alimentés ;

  • chez les non indigènes au Brésil ce chiffre est à peine de 5,7 % ;

  • 15 % des enfants indigènes sont en dessous du poids normal.

FIAN (1), « l’amnistie International de la bonne alimentation »

En 2004, 15 enfants indigènes sont morts de faim dans les villages du Mato Grosso do Sul. Au début de l’année 2005, dès qu’un enfant mourrait à Dourados, cela faisait la Une des journaux nationaux. Le 11 janvier : un bébé de 8 mois ; le 8 février : un enfant de 3 ans et 11 mois ; le 19 février : un bébé de 6 mois et 15 jours ; le 24 février : un enfant de 1 an et 11 mois et un autre enfant de 1 an et 4 mois ; le 26 février : et encore un ; …, et encore une ;…

La chanson « Altijd iemands Kind » [Toujours le fils de quelqu’un] de Willem Vermandere (2) s’applique-t-elle également ici ?

Grâce au FIAN, la nouvelle s’est répandue dans le monde entier. Le mérite du FIAN ne réside pas seulement dans le fait qu’ils exigent pour chaque individu, pour chaque enfant, le droit à une alimentation appropriée. Le mouvement établit, aussi, un certain lien entre les morts et le drame actuel du soja.

Des enfants qui meurent entourés par un océan de protéines.

Un autre monde est-il possible ?

Par exemple, un monde dans lequel le soja serait utilisé pour la consommation de l’homme sans détruire les conditions de vie de peuples entiers ?

1 FIAN : sigle en anglais pour «FoodFirst Information and Action Network» [Réseau d’information et d’action pour le droit à se nourrir]. www.fianbrasil.org.br (en portugais); www.fian.org (en anglais); www.fian.be (en hollandais)
2 Willem Vermandere est un chanteur très populaire en Flandre, qui chante dans le dialecte de la région. Il a composé quelques chansons très émouvantes sur la 1re Guerre mondiale, qui a fait énormément de victimes dans sa région proche de la Mer du Nord. C’est dans ce contexte qu’il chante la tristesse des pères et des mères qui ont perdu leurs enfants : «Toujours le fils de quelqu’un».

Mots-clés

peuple autochtone, déplacement de population, soja, agriculture d’exportation, malnutrition, pauvreté


, Brésil

dossier

Des navires qui se croisent dans la nuit : une autre image du Soja

Notes

Ce texte est extrait du livre « Navios que se cruzam na calada da noite : soja sobre o oceano » de Luc Vankrunkelsven. Edité par Editora Grafica Popular - CEFURIA en 2006.

Il a été traduit du portugais par Elisabeth Teixeira.

Fetraf (Fédération des travailleurs de l’agriculture familiale) - Rua das Acácias, 318-D, Chapecó, SC, BRASIL 89814-230 - Telefone: 49-3329-3340/3329-8987 - Fax: 49-3329-3340 - Brésil - www.fetrafsul.org.br - fetrafsul (@) fetrafsul.org.br

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