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Organisation et problèmes de l’encadrement agricole en Syrie

Katia HALABI

01 / 1993

Le Ministère de l’Agriculture et de la Réforme agraire syrien comprend plusieurs départements, dont celui chargé du conseil aux agriculteurs. Dans chaque préfecture du pays le ministère est représenté par une Direction des affaires agricoles, dont dépend le Service agricole ("maslahet ziraï")des principales autres villes du département, qui lui-même coordonne l’activité des Unités de Conseil ("wahidé erchadiyé"), responsables de quelques villages. Ces dernières se composent en général de deux ingénieurs agronomes et de deux techniciens agricoles, de préférence spécialisés l’un dans les cultures, l’autre dans la conduite des animaux. Ces unités sont chargées d’assurer l’application du Plan de production agricole: elles surveillent le respect de l’assolement imposé par l’Etat et, lors des récoltes de betterave sucrière et de coton en particulier, délivrent des cartes de livraison, obligatoires pour vendre ces productions aux usines de transformation. Elles suivent les étapes de culture de parcelles témoins, qu’elles mettent en place chez des paysans pour prouver l’efficacité de telle technique qu’elles prônent, comme le dosage des engrais par exemple. Enfin, les paysans viennent leur demander conseil, le plus souvent pour les traitements phytosanitaires.

Lorsque l’un des ingénieurs agronomes est une femme, cela permet de transmettre des informations aux femmes des agriculteurs et leur donne la possibilité de s’exprimer sur les problèmes de l’exploitation, car elles n’assistent pas aux réunions de vulgarisation agricole ni aux discussions entre leur mari et les hommes de l’Unité de Conseil. Cependant les femmes ingénieurs agronomes restent trop peu nombreuses, et l’on est loin d’en trouver dans chacune de ces unités sur le terrain.

Voici les principaux problèmes dénoncés par les ingénieurs eux-mêmes:

* leur manque de moyens, de véhicules en particulier.

* la faiblesse de leurs salaires, qui oblige la grande majorité des fonctionnaires à avoir un deuxième emploi. Les ingénieurs agronomes font ainsi souvent du commerce de semences, engrais ou produits phytosanitaires parallèlement au marché étatique, ou vendent leurs compétences aux riches particuliers. Ce type de deuxième activité étant plus rémunérateur que les heures passées au service de l’Etat, cela explique en grande partie le manque d’ardeur au travail qui caractérise les administrations agricoles entre autres, quelques ingénieurs peu scrupuleux allant même jusqu’à éviter toute consultation pendant les heures de bureau pour se les faire payer au prix fort dans le privé.

Les Unités de Conseil, situées dans les villages mêmes dont elles s’occupent, semblent de fait plus efficaces à transmettre les directives du ministère et à vérifier leur application, qu’à aller dans les champs avec les paysans pour les conseiller: ce sont le plus souvent les agriculteurs qui se déplacent avec un échantillon pour faire diagnostiquer telle maladie de leur culture. Ils ont donc tendance à voir plutôt dans ces bureaux des unités de surveillance de leurs activités. Enfin, les rapports des ingénieurs tiennent plus du recueil de données quantitatives que de l’analyse des problèmes de terrain.

Mots-clés

agriculture, bureaucratie, Etat, diffusion des techniques, développement rural, économie planifiée, planification, transfert de connaissances, coopérative, circuit de distribution, intervention de l’Etat dans l’agriculture, femme, méthode pédagogique


, Syrie

Commentaire

F.Metral, dans son article intitulé "Ingénieurs et agronomes dans un projet de développement rural en Syrie"(Etudes sur le monde arabe n°4, 1990), confirme que les fonctions des ingénieurs agronomes "se résument souvent, en effet, à des tâches administratives: répercuter le plan de production sur les différentes sections agricoles en fonction des particularités, le répartir ensuite entre les coopératives et enfin entre les exploitants; délivrer les bons et coups de tampon nécessaires au paysan pour l’exécution du Plan (achat de semences, d’engrais, d’insecticides, obtention de prêts de campagne...), enregistrer les productions, organiser la commercialisation et le transport des produits de monopole vers les entrepôts ou usines de l’Etat; justifier dans des rapports les écarts par rapport aux prévisions...La planification multiplie ainsi statistiques et tâches comptables. Le rôle officiel des ingénieurs auprès des paysans se limite à des contrôles, et à des séances de formation où l’on transmet les directives ministérielles."

Notes

La présente fiche résulte d’une synthèse d’entretiens avec des paysans et des ingénieurs agronomes. Voir aussi "Etude des systèmes agraires et des systèmes de production de la région de Mhardé, nord-ouest de Hama, Syrie", mémoire soutenu par K.HALABI (diplôme d’ingénieur agronome, 1993).

Source

Entretien

HALABI, Katia, 1992/06/00

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